Gauthier Toulemonde partira, en octobre, vivre et travailler sur une île des Chesterfield, en Nouvelle-Calédonie. Ce patron veut montrer l'efficacité du travail à distance. En 2013, il avait déjà relevé le défi en Indonésie, une aventure qu’il raconte dans un livre paru en janvier.
Bercé dans son enfance par les aventures de Jules Vernes et du commandant Cousteau, Gauthier Toulemonde rêve de vivre sur une île déserte. Cet ancien banquier, rescapé du monde de la finance, a voyagé de la Guyane au Pôle Nord. Il a aussi participé à des explorations comme celle de Jean-Louis Etienne sur l’île de Clipperton dans l’Océan Pacifique, ou encore à ce tour du monde du plus grand bateau solaire, le PlanetSolar. En octobre prochain, Gauthier Toulemonde partira vivre et travailler, seul, durant 40 jours, sur une île déserte de l’archipel des Chesterfield, en Nouvelle-Calédonie.
Le patron Robinson veut à nouveau prouver qu’il est possible de gérer son entreprise à (très longue) distance. A 17 000 km de Paris, précisément. Dans huit mois, Gauthier Toulemonde installera son bureau sur un bout de terre des Chesterfield, à plus de 500 kilomètres au nord-ouest du Caillou. Ces îlots sont des fragments de terre au cœur de l’Océan Pacifique.
Ce rêve d’aventurier, "il fallait juste une bonne dose d’énergie et de motivation pour qu’il devienne réalité. Des raisons d’abandonner, on en trouve toujours", avoue Gauthier Toutelemonde qui n’en retient aucune pour l’instant. Pas même l’hostilité d’une île vierge de toute présence humaine. "Maintenant qu’internet et les nouvelles technologies le permettent, je me lance, sans pour autant sous-estimer les risques que présente ce type d’expérience."
Si Gauthier Toulemonde satisfait ses désirs d’aventurier, il continue aussi à promouvoir l’efficacité du travail à distance. Patron de "Timbre Magazine", un mensuel dédié à la philatélie, il prévoit de travailler grâce à une connexion internet par satellite. "C’est coûteux, on limitera donc les échanges. Pour le reste : rédaction d’articles, relecture, relations clients, échanges avec les employés, ça sera (presque) comme d’habitude. C’est juste un changement de bureau !", s’amuse-t-il.
Dans ses malles, Gauthier Toulemonde va emporter avec lui des panneaux solaires, deux ordinateurs, un téléphone, un capteur satellite, une tente, un hamac, de la nourriture ainsi qu’un dessalinisateur pour l’eau. "Il ne devrait pas y avoir d’eau de pluie à récupérer. Les conditions seront plus difficiles qu'en Indonésie. La végétation est pauvre et il sera compliqué de s'abriter du soleil. Je ne sais même pas si je pourrai accrocher le hamac, s’interroge Gauthier Toulemonde qui tire aussi les leçons de sa première expérience. J’avais perdu 14 kg en 40 jours. Cette fois, la pêche sera une priorité. En Indonésie, je devenais fou avec la faim. Une fois, j'ai vu un avion passer et j'imaginais les plateaux repas à bord... Eux, ils mangeaient ! C'était horrible (passage à voir dans la vidéo ci-dessous)".
Ci-dessus : un extrait vidéo de l'aventure vécue par Gauthier Toulemonde sur une île déserte en Indonésie, en 2013.
La logistique du camp occupe une grande partie des journées de l'aventurier. "Au fur et à mesure, j’ai appris à travailler dans des conditions difficiles : les fortes pluies, la tente inondée, les serpents, les bêtes dans tous les coins… Au bout de 40 jours, le travail était accompli", se réjouit le web Robinson, qui a partagé son aventure sur les réseaux sociaux, dont facebook, avec chaque jour des commentaires et des photos. "Je ferai la même chose sur l'île des Chesterfield", annonce-t-il. A la différence qu'il publiera ses commentaires en français ET en anglais.
La nature calédonienne ne devrait pas faire de cadeaux à celui qui a bien failli être emporté par un courant marin, lors de sa première expédition en Indonésie. "L’archipel des Chesterfield a une barrière de corail mythique. C’est une terre française oubliée. A part les habitants de Nouvelle-Calédonie et les scientifiques, personne ne connaît ces îles menacées par la montée du niveau de la mer", explique Gauthier Toulemonde, en rappelant que cette terre doit son nom à un capitaine britannique qui faillit y faire naufrage en 1793. Un siècle plus tard, 650 marins chinois naufragés y mourront de faim et de soif.
De la philatélie à la Nouvelle Calédonie, il n’y a finalement eu qu’un pas, selon le patron de Timbre Magazine. "Pour le mensuel, j’ai l’habitude de travailler avec le personnel de La Poste de Nouvelle-Calédonie. Certains connaissaient mon aventure sur l’île déserte en Indonésie. Un jour, deux d’entre eux - devenus des amis -, m’ont dit : pourquoi tu ne viens pas chez nous ? L’idée m’a plu, la Nouvelle-Calédonie m’attirait depuis longtemps".
A Paris, dans les bureaux de "Timbre Magazine", il y a les pessimistes qui critiquent la démarche et s’inquiètent pour l’entreprise, et les optimistes dont fait partie la secrétaire générale de la rédaction. "C’est l’aventure d’un homme et d’une équipe. On a relevé le défi ensemble une première fois, le magazine a été bouclé dans les temps, il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas à nouveau, s’enthousiasme Carole qui vante aussi les mérites de l’aventure.
Ça change nos rapports avec le chef. Quand il est loin, on le sollicite moins, on devient plus autonome. On apprend à communiquer en allant à l’essentiel. Les minutes comptent dans la connexion internet satellitaire. Quand il était en Indonésie, on faisait un skype par semaine. Le voir nous rassurait sur son état de santé".
Ci-dessous, la couverture du livre de Gauthier Toulemonde : Robinson volontaire ; de l'open space à l'île déserte, paru chez Arthaud le 21 Janvier 2015, 19€90
Une précédente aventure en Indonésie
Père de deux enfants, il avait déjà mené une aventure similaire en Indonésie, en 2013. "Cette fois, je récidive. Ça passe mieux pour la famille, même si ma femme ne déborde pas d’enthousiasme", sourie-t-il. Des cheveux grisonnants, un teint hâlé et des yeux bleus lagon, ce chef d’entreprise aux allures d’aventurier porte plus souvent la veste de costume que le sac à dos. A la tête d’une société de presse - Timbres Magazine - , celui qui aura 56 ans le 6 février prochain s’est lancé un nouveau défi. Aussi excité "qu’un gamin de cinq ans", il assume : "Les terres inconnues, les trésors et les explorations me fascinent toujours à mon âge".
Une expérience risquée
Le patron Robinson veut à nouveau prouver qu’il est possible de gérer son entreprise à (très longue) distance. A 17 000 km de Paris, précisément. Dans huit mois, Gauthier Toulemonde installera son bureau sur un bout de terre des Chesterfield, à plus de 500 kilomètres au nord-ouest du Caillou. Ces îlots sont des fragments de terre au cœur de l’Océan Pacifique.Ce rêve d’aventurier, "il fallait juste une bonne dose d’énergie et de motivation pour qu’il devienne réalité. Des raisons d’abandonner, on en trouve toujours", avoue Gauthier Toutelemonde qui n’en retient aucune pour l’instant. Pas même l’hostilité d’une île vierge de toute présence humaine. "Maintenant qu’internet et les nouvelles technologies le permettent, je me lance, sans pour autant sous-estimer les risques que présente ce type d’expérience."
Promouvoir le télétravail
Si Gauthier Toulemonde satisfait ses désirs d’aventurier, il continue aussi à promouvoir l’efficacité du travail à distance. Patron de "Timbre Magazine", un mensuel dédié à la philatélie, il prévoit de travailler grâce à une connexion internet par satellite. "C’est coûteux, on limitera donc les échanges. Pour le reste : rédaction d’articles, relecture, relations clients, échanges avec les employés, ça sera (presque) comme d’habitude. C’est juste un changement de bureau !", s’amuse-t-il.J'aurai pour outils de travail : deux ordinateurs, un téléphone, un capteur satellite et bien sûr les panneaux solaires.
Dans ses malles, Gauthier Toulemonde va emporter avec lui des panneaux solaires, deux ordinateurs, un téléphone, un capteur satellite, une tente, un hamac, de la nourriture ainsi qu’un dessalinisateur pour l’eau. "Il ne devrait pas y avoir d’eau de pluie à récupérer. Les conditions seront plus difficiles qu'en Indonésie. La végétation est pauvre et il sera compliqué de s'abriter du soleil. Je ne sais même pas si je pourrai accrocher le hamac, s’interroge Gauthier Toulemonde qui tire aussi les leçons de sa première expérience. J’avais perdu 14 kg en 40 jours. Cette fois, la pêche sera une priorité. En Indonésie, je devenais fou avec la faim. Une fois, j'ai vu un avion passer et j'imaginais les plateaux repas à bord... Eux, ils mangeaient ! C'était horrible (passage à voir dans la vidéo ci-dessous)".
Ci-dessus : un extrait vidéo de l'aventure vécue par Gauthier Toulemonde sur une île déserte en Indonésie, en 2013.
Une aventure à suivre sur les réseaux sociaux
La logistique du camp occupe une grande partie des journées de l'aventurier. "Au fur et à mesure, j’ai appris à travailler dans des conditions difficiles : les fortes pluies, la tente inondée, les serpents, les bêtes dans tous les coins… Au bout de 40 jours, le travail était accompli", se réjouit le web Robinson, qui a partagé son aventure sur les réseaux sociaux, dont facebook, avec chaque jour des commentaires et des photos. "Je ferai la même chose sur l'île des Chesterfield", annonce-t-il. A la différence qu'il publiera ses commentaires en français ET en anglais. La nature calédonienne ne devrait pas faire de cadeaux à celui qui a bien failli être emporté par un courant marin, lors de sa première expédition en Indonésie. "L’archipel des Chesterfield a une barrière de corail mythique. C’est une terre française oubliée. A part les habitants de Nouvelle-Calédonie et les scientifiques, personne ne connaît ces îles menacées par la montée du niveau de la mer", explique Gauthier Toulemonde, en rappelant que cette terre doit son nom à un capitaine britannique qui faillit y faire naufrage en 1793. Un siècle plus tard, 650 marins chinois naufragés y mourront de faim et de soif.
Des observations scientifiques
A l’approche de la conférence sur le climat qui se déroulera cette année en France, ce patron Robinson veut aussi apporter sa pierre à l’édifice. "De nombreuses espèces d’oiseaux, comme les sternes, peuplent ces îles. Je serai briefé par des scientifiques avant mon départ pour mener des observations", explique le baroudeur, enthousiaste, qui craint tout de même l’abondance de fientes d’oiseaux sur son futur campement. (L’archipel des Chesterfield est devenu français au XIXe siècle dans le but d’y exploiter les excréments d’oiseaux, matière qui répond également au nom de "guano".)
Pourquoi la Nouvelle-Calédonie ?
De la philatélie à la Nouvelle Calédonie, il n’y a finalement eu qu’un pas, selon le patron de Timbre Magazine. "Pour le mensuel, j’ai l’habitude de travailler avec le personnel de La Poste de Nouvelle-Calédonie. Certains connaissaient mon aventure sur l’île déserte en Indonésie. Un jour, deux d’entre eux - devenus des amis -, m’ont dit : pourquoi tu ne viens pas chez nous ? L’idée m’a plu, la Nouvelle-Calédonie m’attirait depuis longtemps".Avec dix heures de décalage horaire avec Paris, le rôle de chef d’entreprise ne sera pas simple à tenir. "Je ferai des quarts, comme les marins. Je me réveillerai la nuit pour pouvoir échanger avec les collègues et clients en métropole", s'imagine celui qui n’hésite pas à porter la chemise, même en bord de lagon.
Des employés vantent les mérites de l'aventure
A Paris, dans les bureaux de "Timbre Magazine", il y a les pessimistes qui critiquent la démarche et s’inquiètent pour l’entreprise, et les optimistes dont fait partie la secrétaire générale de la rédaction. "C’est l’aventure d’un homme et d’une équipe. On a relevé le défi ensemble une première fois, le magazine a été bouclé dans les temps, il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas à nouveau, s’enthousiasme Carole qui vante aussi les mérites de l’aventure.
Ça change nos rapports avec le chef. Quand il est loin, on le sollicite moins, on devient plus autonome. On apprend à communiquer en allant à l’essentiel. Les minutes comptent dans la connexion internet satellitaire. Quand il était en Indonésie, on faisait un skype par semaine. Le voir nous rassurait sur son état de santé".A deux jours de mer d'une terre habitée
Sur l’île de l'archipel des Chesterfield, en Nouvelle Calédonie, Gauthier Toulemonde sera à deux jours de mer de la première terre habitée. Pas de possibilité de rapatriement par hélicoptère, seul un bateau pourra venir le chercher en cas de besoin. L’isolement sera total. En Indonésie, l’aventurier était à 40 kilomètres de la civilisation et il avait pris avec lui un chien et des chats pour éloigner les rats qui peuplaient l’île. Cette fois, son compagnon Gecko ne sera pas de l’aventure, mais la solitude, qu'il a su maîtriser une première fois, ne l’inquiète pas. "L’île est un espace de liberté, pas une prison. C’est dangereux, effrayant, mais pas plus que de vivre en métropole", plaisante le chef d’entreprise avant de conclure : "Il y a des gens qui sont plus seuls à Paris que je ne le serai jamais sur cette île déserte."Ci-dessous, la couverture du livre de Gauthier Toulemonde : Robinson volontaire ; de l'open space à l'île déserte, paru chez Arthaud le 21 Janvier 2015, 19€90