Le SMA Outre-Mer est-il transposable dans l'Hexagone ?

La ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin, a reçu, ce mardi, les chefs de corps et les ambassadeurs du Service Militaire Adapté.
A l’heure où la France veut renforcer l’esprit citoyen, le Service Militaire Adapté fait figure d’exemple. Les chefs de corps et les ambassadeurs du SMA étaient reçus ce mardi au ministère des Outre-Mer. La ministre se méfie toutefois d’une éventuelle transposition. 
"Renforcer l’esprit citoyen" et "promouvoir le vivre ensemble" : ce sont les valeurs premières inculquées aux jeunes qui suivent le Service Militaire Adapté Outre-Mer. Ce sont aussi des valeurs républicaines devenues une priorité à défendre depuis les attentats de janvier dernier en France.
De quoi donner des idées au gouvernement : et si le SMA était transposé en métropole ? Ce n’est pas la première fois que la question se pose, mais elle prend une résonance particulière dans le contexte actuel, à l’heure où certains défendent le retour du service militaire.

Un encadrement efficace mais coûteux 

Ce mardi, alors que les chefs de corps et les ambassadeurs du Service Militaire Adapté étaient reçus au ministère des Outre-Mer, la ministre George Pau-Langevin s’est félicitée des bons résultats du SMA : 6 000 jeunes formés l’an dernier, près de 78 % insérés professionnellement dont 48% sur des emplois durables de plus de six mois.

Mettre en place en métropole quelque chose de similaire au SMA, d’accord. Mais pas notre outil, pas avec nos crédits !








"Les responsables gouvernementaux sont actuellement en train de regarder si cela est transposable en métropole", confie la ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin, qui fait aussi part d’une certaine méfiance. "Le SMA est un encadrement étroit et élaboré. Il est coûteux et donc difficilement transposable en l’état. Par ailleurs, nous ne voulons pas partager nos cadres et nos moyens, il faut garder cet outil pour les Outre-Mer", défend George Pau-Langevin. Et la ministre de conclure : "Que l’on mette en place en métropole quelque chose de similaire au SMA, d’accord. Mais pas notre outil, pas avec nos crédits !".

La ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin, et le général Philippe Loiacono, commandant du Service Militaire Adapté

Un dispositif adapté aux Outre-mer

Dans le rang des militaires, la position est la même. "Depuis les attentats, on a fait appel à nous pour avoir notre expertise et expliquer la réussite du SMA Outre-Mer, raconte le commandant du Service Militaire Adapté, le général Philippe Loiacono. Mais ce dispositif s’adresse à un profil de jeunes en particulier, ceux des Outre-Mer. J’entends bien les impératifs de cohésion nationale, de transmissions de valeurs républicaines, le SMA fait cela, mais il existe d’autres systèmes à commencer par l’école, qui, elle, est obligatoire et transmet ces valeurs."
Le commandant du Service Militaire Adapté met aussi en avant le travail, en métropole, des EPIDE, les Établissements publics d'insertion de la Défense. Un équivalent du SMA, peu connu, qui forme environ 3 000 jeunes en difficulté, âgés de 18 à 25 ans.

Des ambassadeurs du SMA récompensés pour avoir aidé les jeunes ultramarins à s'insérer dans le monde du travail.

Un savoir-être en plus d'un savoir-faire

Ce mardi, le général Philippe Loiacono a détaillé les bons résultats du Service Militaire Adapté Outre-Mer, en présence de quatre personnes nommées ambassadrices du SMA. Elles sont issues du monde de l’entreprise et ont pour mission de trouver des places pour les jeunes du SMA sur le marché du travail. Parmi elles, Agnès Bauer, responsable diversité et handicap à SFR, elle a déjà aidé plusieurs Ultramarins à s’insérer dans le monde du travail.

Le savoir-être, cela veut simplement dire : être à l’heure, savoir apprendre, travailler en groupe, se remettre en question, écouter…








"Avant d’avoir un savoir-faire, ces Ultramarins du SMA ont déjà un savoir-être qui est malheureusement inexistant chez beaucoup de jeunes, remarque Agnès Baer. Si on pouvait donner aux jeunes de métropole ce savoir-être, ce serait une bonne chose. Cela veut simplement dire : être à l’heure, savoir apprendre, travailler en groupe, se remettre en question, écouter…" Pour Agnès Bauer, c’est évident : le SMA ne peut pas s’appliquer, en l'état, aux jeunes de métropole, mais il faut largement s’en inspirer car "il fait ses preuves", insiste-t-elle.

Quelques chiffres sur le SMA en 2014
21 ans, âge moyen des jeunes volontaires
27 % de femmes dans les rangs du SMA
35 % des jeunes du SMA sont issus de quartiers dits "sensibles"
43,5 % d’illettrés
66,1% de non diplômés
5 666 bénéficiaires du SMA en 2014
6 000 bénéficiaires, chiffre à atteindre d’ici à 2017
78 % d’insertion professionnelle pour les jeunes volontaires
48 % d’insertion professionnelle dans l’emploi durable (contrats de plus de six mois)
20 % d’insertion professionnelle en métropole
Source : ministère des Outre-mer