Importatrice de nickel calédonien, la métallurgie italienne de l'inox cherche sa voie

Le site industriel de la société ILVA à Tarente en Italie, importe du nickel calédonien.
SLN ou VALE fournissent la métallurgie italienne de l'inox à grands renforts de containers de nickel importés de Nouvelle-Calédonie. Mais en Italie, le secteur métallurgique est en pleine restructuration. La fermeture de ces usines serait une mauvaise nouvelle pour les producteurs calédoniens.
Les deux principales usines italiennes utilisent du nickel calédonien, mais aussi russe ou canadien. Jointe par téléphone, la représentante de la filiale du groupe Eramet-SLN en  Italie, à Trezzano Sul Naviglio près de Milan, se refuse à tout commentaire. D'autant plus qu'un nouveau concurrent, agressif et compétitif, est apparu sur le marché italien du nickel.  

La multinationale hollandaise Cunico commercialise la production de ses mines de nickel et de ses usines. Et elles sont en Europe, dans une "zone grise" où les contraintes environnementales restent modestes... Les sites de NewCoFerronickeli et de Feni se trouvent au Kosovo et en Macédoine. Elles produisent un ferronickel sans carbone ce qui permet de l'intégrer plus loin dans la production d'acier inoxydable.
 

L'acier inoxydable "made in Italia" en pleine restructuration

Les cheminées de l’usine ILVA, à Tarente, dans les Pouilles, sont visibles à des dizaines de kilomètres. Un tiers de l'acier inoxydable italien est produit ici. Le minerai de fer utilisé pour produire l'acier est stocké dans des boxes de ciment, à l'air libre. Les façades des bâtiments sont teintées d'une couleur rouge. Dans ce décor mouvant, la noria des camions apportent les containers de nickel calédoniens, macédoniens ou russes.
 
De la fusion, réalisée dans les fours électriques, sortent les précieuses bobines d'acier inoxydable. Le site industriel fait travailler, directement ou indirectement, 20 000 personnes. L'usine d'ILVA ou encore celle de TERNI au nord de Rome, vont mal. Elles sont en pleine restructuration. Le complexe sidérurgique d'ILVA est menacé par des pertes qui se montent à 60 ou 80 millions d'euros par mois. 
 
Deux ans après sa mise sous séquestre "pour désastre environnemental",  l'aciérie de Tarente est confrontée à un coût de remise aux normes anti-pollution de 1,8 milliard d'euros. Plus globalement, le gouvernement italien étudierait une solution d'ensemble pour le secteur métallurgique. L'aciérie de TERNI, qui appartient à l'allemand Thyssen Krupp, serait elle aussi concernée. Le gouvernement de Matteo Renzi refuse d'évoquer une "nationalisation de l'inox" mais il lui faut trouver les arguments qui permettraient d'obtenir le feu vert de Bruxelles. Pour les producteurs calédoniens de nickel, la fermeture des usines italiennes serait une mauvaise nouvelle : la perte de deux clients européens.
 

Les maitres de forges ont deux fers au feu

Confronté à la crise et à la concurrence mondiale, le gouvernement italien est à la recherche d'une solution nationale pour sauver ces deux usines historiques. Il a donné son feu vert au fonds stratégique italien (FSI) pour favoriser sa participation au capital d'une nouvelle société métallurgique, aux côtés de l'opérateur italien Arvedi
 
Ce maître de forges fait partie de la vieille garde des aciéristes italiens. Assumant une apparente contradiction, il entend sauver la métallurgie italienne tout en investissant en Chine, dans la construction d'une grande usine. Une nouvelle unité de production d'acier inoxydable est en construction à Rizhao, le grand port chinois du nickel. A 500 kilomètres au nord de Shanghaï et à 800 kilomètres à l'ouest de l'usine calédonienne de Gwangyang en Corée du sud, l'usine métallurgique de Rizhao sera un nouveau concurrent et de taille pour les vieilles usines de la péninsule italienne.