Dany Laferrière, de l'Académie française : "Le lecteur c’est l’être fondamental de la littérature"

L'écrivain haïtien Dany Laferrière
Récemment élu à l’Académie française, l’écrivain canadien d’origine haïtienne Dany Laferrière est venu mardi soir à l’université de la Sorbonne Nouvelle à Paris pour parler de son livre « L’Art presque perdu de ne rien faire ». La1ere.fr était présente. 
Dany Laferrière est en forme. Mardi soir, dans la partie de la bibliothèque Gaston Miron consacrée aux études québécoises, à l’université de la Sorbonne Nouvelle (Paris III), le romancier s’en donne à cœur joie. Assis sur une table face à une soixantaine de privilégiés venus l’écouter, il est visiblement heureux d’être là. Tour à tour didactique, charmeur, grave et ironique, il évoque la lenteur, Haïti, son enfance, sa grand-mère, la littérature, Montréal, conte des anecdotes…
 
La salle est sous le charme, et l’on rit pas mal. Les questions fusent, auxquelles le nouvel Immortel répond avec humour et finesse. Parfois avec la fougue et la passion du romancier habité par son œuvre. La 1ere.fr était aux premières loges. Extraits choisis.
 
« L’écriture c’est l’imaginaire. Ecrire, c’est se retrouver dans un endroit dont je ne donnerai pas l’adresse pour que l’on ne me retrouve pas. Nous y avons tous été une fois. Nous sommes sortis de nous-mêmes. C’est une espèce d’apnée (…) Le lecteur c’est l’être fondamental de la littérature. Et si on n’arrive pas à le redéfinir et à lui redonner sa dignité on est en danger, littéralement, la littérature est en danger. » 
 

 
« L’oral est pour moi la première forme de la littérature. Le conte, le récit oral. C’est extraordinaire que l’on ait pu penser que l’écriture était la forme civilisée et l’aboutissement de toute cette histoire. Pourtant dans la réalité nous écrivons et quand nous avons fait un livre nous finissons par en parler. La forme de pointe, c’est l’oral finalement. Elle en devient presque dangereuse. (…) Dans notre passion de nous plaindre nous n’arrêtons pas de dire que la littérature est en danger alors que jamais dans l’histoire humaine il n’y a eu autant de lecteurs. »
 

 
« "L’Art presque perdu de ne rien faire" n’est pas une évocation nostalgique de ma part, c’est tout simplement une invitation à ce qu’il ne se perde pas, et le "presque" c’est pour qu’il n’y ait pas une lamentation définitive, un désespoir, une façon de dire que le temps d’avant était bien. Ce livre pourrait être publié en l’an 1000, ça aurait été la même chose, car la vitesse n’est pas une invention moderne, ni contemporaine, c’est tout simplement un rapport à l’autre. »
 

 

Dany Laferrière, "L’Art presque perdu de ne rien faire" - éditions Grasset - septembre 2014, 426 pages, 20,90 euros.