Rames Guyane J-2 : les bateaux sont prêts, la tension monte à Dakar

L’Ardéchois Olivier Montiel satisfait après la réussite de la mise à l’eau de son bateau, le 16 octobre à Dakar.
A deux jours du départ de la traversée de l’Atlantique à la rame, de Dakar à Kourou, les embarcations ont été mises à l’eau. Ultimes réglages. La course est peaufinée dans les moindres détails. Les dix-huit concurrents s’apprêtent à vivre une aventure unique. Reportage à Dakar. 
Sur la plage du Monaco, quasi déserte ce jeudi matin en face de l’hôtel éponyme, de drôles d’embarcations côtoient celles des quelques pêcheurs de la baie de Hann, à Dakar. Les étranges monotypes de 8 mètres de long appartiennent aux concurrents de Rames Guyane, la course transatlantique à la rame sans escale ni assistance, entre Dakar au Sénégal et Kourou en Guyane (plus précisément les îles du Salut). Samedi 18 octobre à 10h locales (midi en France), dix-huit skippers, dont deux femmes, s’élanceront dans l’océan pour un périple d’une quarantaine de jours au minimum.
 
A 48 heures du départ, les bateaux ont été mis à l’eau après les derniers préparatifs techniques à terre. Les skippers ont passé cependant une bonne partie de leur matinée et de l’après-midi du jeudi sur leurs embarcations. Malgré plusieurs mois, sinon d’années, de préparation, il reste toujours quelque chose à faire, un infime détail à régler concernant la coque, les rames, le banc, les systèmes de communication, les provisions, la trousse à pharmacie, etc.
 

Gestion physique et mentale 

Et puis il y a la question de la gestion physique et mentale de l’épreuve. Olivier Bernard, à la fois organisateur et concurrent, regrette un peu son manque de préparation physique pour sa première participation comme rameur : « A cause de ma double casquette, j’ai consacré 80 à 90 % de mon temps à l’organisation. Tout en travaillant durant la préparation car nous sommes tous des amateurs. Mais on vit aussi la course dans sa tête. J’ai également une expérience de sponsor impliqué dans les précédentes éditions. Après c’est la réalité de l’océan qui nous dira si on était bien prêts. »
 
« A titre personnel je n’ai aucune appréhension car je suis encore dans ma peau d’organisateur », poursuit tout sourire le résident de Rémire-Montjoly en Guyane. « J’ai vraiment l’impression de préparer le bateau de quelqu’un d’autre » dit-il en parlant de son embarcation. « Donc aucun stress à ce niveau. Je n’ai pas le temps de stresser en tant que skipper. Sauf celui d’oublier quelque chose. L’avenir dira par la suite ».
 

REGARDEZ : Olivier Bernard, organisateur et aussi concurrent, évoque les incertitudes concernant la météo à venir pour Rames Guyane 2014


Pascal Tesniere, qui en est à sa deuxième participation (il avait quitté la course sur abandon en 2012), explique : « Physiquement, face à un océan les forces sont tellement inégales qu’il n’y a pas de préparation spécifique. L’idée c’est de partir en bonne santé en ayant renforcé les muscles de tonicité comme les abdominaux, les dorsaux, etc. » « Mais personnellement je considère que devant l’océan ce n’est pas une affaire de gros bras, mais la capacité mentale à affronter la solitude et la peur », précise ce pratiquant du triathlon. « Pour cela il faut travailler l’aspect psychologique. Dans mon cas j’imagine un peu mes journées : un temps pour la rame, un temps pour le repos, un temps pour l’alimentation et l’hydratation. Un temps aussi pour l’observation et l’écoute, car on est quand même des privilégiés de vivre cette aventure. »
 

REGARDEZ : Pascal Tesniere confie ses impressions à deux jours du départ de Rames Guyane


L’organisation et le PC de course
Rames Guyane, c’est toute une organisation. Si on ne voit que les skippers, partie émergée dans l’océan, il y a aussi les membres du bureau, les bateaux accompagnateurs, les techniciens, les partenaires, les routeurs, les responsables médias, et des coordinateurs, qui rendent l'événement possible. Actuellement installé à l’hôtel du Monaco à Dakar, le PC course de Rames Guyane 2014 se posera la semaine prochaine à Cayenne en Guyane. Il sera libre d’accès pour tous ceux qui voudront suivre l’évolution de la traversée. Le PC sera opérationnel jusqu’à l’arrivée du dernier concurrent.
Le PC course est crucial car il est en contact permanent avec les skippers, les appelant régulièrement pour voir comment ils vont, quel est leur état d’esprit. Ils retranscrivent certaines de ces données pour la presse. Concernant les bateaux suiveurs, il y en a deux. Un catamaran (le « Guyavoile ») et un monocoque (le « Léon II »), qui seront présents tout au long de la course, prêts à intervenir en cas d’urgence seulement, ou sur demande des autorités maritimes, la course étant prévue sans aucune assistance.

COMPRENDRE la mission du maxi catamaran Guyavoile, expliqué par son responsable, Frédéric Lachot


Au PC de la course, à l'hôtel Monaco à Dakar, Bérénice (à gauche, chargée de la coordination de l’événement) et Damien (technicien web et vidéo pour l’organisation) travaillent à flux tendu, mais avec le sourire.