Il reste moins de 24 heures avant le grand départ de la Transatlantique à la rame, sans escale ni assistance, de Dakar vers les îles du Salut au large de Kourou. Les bateaux sont fins prêts. Mais qu’est ce qui se passe dans la tête des rameurs ? Eléments de réponse en direct de Dakar.
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Jour J-1 avant le départ de Rames Guyane 2014. Sur la plage du Monaco, dans la baie de Hann à Dakar, on retient son souffle avant le plongeon dans la grande traversée de l’Atlantique, 4700 km en solitaire. Les embarcations sont prêtes. Coup de stress pour Olivier Ducap du Team Guyane (voir vidéo en bas de l'article), avec un problème de dernière minute au niveau de son dessalinisateur, mais tout est rentré dans l’ordre aujourd’hui.
Jeudi soir, une petite cérémonie a eu lieu en l’honneur de tous les participants et de l’organisation de Rames Guyane, avec la présence des partenaires, des sponsors, et de représentants des autorités sénégalaises. Une occasion de décompresser pour les 18 skippers, après les préparations intensives des jours précédents. L’occasion aussi de rencontrer certains d’entre eux et de recueillir leurs dernières impressions avant la course.
Salomé Castillo : « Je souhaite représenter les femmes et la Guyane »
« Je souhaitais relever ce défi et aussi représenter les femmes et la Guyane. De nombreuses femmes m’ont soutenue et m’ont en quelque sorte proclamée représentante de la Guyane. J’en suis très fière. Comme éducatrice spécialisée je travaille également avec des jeunes au quotidien, qui ont des perspectives d’avenir compliquées. Ma course pourra peut-être les aider à imaginer autre chose et leur montrer que quand on veut on peut. Actuellement avant le départ il y a de l’adrénaline. Le défi physique me plaît. Je crois que l’appréhension viendra après. »
Patrice Maciel : « Je mesure l’importance d’être sur la route des esclaves »
« Je suis un peu tendu mais serein. C’est l’aboutissement d’un long projet pour une compétition de très haut niveau. J’ai tout le soutien de ma famille et c’est important psychologiquement avant de s’embarquer dans une aventure pareille. C’est fondamental. Ma compagne a adhéré au projet d’emblée, et d’ailleurs je crois qu’elle est plus confiante que moi. J’ai eu quelques petits soucis physiques, et je crains un peu les blessures. Mais en tant qu’éducateur sportif je pense que je serai capable de gérer ces problèmes ».
« En tant qu’homme, je mesure l’importance de traverser d’un continent à l’autre, d’être sur la route des esclaves, de certains de mes ancêtres. Car comme franco-brésilien, j’ai des origines africaine, européenne et amérindienne. C’est l’occasion aussi pour moi de parler de la menace qui pèse sur la forêt amazonienne, de la situation des peuples autochtones qui ne sont toujours pas écoutés, alors que ce sont eux les gardiens de la forêt. De la menace également qui plane sur les océans et sur tout notre environnement. Ce sont des causes que je souhaite porter. »
Jean-Pierre Lasalarié : « La compétition est aussi une aventure spirituelle »
« Lors de ma première participation, j’avais passé environ 45 jours en mer. Dans la course, il faut arriver à réaliser un mariage avec l’océan. C’est ce que j’aime. A partir d’un moment, le temps ne compte plus de toute façon. Personnellement, ça ne me dérange pas de me retrouver seul. Ce sont des moments où l’on peut faire le point. En mer, ce n’est pas que de l’eau à perte de vue. On peut contempler le spectacle de la nature, la faune marine, des levers et couchers de soleil magnifiques, les étoiles… Je pense que la compétition est aussi une aventure spirituelle où chacun va trouver quelque chose qu’il recherche profondément en lui ».
« J’ai eu des appréhensions mais pas vraiment peur. La mer ne vous prend pas en traître. Elle donne des signes d’avertissements, et une tempête ne vient pas en cinq secondes. Ma plus grande crainte ce sont en fait les cargos qui passent à grande vitesse, aux côtés desquels on est juste des coquilles de noix. Mais cette fois on est équipé d’appareils sophistiqués qui nous permettent de nous détecter réciproquement et rapidement. D’ailleurs paradoxalement le plus difficile ce sont les aspects techniques de la préparation du bateau : la mise aux normes, les petits détails car nous n’avons pas droit à une assistance et devons réparer nous-mêmes les avaries. Il faut être à la fois électricien, plombier, bref bricoleur en tout genre. Il faut penser à tout, jusqu’au petit briquet pour le gaz et aux fusibles ».
« Concernant ma préparation physique, je fais beaucoup d’aviron. Je rame 42 km par semaine. Pour cette compétition j’ai ajouté de la course à pied, car pour ce type d’épreuve, dans le coup d’aviron, la puissance des jambes est plus importante que celle des bras. C’est elle qui finit le mouvement. J’ai fait aussi beaucoup de voile et cela fait longtemps que je voulais faire ce type de traversée. Cette course combine un peu aviron et voile car elle requiert des notions de navigation, l’utilisation du vent et celle des rames. »
3 anciens participants à la course
4 éditions de Rames Guyane incluant celle-ci
6 Guyanais ou résidents en Guyane forment le Team Guyane
30 ans pour la benjamine (Salomé Castillo)
67 ans pour le doyen de l’épreuve (Gérard Marie)
2600 milles nautiques à parcourir, soit 4700 kilomètres
8 mètres : la longueur du bateau
1 tonne, son poids moyen
2 années environ de préparation pour les skippers
2 bateaux suiveurs : le maxi catamaran « Guyavoile » et un monocoque, le « Léon II »
18 octobre : départ de la course
Jeudi soir, une petite cérémonie a eu lieu en l’honneur de tous les participants et de l’organisation de Rames Guyane, avec la présence des partenaires, des sponsors, et de représentants des autorités sénégalaises. Une occasion de décompresser pour les 18 skippers, après les préparations intensives des jours précédents. L’occasion aussi de rencontrer certains d’entre eux et de recueillir leurs dernières impressions avant la course.
Salomé Castillo : « Je souhaite représenter les femmes et la Guyane »
(Première participation, bateau Le Brigandin. Réside à Kourou en Guyane. Agée de 30 ans, c’est la benjamine des skippers).
« Je souhaitais relever ce défi et aussi représenter les femmes et la Guyane. De nombreuses femmes m’ont soutenue et m’ont en quelque sorte proclamée représentante de la Guyane. J’en suis très fière. Comme éducatrice spécialisée je travaille également avec des jeunes au quotidien, qui ont des perspectives d’avenir compliquées. Ma course pourra peut-être les aider à imaginer autre chose et leur montrer que quand on veut on peut. Actuellement avant le départ il y a de l’adrénaline. Le défi physique me plaît. Je crois que l’appréhension viendra après. »Patrice Maciel : « Je mesure l’importance d’être sur la route des esclaves »
(Première participation, bateau Marine et Loisirs. Réside à Kourou en Guyane).
« Je suis un peu tendu mais serein. C’est l’aboutissement d’un long projet pour une compétition de très haut niveau. J’ai tout le soutien de ma famille et c’est important psychologiquement avant de s’embarquer dans une aventure pareille. C’est fondamental. Ma compagne a adhéré au projet d’emblée, et d’ailleurs je crois qu’elle est plus confiante que moi. J’ai eu quelques petits soucis physiques, et je crains un peu les blessures. Mais en tant qu’éducateur sportif je pense que je serai capable de gérer ces problèmes ».« En tant qu’homme, je mesure l’importance de traverser d’un continent à l’autre, d’être sur la route des esclaves, de certains de mes ancêtres. Car comme franco-brésilien, j’ai des origines africaine, européenne et amérindienne. C’est l’occasion aussi pour moi de parler de la menace qui pèse sur la forêt amazonienne, de la situation des peuples autochtones qui ne sont toujours pas écoutés, alors que ce sont eux les gardiens de la forêt. De la menace également qui plane sur les océans et sur tout notre environnement. Ce sont des causes que je souhaite porter. »
Jean-Pierre Lasalarié : « La compétition est aussi une aventure spirituelle »
(Deuxième participation, bateau COGIT. Réside à Rémire-Montjoly en Guyane. Il était arrivé en deuxième position lors de Rames Guyane 2006 mais n’avait pas été classé pour avoir manqué la bouée d’arrivée de quelques centaines de mètres).
« Lors de ma première participation, j’avais passé environ 45 jours en mer. Dans la course, il faut arriver à réaliser un mariage avec l’océan. C’est ce que j’aime. A partir d’un moment, le temps ne compte plus de toute façon. Personnellement, ça ne me dérange pas de me retrouver seul. Ce sont des moments où l’on peut faire le point. En mer, ce n’est pas que de l’eau à perte de vue. On peut contempler le spectacle de la nature, la faune marine, des levers et couchers de soleil magnifiques, les étoiles… Je pense que la compétition est aussi une aventure spirituelle où chacun va trouver quelque chose qu’il recherche profondément en lui ».« J’ai eu des appréhensions mais pas vraiment peur. La mer ne vous prend pas en traître. Elle donne des signes d’avertissements, et une tempête ne vient pas en cinq secondes. Ma plus grande crainte ce sont en fait les cargos qui passent à grande vitesse, aux côtés desquels on est juste des coquilles de noix. Mais cette fois on est équipé d’appareils sophistiqués qui nous permettent de nous détecter réciproquement et rapidement. D’ailleurs paradoxalement le plus difficile ce sont les aspects techniques de la préparation du bateau : la mise aux normes, les petits détails car nous n’avons pas droit à une assistance et devons réparer nous-mêmes les avaries. Il faut être à la fois électricien, plombier, bref bricoleur en tout genre. Il faut penser à tout, jusqu’au petit briquet pour le gaz et aux fusibles ».
Richard Perret : « Cela fait longtemps que je voulais faire ce type de traversée »
(Première participation, bateau Kutsch. Réside à Soisy-sur-Seine dans l’Essonne. Cet architecte de 65 ans est un sportif accompli, bien qu’ayant subi l’ablation d’un rein).
« Concernant ma préparation physique, je fais beaucoup d’aviron. Je rame 42 km par semaine. Pour cette compétition j’ai ajouté de la course à pied, car pour ce type d’épreuve, dans le coup d’aviron, la puissance des jambes est plus importante que celle des bras. C’est elle qui finit le mouvement. J’ai fait aussi beaucoup de voile et cela fait longtemps que je voulais faire ce type de traversée. Cette course combine un peu aviron et voile car elle requiert des notions de navigation, l’utilisation du vent et celle des rames. »RAMES GUYANE 2014 en chiffres
18 concurrents (16 hommes, 2 femmes)3 anciens participants à la course
4 éditions de Rames Guyane incluant celle-ci
6 Guyanais ou résidents en Guyane forment le Team Guyane
30 ans pour la benjamine (Salomé Castillo)
67 ans pour le doyen de l’épreuve (Gérard Marie)
2600 milles nautiques à parcourir, soit 4700 kilomètres
8 mètres : la longueur du bateau
1 tonne, son poids moyen
2 années environ de préparation pour les skippers
2 bateaux suiveurs : le maxi catamaran « Guyavoile » et un monocoque, le « Léon II »
18 octobre : départ de la course