Calédonien, russe ou canadien, le cours du nickel pique du nez

Alex Harrison journaliste au Metal Bulletin de Londres.
L'offre abondante de nickel peine à trouver acheteur. Un effet du cumul des incertitudes entourant l'économie chinoise elle-même et de celles relatives au risque déflationniste en Europe. 
Le temps est à la pluie, le vent froid souffle dans les rues de la City devant le siège du LME, la bourse mondiale des matières premières. À Londres, et ce n'est pas l'effet du vent, la tonne de nickel s'accroche avec peine aux 15.000 dollars. La baisse des cours du métal n'en paraît pas moins évidente. "Après l'envolée des cours de plus de 50 % entre le début d'année et la mi-mai, c'est un retour à la case départ, avec un plafond enfoncé et un cours à 14.400 dollars lundi matin" souligne Alex Harrison du Métal Bulletin.

Les pronostics les plus optimistes pour 2015 sont donc remis en cause. Jim Lennon, l'ex gourou de la City devra sans doute revoir ses prévisions étrangement euphoriques, autour de 30.000 dollars ! Comme l'indiquait en revanche Didier Julienne, l'expert français des matières premières, la baisse est simplement logique, car les entrepôts du LME sont remplis de nickel, les stocks ont encore progressé de 20.000 tonnes depuis le début du mois, et la demande en métal des usines sidérurgiques de l'inox n'est pas forte.

Douche écossaise 

L'un des premiers fonds de pension mondial, Fidelity, a maintenu sa recommandation attentiste sur les matières premières qui ont été "à la peine sur le mois écoulé". Ni le rythme de croissance sur lequel évolue désormais l'économie américaine, ni même l'effet devise caractérisé par un renforcement du dollar, n'ont donc permis au nickel de maintenir sa progression. Plus généralement, quelque peu délaissé par les investisseurs, le LME de Londres a surtout pâti des craintes entourant la zone euro, la Chine et les économies émergentes. Pour le nickel, "Beaucoup sur le marché ne s'attendaient pas à ce qu'on voie de tels bas prix après l'introduction en début d'année de l'embargo sur les exportations de minerais en Indonésie", ont indiqué les analystes du courtier Triland Metals. C'est la douche écossaise pour le "métal du diable" et surtout pour les producteurs de nickel.