Les prêtres ne sont plus payés par le Conseil général de la Guyane, sauf l'évêque

Emmanuel Lafont, l'évêque de Guyane (au centre), lors d'une manifestation contre le mariage pour tous à Cayenne le 12 janvier 2013
Le Conseil général de la Guyane l'avait annoncé. Vingt-six prêtres catholiques n'ont effectivement pas été payés par la collectivité locale ce mois de mai. Curieusement, l'évêque Emmanuel Lafont a lui reçu son salaire. L'église a déposé un référé devant le Tribunal administratif. 
Vingt-six prêtres catholiques de Guyane n'ont pas été rémunérés par le conseil général de Guyane fin mai. L'évêque de Guyane a donc décidé de contester cette décision de la collectivité territoriale. "Nous allons voir comment le droit peut nous aider, le conseil général est un exécutif et non un législatif", a déclaré l'évêque de Guyane, ajoutant qu'"un référé" avait été déposé auprès du tribunal administratif (TA) de Cayenne.
 

L'évêque toujours payé

Jusqu'à présent, la collectivité départementale rémunérait sur deniers publics un quota de 26 prêtres (sur les 33 que compte la Guyane) ainsi que l'évêque du diocèse de Cayenne. Mais fin mai, le président du conseil général, Alain Tien-Liong (sympathisant du MDES, un parti indépendantiste de Guyane) a affirmé vouloir "corriger une anomalie de l'Histoire, car il n'était pas normal que le conseil général, donc le contribuable, prenne en charge la rémunération des prêtres". Le 14 mai, le conseil général a donc ainsi transmis au diocèse, selon l'évêque, Mgr Emmanuel Lafont, "26 arrêtés et un bordereau d'envoi" consacrant la fin de cette rémunération. Curieusement, l'évêque, salarié de catégorie A, continue lui d'être rémunéré par le conseil général. Les 26 prêtres étaient, eux, des salariés de catégorie B de la collectivité.


Ordonnance de 1828

Le seul texte fondamental régissant les cultes en Guyane s'avère être l'ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828. La loi sur la séparation de l'Église et de l'Etat de 1905 n'y est pas appliquée contrairement à la Martinique, la Guadeloupe et La Réunion. En 2002, lors de sa campagne présidentielle, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, avait déclaré que la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat devait être appliquée aussi en Guyane. Le président du Conseil général de la Guyane a donc mis en pratique, douze ans après, cette déclaration de campagne.