Christian Nestor, grand reporter à Outre-mer 1ere (rédaction de Malakoff) est décédé mardi matin à Boulogne dans les Hauts-de-Seine. Il avait également travaillé pour RFO Guyane et RFO Guadeloupe. C’est un ami cher qui s’en est allé.
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Ainsi nous perdons un ami. Un ami plein de sourire et de vie.
Car Christian aimait la vie, elle qui ne lui avait pas donné un destin facile. Il était curieux de tout, voulait toujours vous emmener dans des endroits impossibles au milieu de nulle part, au bout de la nuit pour un diner, une fête…
Et après c'était le limbé du retour, la nostalgie, la « saudade »... « Touloulou a soif ! » Il adorait imiter la voix, déformée, des touloulous derrière leurs masques réclamant à boire dans la touffeur de la nuit !
S’il aimait l’ambiance Touloulou, il adorait la salsa et le merengue. A Paris, combien de fois s’est-il envolé sur les pistes de danses de l'Escale, de la Chapelle des lombards, du Sabor a mi à Bastille, ou ensuite de la Pachanga à Montparnasse ?
Comme beaucoup de jeunes afro-caribéens sans cesse en quête de reconnaissance, il soutenait dans les années 1970, les mouvements des droits civiques aux Etats-Unis. Il adorait aussi les grands jazzmen, la soul, Curtis Mayfield, James Brown... Et aussi le son roots et tranquille façon Company Segundo. C’était un romantique, un fougueux, doublé d'un redoutable imitateur.
Un sacré bourlingueur, un « vagabond » comme il disait de lui-même, l'air goguenard, un enfant du monde. Il avait fait tous les métiers. Il avait été DJ à Londres, avait vécu en Guadeloupe, en Guyane qu’il adorait, mais aussi à Paris. Il était passé par New York, Haïti, Wallis et Futuna pour le passage à l'an 2000, l’Allemagne pour la Coupe du monde 2006, à Bruxelles… de reportages en reportages.
Et toujours cette course, cette lutte pour obtenir sa titularisation, à la force du poignet. Et dieu sait s’il en a porté des caméras, avalé des kilomètres… Un jour en Guadeloupe il avait craqué. Michel Meyer, alors directeur de la station, l’avait entendu et lui avait obtenu son affectation définitive à Paris.
Christian Nestor aimait la vie. Je me souviens d’un reportage que nous avions fait dans le pays d’Auge au milieu des années 1990 non loin du Havre. Il avait tenu à ce que l’on prenne le temps de s’arrêter dans une petite auberge pour y déguster une escalope de veau à la normande. Toute une époque.
La vie lui aura joué de drôles de tours à lui, si facétieux, qui ne disait jamais son âge par coquetterie. D'ailleurs, parmi ceux qui le connaissaient, combien pourront donner l'âge de cet éternel jeune homme ? Et pourtant comme tant d’Antillais qui vivent en "France" il a dû beaucoup lutter pour "y arriver". Mais lui a dû se battre non pas comme deux mais comme comme quatre.
Il avait un léger bégaiement qui faisait son charme mais qui lui a rendu la vie difficile. Beau gosse, il avait la sensibilité à fleur de peau. C'était un sportif qui admirait Arthur Ashe. Et puis un jour le trou. Il s’était perdu. Et peu à peu s’éloignait de nous, sans le savoir. Sa dernière facétie, il nous l’a réservée en passant, en septembre dernier, comme un ultime pied de nez, sur… TF1, dans un reportage consacré à la maladie d’Alzheimer où il disait, diminué, qu'il attendait "la vie, la vraie vie".
Et jusqu’au bout Christian a lutté, en "nèg' vayan", jusqu’au bout du petit matin, il a lutté avec son sourire tendre.
Ce soir j'ai une pensée toute particulière pour sa compagne Isabelle, pour sa mère Madame Libert, pour ses deux enfants et leur mère à qui j'adresse toutes mes condoléances.
10h30 : cérémonie religieuse – Eglise Sainte-Thérèse, 2 rue de l’Eglise, 92100 Boulogne-Billancourt
11h30 : inhumation au nouveau cimetière de Boulogne – rue Pierre Grenier, 92100 Boulogne-Billancourt.
Car Christian aimait la vie, elle qui ne lui avait pas donné un destin facile. Il était curieux de tout, voulait toujours vous emmener dans des endroits impossibles au milieu de nulle part, au bout de la nuit pour un diner, une fête…
Un romantique, un redoutable imitateur
Christian était prêt à prendre son billet d’avion pour descendre – pour un week-end !!! - de Paris à Cayenne en Guyane pour danser chez Nana et Polina. "Il faut que tu viennes avec moi, il faut que tu vois ça, que tu vives ça, ça n’a rien à voir avec le zouk !" disait-il, lui qui était de parents guadeloupéens.Et après c'était le limbé du retour, la nostalgie, la « saudade »... « Touloulou a soif ! » Il adorait imiter la voix, déformée, des touloulous derrière leurs masques réclamant à boire dans la touffeur de la nuit !
S’il aimait l’ambiance Touloulou, il adorait la salsa et le merengue. A Paris, combien de fois s’est-il envolé sur les pistes de danses de l'Escale, de la Chapelle des lombards, du Sabor a mi à Bastille, ou ensuite de la Pachanga à Montparnasse ?
Comme beaucoup de jeunes afro-caribéens sans cesse en quête de reconnaissance, il soutenait dans les années 1970, les mouvements des droits civiques aux Etats-Unis. Il adorait aussi les grands jazzmen, la soul, Curtis Mayfield, James Brown... Et aussi le son roots et tranquille façon Company Segundo. C’était un romantique, un fougueux, doublé d'un redoutable imitateur.
Fous rires
Et lorsqu’il imitait Paul Henri Scholl, journaliste télé, avec qui il avait travaillé à RFO Guadeloupe, c’était des fous rires pendant des minutes entières ! Et quelles parties de rire avec ses amis Gérard Moulinet, Alex Uri, Ronan Ponnet, Christian Lagauche, Patrice Gonfier et les autres !Un sacré bourlingueur, un « vagabond » comme il disait de lui-même, l'air goguenard, un enfant du monde. Il avait fait tous les métiers. Il avait été DJ à Londres, avait vécu en Guadeloupe, en Guyane qu’il adorait, mais aussi à Paris. Il était passé par New York, Haïti, Wallis et Futuna pour le passage à l'an 2000, l’Allemagne pour la Coupe du monde 2006, à Bruxelles… de reportages en reportages.
Et toujours cette course, cette lutte pour obtenir sa titularisation, à la force du poignet. Et dieu sait s’il en a porté des caméras, avalé des kilomètres… Un jour en Guadeloupe il avait craqué. Michel Meyer, alors directeur de la station, l’avait entendu et lui avait obtenu son affectation définitive à Paris.
Christian Nestor aimait la vie. Je me souviens d’un reportage que nous avions fait dans le pays d’Auge au milieu des années 1990 non loin du Havre. Il avait tenu à ce que l’on prenne le temps de s’arrêter dans une petite auberge pour y déguster une escalope de veau à la normande. Toute une époque.
« La vi la red »
Il appréciait aussi le bon vin : Givry, Fleurie, Côte-Rôtie. C’était un amateur éclairé. "On est bien là mon pote, ça va, hein, hein, Luis, hein, on est bien !" et il partait dans un grand éclat de rire avant de se reprendre avec sérieux sur un ton grave : "Non tu sais, la vi la red fo ou pwofité !"La vie lui aura joué de drôles de tours à lui, si facétieux, qui ne disait jamais son âge par coquetterie. D'ailleurs, parmi ceux qui le connaissaient, combien pourront donner l'âge de cet éternel jeune homme ? Et pourtant comme tant d’Antillais qui vivent en "France" il a dû beaucoup lutter pour "y arriver". Mais lui a dû se battre non pas comme deux mais comme comme quatre.
Il avait un léger bégaiement qui faisait son charme mais qui lui a rendu la vie difficile. Beau gosse, il avait la sensibilité à fleur de peau. C'était un sportif qui admirait Arthur Ashe. Et puis un jour le trou. Il s’était perdu. Et peu à peu s’éloignait de nous, sans le savoir. Sa dernière facétie, il nous l’a réservée en passant, en septembre dernier, comme un ultime pied de nez, sur… TF1, dans un reportage consacré à la maladie d’Alzheimer où il disait, diminué, qu'il attendait "la vie, la vraie vie".
Et jusqu’au bout Christian a lutté, en "nèg' vayan", jusqu’au bout du petit matin, il a lutté avec son sourire tendre.
Ce soir j'ai une pensée toute particulière pour sa compagne Isabelle, pour sa mère Madame Libert, pour ses deux enfants et leur mère à qui j'adresse toutes mes condoléances.
Les obsèques de Christian Nestor auront lieu le 13 août à Boulogne-Billancourt
9h30 : départ du funérarium des Batignolles – 10 rue Pierre Rebière, 75017 Paris10h30 : cérémonie religieuse – Eglise Sainte-Thérèse, 2 rue de l’Eglise, 92100 Boulogne-Billancourt
11h30 : inhumation au nouveau cimetière de Boulogne – rue Pierre Grenier, 92100 Boulogne-Billancourt.