Il y a un an jour pour jour, Francis Collomp s’évade après avoir passé onze mois au Nigéria, aux mains des islamistes d’Ansaru. Depuis, l’ex-otage a retrouvé ses proches à La Réunion, et travaille désormais à Paris. Il nous raconte comment il a repris le cours de sa vie.
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La1ere.fr : Qu’est-ce que vous retenez de cette année de liberté retrouvée ? Francis Collomp : Pour l’instant, ce sont surtout les ennuis de santé. A mon retour en France, mes pieds étaient rouges et gonflés, j’avais développé une maladie dermatologique qu’il a fallu traiter. Et puis il y a trois mois, mon médecin à La Réunion a détecté des anomalies dans mes bilans sanguins, on a d’abord pensé au pire, une hémochromatose. On me parlait de six mois à vivre, j’ai pris un sacré coup sur la tête, j’en oubliais presque ce qui m’était arrivé. Comment accepter que j’avais échappé à Ansaru pour mourir d’une maladie du foie ? Finalement, des résultats approfondis m’ont rassuré, c’était bien moins grave. Avec une hygiène de vie rigoureuse et des traitements, mon foie peut tenir. En onze mois de détention, je n’ai eu que des pâtes et du riz à manger, j’ai perdu 38 kg, j’en ai repris vingt à mon retour en France, mon organisme a été malmené par ces variations de poids.
Vous aviez une vie de baroudeur avant votre enlèvement, est-ce que les voyages vous manquent ?
Ah oui beaucoup ! Je ne suis plus complètement libre, je ne peux pas aller partout. En Afrique par exemple, c’est impossible. J’avais trouvé un contrat en Algérie, mais hors de question pour moi d’aller là-bas. Alors oui, c’est frustrant. J’ai visité 26 pays dans ma vie, mais je compte quand même continuer et peut-être aller davantage vers l’Asie maintenant. De toute façon, je n’ai pas l’intention de m’arrêter de travailler, je ne veux pas de la retraite, je veux continuer jusqu’à au moins 75 ans si j’en ai la santé.
Vous écrivez un livre sur votre prise d’otage, la captivité et votre évasion. Pourquoi est-il important pour vous de raconter cette histoire ?
J’avais surtout envie d’écrire pour témoigner. C’est important de raconter comment tenir le coup en captivité. Les gens s’apercevront que je me suis occupé dans ma cellule, que j’ai essayé de ne pas penser que la mort était tous les jours très proche. Je me suis toujours battu. Si on peut transmettre ça pour les gens qui vont dans des pays dangereux et qui sont se font prendre, eh bien tant mieux.
Les prises d’otage ne s’arrêteront pas, au contraire. Les occidentaux sont devenus des cibles dans de nombreux pays. Si mon récit – un jour – peut permettre à quelques personnes de survivre enfermées entre quatre murs, alors je serai heureux.
Je veux aussi expliquer à qui on a affaire pour qu’on lutte contre ces gens-là. Parce que ce n’est pas normal que - même en France ! - ces islamistes envoient des gamines au djihad, pas normal qu’ils continuent à couper des têtes. Tout ça est illogique, amoral, il faut lutter contre ça.
Ecoutez ci-dessous l'interview intégrale de Francis Collomp.