"L'inscription du Gwoka au patrimoine de l'UNESCO est un hommage rendu aux ancêtres"

Max Diakok, danseur et chorégraphe guadeloupéen, donne des cours de Gwoka à Paris.
Après le Maloya réunionnais en 2009, voici que le Gwoka de la Guadeloupe a été inscrit ce mercredi au patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Réaction du danseur professionnel et chorégraphe de la Compagnie Boukousou, Max Diakok. D'origine guadeloupéenne, il est un fervent défenseur du Gwoka.

Que représente pour vous cette inscription du Gwoka au patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO ?

Max Diakok : Pour moi, c’est un hommage rendu aux ancêtres qui malheureusement n’ont pas été sous les feux des projecteurs et qui pourtant le méritaient. Ces ancêtres qui ont œuvré pour le Gwoka, qui ont permis son émergence et même sa survie au moment où beaucoup dénigraient cette danse et cette musique. Pendant l’esclavage, le Gwoka était interdit, jusque dans les années 60, il était méprisé. Certains parlaient de "Biten Anèg" qui veut dire "truc de voyous, de nègres" en créole. Alors pour moi, cette inscription au patrimoine mondial c’est un hommage posthume à tous ces maîtres qui ont continué à faire vivre le Gwoka, à le jouer, à le danser, à y croire malgré les obstacles. Mes pensées sont pour eux. 
 


Qu’est-ce que cette inscription au patrimoine de l’humanité peut apporter au Gwoka, selon vous ?

Il y déjà beaucoup de choses qui sont faites pour améliorer la visibilité du Gwoka et on sent que cet ensemble de danse et de musique intéresse de plus en plus de monde et pas seulement des Antillais. Dans les cours de danse que je donne à Paris, il y a beaucoup de métropolitains qui viennent pratiquer le Gwoka. Je vais aussi dans les écoles de St Denis à la rencontre des élèves. Le Gwoka s’ouvre davantage aujourd’hui encore.

Le travail des artistes, des musiciens, des danseurs, des chorégraphes autour du Gwoka est essentiel pour le faire vivre








Cette inscription je la considère comme un plus. Le travail des artistes, des musiciens, des danseurs, des chorégraphes autour du Gwoka est essentiel pour le faire vivre, et cette reconnaissance par l’UNESCO est un plus pour notre visibilité. J’espère d’ailleurs qu’elle puisse nous apporter davantage de moyens, de collaborations avec d’autres artistes, pour continuer à promouvoir le Gwoka.
 

Est-ce qu’avec cette inscription, vous avez le sentiment que le Gwoka devient immortel ?

Non, car je sais qu’il l’est ! Avant le Gwoka était vu comme un phénomène mineur, un ensemble de danses et de musiques pratiquées par des marginaux, des petites communautés d’Antillais, mais ce n’est plus le cas. Le Gwoka a ses lettres de noblesse, c’est la musique traditionnelle de la Guadeloupe, et on va tout faire pour qu’elle aille encore plus loin, qu’elle séduise encore plus de monde et qu’elle soit encore plus visible.