Les Comores, archipel tropical au passé politique agité, ont voté dimanche dans le calme au premier tour des législatives, un scrutin susceptible de déboucher sur une cohabitation si le candidat populiste musulman Ahmed Abdallah Sambi emporte la majorité.
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"La tendance qui se dessine donne Juwa (le parti de M. Sambi) en tête", indiquait dimanche soir à l'Agence France Presse le ministère de l'Intérieur des Comores. .
"Cela s'est généralement bien passé", a précisé Ismael Saadi, chef de l'observatoire comorien des élections, dont l'Organisation international de la Francophonie (OIF) a financé les 300 observateurs. Selon lui, la participation a atteint 60 à 70%, et le parti sambiste Juwa ("Soleil") emporterait l'assemblée régionale de l'île de Moroni, "et apparemment aussi celle d'Anjouan".
"Cela s'est généralement bien passé", a précisé Ismael Saadi, chef de l'observatoire comorien des élections, dont l'Organisation international de la Francophonie (OIF) a financé les 300 observateurs. Selon lui, la participation a atteint 60 à 70%, et le parti sambiste Juwa ("Soleil") emporterait l'assemblée régionale de l'île de Moroni, "et apparemment aussi celle d'Anjouan".
Quelque 718 bureaux de votes étaient répartis dans l'archipel qui compte trois îles, la quatrième étant le département de Mayotte, conservé par la France à l'indépendance en 1975.
Sambi : objectif présidentlelle 2016
Sambi, l'homme au turban vert, surnommé par des électeurs le "chiite" parce qu'il a fait une partie de ses études en Iran, a déjà été président de 2006 à 2011. Natif d'Anjouan, il cherche à revenir au pouvoir lors de la présidentielle de 2016. Ses détracteurs l'accusent de jouer avec le feu dans un pays qui a connu plusieurs crises séparatistes que la rotation de chaque île à la présidence a permis d'apaiser.
"Il va complètement à l'envers de toutes les valeurs d'unité nationale et d'attachement à la Constitution", a accusé le vice-président et tout-puissant ministre des Finances Mohamed Ali Soilihi, qui pourrait se présenter contre lui au poste de président. L'esprit de la Constitution prévoit selon lui que le prochain président soit un natif de Grande Comore. M. Soilihi s'est aussi inquiété de la majorité parlementaire dont il héritera à l'issue du second tour du 22 février.
"Si nous avons une majorité hostile à la politique de l'exécutif, on aura du mal à terminer le mandat dans des conditions normales", a-t-il lancé.
Des recours ?
Les résultats officiels sont attendus pour mardi ou mercredi, mais des recours ne sont pas à exclure. La Cour constitutionnelle aura neuf jours pour les examiner avant de prononcer les résultats définitifs.
Des élections coûteuses
Baromètre avant la présidentielle de l'an prochain, le vote s'est déroulé dans une ambiance dominicale villageoise joyeuse, bénéficiant de l'organisation la plus coûteuse de l'histoire des Comores. Partout, les inscrits, en sari pour les femmes et en djellaba pour les hommes, coiffés du traditionnel kofia (un bonnet rond), devaient d'abord repérer leur nom ou leur photo d'identité sur les listes affichées sur le mur extérieur de leur bureau.
Les électeurs devaient voter deux fois. Après avoir coché un bulletin pour choisir leur député, ils devaient élire leur conseiller à l'assemblée insulaire. Le 22 février, ils choisiront aussi leurs conseillers municipaux, élus pour la première fois au suffrage universel. "Tout le monde a les yeux rivés sur 2016, même nous", soulignait Moussine Barwane, enseignant encarté au parti Mouroua mais dont le frère est n°2 de l'ex-président Sambi.
Une histoire tumultueuse
Micro-Etat, les Comores n'en revêtent pas moins une importance stratégique dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Dépourvu de grandes infrastructures touristiques contrairement à l'île Maurice ou aux Seychelles, l'archipel a un passé sulfureux et a servi d'abri à des actions commando et à du trafic d'armes, et son nom reste associé à celui du mercenaire français Bob Denard.
Quarante ans après l'indépendance, la démocratie reste fragile et la population est lasse d'une classe politique corrompue. La pauvreté, aggravée par la pression démographique (près de cinq enfants par femme), est atténuée par l'argent des émigrés, nombreux en France (200.000 à 300.000) ou à Madagascar. Le paludisme a reculé, mais le niveau scolaire baisse aussi. Le pays est aujourd'hui à l'aube de possibles découvertes pétrolières offshore.
Il a connu 20 coups d'Etat ou tentatives depuis l'indépendance en 1975, qui ont freiné le développement et fragilisé l'unité nationale et les institutions étatiques. La dernière tentative remonte à 2013. Un procès s'est ouvert dont le verdict est attendu samedi prochain.