Le chikungunya, une réelle menace pour la France hexagonale

Une brochure d'information et de sensibilisation au virus du chikungunya distribuée en Martinique
L'Institut de veille sanitaire a publié cette semaine les deniers chiffres du chikungunya dans l'Hexagone.  Depuis mai 2014, 174 cas ont été identifiés dans 18 départements de l'Hexagone, ou la présence du moustique tigre a été constatée.
Alors que les Antilles et la Guyane connaissent une épidémie de chikungunya sans précédent, avec quelques 117 000 cas recensés à ce jour, cette dernière a des répercussions sur l'Hexagone.
 

Une situation totalement inédite

Bien sûr les chiffres, et la situation, ne sont pas comparables. On a ainsi  475 cas confirmés entre le 1er novembre 2013 et le 27 juin 2014 dans l'Hexagone. Rien que depuis le mois de mai 2014, 174 cas ont été identifiés.
Une surveillance a été mise en place dans les départements du sud de la France depuis 2006.  "En année habituelle, nous avons entre 2 et 6 cas par ans",  souligne Harold Noel, médecin épidémiologiste au département des maladies infectieuses de l'Institut de veille sanitaire (InVS).  "Nous sommes vraiment dans une situation particulièrement intense, et totalement inédite".
 

18 départements colonisés par le moustique-tigre

En  2005, alors que l'ile de la Réunion connaissait une très forte épidémie de chikungunya,  des répercussions se faisaient déjà sentir sur l'Hexagone, "mais cela n'avait pas l'ampleur qu'on a actuellement", poursuit Harold Noel.  L'explication est simple: en 2005, le moustique aedes albopictus (ou moustique tigre), vecteur du virus, ne se trouvait que dans un seul département de la France Hexagonale. Neuf ans plus tard, pas moins de 18 départements sont colonisés.

Département et année d'implantation du vecteur Aedes albopictus en France métropolitaine, 2004-2014

  
Autre particularité propre à cette année 2014 qui explique son retentissement dans l'Hexagone: "l'épidémie aux Antilles coïncide avec la période ou le moustique tigre  est actif dans l'Hexagone, à savoir entre le 30 novembre et le 1er mai".
 

 
La crainte du cas "autochtone'

Cette année aucun cas de transmission locale, dit "autochtone",  n'a été constaté sur le territoire hexagonal. Il s'agit pour l'instant de personnes ayant contracté le virus lors d'un déplacement et qui l'ont déclaré à leur retour. Mais l'existence de cas autochtones est "un risque avéré", souligne Harold Noël. Il faudrait pour se faire qu'un moustique-tigre de l'Hexagone pique une personne contaminée et transmette ensuite le virus à une seconde personne.  
 
Une hypothèse loin d'être farfelue. "C'est arrivé en 2010 à Fréjus rappelle Harold Noël, une petite fille qui revenait d'Inde était contaminée, deux personnes ont par la suite contracté le virus. Cela s'est aussi vu en Italie en 2007, 300 cas "autochtones" de chikungunya ont ensuite été confirmés ".
 
 

Un plan ministériel

Les autorités sanitaires sont  donc particulièrement vigilantes sur la question en cette période estivale, qui est aussi l'occasion de nombreux départs de vacanciers vers les îles de la Guadeloupe et de la Martinique.

Un plan ministériel anti dissémination du chikungunya et de la dengue a par ailleurs été mis en place depuis 2006. Ce dernier comprend une surveillance épidémiologique, l'information auprès des médecins et des  laboratoires d'analyses médicales, la surveillance du moustique tigre,  et la mise en place de moyens de démoustication.