Louis-Georges Tin, président du CRAN : "Nous travaillons à une coalition des Noirs du monde"

Le président du CRAN, le Martiniquais Louis-Georges Tin, lors de son entretien à La1ere.fr en janvier 2015.
Dans un entretien vidéo à La1ere.fr, le président du Conseil représentatif des associations noires de France, Louis-Georges Tin, revient sur les attentats terroristes du 11 janvier, les questions d’intégration, de citoyenneté et la problématique des réparations liées à l’esclavage.
Né en 1974 en Martinique, Louis-Georges Tin est l’un des cofondateurs du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) en novembre 2005, dont il est actuellement président. Il est également le fondateur, la même année, de la Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie. Agrégé et docteur ès lettres, il est actuellement maître de conférences à l’université d'Orléans.
 
Louis-Georges Tin travaille notamment sur les questions de diversité, de parité, de discriminations, et milite pour des réparations liées à l’esclavage. Parmi d’autres actions, au nom du CRAN, il a assigné en justice l'État français et la Caisse des dépôts et consignations en mai 2013, pour demander la restitution de la rançon imposée à Haïti pour son indépendance.
 
Louis-Georges Tin est également l’auteur de nombreux ouvrages sur les identités sexuelles et l’homophobie (dont « L'Invention de la culture hétérosexuelle », aux éditions Autrement en 2008), et milite pour une dépénalisation universelle de l'homosexualité. Il a aussi publié « De l'esclavage aux réparations : comment faire face aux crimes de l'histoire », paru aux éditions Stock en avril 2013.
 

REGARDEZ l’interview de Louis-Georges Tin


Extraits
« Il serait temps de faire ce que l’on avait décidé de faire après les émeutes de 2005. C'est-à-dire reconstruire une vraie politique sociale dans ce pays, lutter contre l’exclusion, contre les ghettos, contre la ségrégation et l’apartheid dont M. Valls a parlé. Mais si on avait tiré en 2005 les leçons des émeutes, on aurait peut-être évité les attaques terroristes que nous avons connues en ce début d’année. »
 
« Il ne faut pas verser dans l’hypernationalisme vers lequel on se dirige aujourd’hui. Je n’ai rien contre les symboles de la République, mais je crois que ce n’est pas à coups de symboles que l’on mène une politique. En matière de programmes scolaires, il faut que chacun se sente intégré. Par exemple l’histoire coloniale n’est pratiquement pas enseignée. Lorsque les gens sentent qu’on parle d’eux, ils ne sont pas contre l’école puisqu’elle leur apprend leur histoire.
Il y a aussi l’économie. Un plan Marshall dans les banlieues, tout le monde en parle mais personne ne le fait, le logement, l’emploi… il y a un sous-investissement dans les quartiers les plus pauvres, et quand ces quartiers sont laissés dans l’exclusion, on ne fait que faciliter le travail des djihadistes et de leurs recruteurs.
 »
 
« Au CRAN nous avons pensé qu’il fallait raisonner en termes internationaux. C’est pour cela que des membres du CRAN qui appartiennent à plusieurs cultures doivent s’inscrire dans le champ des échanges d’aujourd’hui. Nous avons un certain nombre de CRAN qui seront lancés tout au long de l’année, au Gabon, au Sénégal et dans d’autres pays. Nous sommes en train de travailler sur cette coalition des Noirs du monde. En Europe nous travaillons à une fédération des Noirs d’Europe qui sera lancée dans deux ou trois mois. Nous avons également été contactés par Jesse Jackson, qui nous avait reçus aux Etats-Unis, et qui nous a demandé d’être les représentants de son organisation (la Rainbow PUSH Coalition, ndlr) en France. Nous avons aussi le CRAN Réunion et nous allons lancer prochainement le CRAN Guadeloupe avec la question des réparations liées à l’esclavage, la question des congés bonifiés et des billets d’avion. »