La Route de l’esclavage célèbre son projet de 20 ans

Statue de la maison des esclaves à Gorée au Sénégal
Cela fait 20 ans que l’Unesco a lancé son projet de route de l’esclavage. Une cérémonie d’anniversaire a été organisée aujourd’hui au siège de l’organisation des Nations Unis à Paris à laquelle participait Christiane Taubira. La1ere dresse le bilan de ce projet.
L’Unesco ne rime pas toujours avec clarté et efficacité. On peut d’ailleurs s’étonner que la route de l’esclavage, ce projet vieux de vingt ans n’en soit toujours qu’au stade de… projet. L’intention est pourtant fort louable. Lancé en 1994, à Ouidah au Bénin, le projet de la route de l’esclavage vise à "aborder à l’échelle mondiale les moyens de promouvoir le rapprochement des peuples à travers le patrimoine commun issu de cette tragédie". Et oui, l’Unesco a beaucoup de mal à parler "concret". Mais pour rien au monde, Christiane Taubira qui est à l'origine de la loi de 2001 reconnaissant l'esclavage comme crime contre l'humanité n'aurait manqué cet anniversaire.

 

De belles réussites

Malgré tout, au fil des pages du dossier concocté par l’Unesco pour célébrer cet anniversaire, on s’aperçoit que le projet de la route de l’esclavage peut se targuer de belles réussites. Ces actions peuvent parfois paraître utopiques, mais elles montrent aussi qu’avec de la solidarité, on peut peut-être renverser des montagnes.
 

Coalition de villes contre le racisme

Depuis 2004, l’Unesco a mis en place une "Coalition internationale des villes contre le racisme". En tout, 500 villes partenaires se sont engagées à renforcer leur combat contre le racisme et la discrimination. En Europe, c’est à Nuremberg en Allemagne qu’a été lancé le projet.
Vue de Nuremberg

Recherche sur l’esclavage

Dès 1994, un vaste programme de recherche a été impulsé sur l’histoire de l’esclavage. Des centaines de rencontres d’experts, de colloques se sont tenus à travers le monde. Parmi les réseaux les plus actifs, l'Unesco cite : "marronnage et formes de résistance", "cultures bantu dans les Amériques et la Caraïbes" et enfin "lieux de mémoire de l’esclavage dans les Caraïbes".
Installation en hommage au marronnage au Musée de Villèle à La Réunion

Education

L’Unesco a fait en sorte depuis 1994 que l’histoire de l’esclavage soit mieux connue. C’est pourquoi un réseau d’écoles associées qui compte 9 900 établissements dans 180 pays.
Elèves dans une école primaire de Majunga à Mayotte

Des prix et des musées

Des prix ont été attribués dans le cadre de la route de l’esclavage. Exemple en 2004, le prix Unesco-Toussaint Louverture a été remis à deux écrivains, le Brésilien Abdias do Nascimiento et le Martiniquais Aimé Césaire. Le projet a également encouragé la création de musées sur l’esclavage et établi des partenariats avec certains d’entre eux : le musée international de l’esclavage de Liverpool (Royaume-Uni), le musée national de l’esclavage (Cuba), le musée de l’esclavage de Doha (Qatar).
Aimé Césaire, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe et mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France.

Sauvegarder des archives

Selon l’Unesco, le projet "mémoire du monde" est opérationnel dans 11 pays d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes (Barbade, Cuba, Haïti…). Il a permis d’améliorer les conditions de conservation de documents originaux liées à l’histoire de l’esclavage.
 

Inscription au patrimoine de l’Unesco

Depuis 2004, de nombreux lieux en liaison avec l’histoire de l’esclavage ont obtenu le fameux label de l’Unesco. Le port de la lune à Bordeaux a ainsi été classé en 2007. De nombreux sites à la Barbade, à Cuba, sur l’île Maurice, au Suriname, à Saint-Kitts-et-Nevis font partie de ce patrimoine mondial de l’Unesco et rappellent ainsi l’histoire tragique de la traite. L’île de La Réunion a vu en 2009 le Maloya, la musique des esclaves reconnue comme patrimoine de l’humanité.
Le maloya inscrit au patrimoine de l'humanité en 2009