Guyane : le président du Conseil général décrète la mise à la retraite de l'évêque de Cayenne

Le président du Conseil général de Guyane, Alain Tien-Liong, a pris un arrêté mettant à la retraite d'office au 1er janvier l'évêque de Cayenne, Mgr Emmanuel Lafont.
Cette information du site local Guyaweb a été confirmée à l'AFP par l'évêque, qui trouve cette décision "plutôt cocasse" mais "pas réglementaire".
        
Il s'agit d'un épisode supplémentaire dans le feuilleton du différend qui perdure depuis plus de six mois entre le clergé catholique local et le Conseil général, une collectivité qui rémunère les prêtres depuis la départementalisation de 1946.
        

26 arrêtés annulés 

Le 30 avril dernier, le président du Conseil général avait mis fin par 26 arrêtés à la rétribution de 26 prêtres à partir du 1er mai 2014. Saisi par la mission du clergé catholique de Guyane et les 26 intéressés, le tribunal administratif de Cayenne a donné tort à M. Tien-Liong en référé le 16 juin et au fond le 29 décembre, en annulant les 26 arrêtés.
        
Le tribunal a considéré lundi dans sa décision que "la rétribution des membres du clergé catholique continue à relever des dépenses obligatoires du département de la Guyane" et que le président du Conseil général n'avait pas "compétence" pour les "supprimer unilatéralement".
        
Contrairement à la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion, la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État n'a jamais été étendue à la Guyane. La loi de 1946 érigeant en département ces colonies a entraîné le paiement des membres du clergé sur le budget du département. L'évêque est un salarié de catégorie A, les prêtres sont payés sur l'indice d'un agent de catégorie B.
        

"Prendre de la hauteur"

Interrogé sur les motivations de l'arrêté (daté de "fin novembre") qui le met à la retraite, Mgr Laffont, 69 ans, a déclaré : "M. Tien-Liong s'est rendu compte que j'avais plus de 65 ans. C'est ce que mentionne l'arrêté".
 
"Cet arrêté est manifestement irrégulier car les membres du clergé ne sont pas considérés comme des fonctionnaires. Mais Mgr Laffont ne veut pas aller devant le tribunal pour son cas personnel. Il souhaite prendre de la hauteur, son esprit est à la conciliation. De l'autre côté en revanche, on a eu affaire à des gens qui n'ont jamais souhaité une solution à l'amiable", a déclaré à l'AFP l'avocat du clergé catholique, Jérôme Gay.
        
Sur le fond, l'évêque n'est pas opposé à une sortie progressive de ce système de rémunération du clergé catholique de Guyane: "J'espère une négociation, tranquillement, en prenant le temps, pour mettre fin à ce système (..) Mais pas comme ça, par un oukase", souligne-t-il.
        
Ni M. Tien-Liong ni son avocat n'ont  donné suite aux sollicitations de l'AFP.