Théâtre : "Des doutes et des errances"

"Des doutes et des errances", la nouvelle création théâtrale de Gerty Dambury, vient d'être présentée au public parisien. La pièce, joyeuse et intelligente, interroge sur le "nous" guadeloupéen qui a retenti lors de la grande grève sociale de 2009. 
Comment le théâtre peut-il venir à la rescousse de questions sociales majeures ?
Exemple avec la grève générale de 2009 aux Antilles. Le conflit contre "la vie chère" avait commencé à la Guadeloupe le 20 janvier 2009 et s'était étendu à la Martinique quelques jours plus tard. En cause : les prix jugés abusifs (la "pwofitasion") de certains produits de base, comme le carburant et l'alimentation ainsi que le montant des bas salaires.

Cette grève générale, qui a duré 44 jours, est au cœur de la pièce de Gerty Dambury, femme de théâtre d’origine guadeloupéenne, qui, avec cette nouvelle pièce "Des doutes et des errances", pourrait utiliser le slogan "Deux pièces pour le prix d’une".

Regardez le reportage de Christian Tortel, François Brauge et Bernard Blodeel, Outre-mer 1ère / France Ô, réalisé lors d'une représentation au musée Dapper à Paris :
intervenants dans le reportage: 
- Jalil Leclaire, metteur en scène
- Spectateurs

Bonus web : les explications du metteur en scène

Ce n’est ni du théâtre militant ni du théâtre commercial mais une forme hybride qui donne accès à des questions complexes, identitaires (vivre une crise sociale loin de sa terre natale) ou de politique culturelle, le tout sur fond de querelle de générations. Loin d’être un théâtre difficile c’est un bon moment de création joyeuse et intelligente, mis en scène par Jalil Leclaire que nous ont offert ces comédiens nés en Guadeloupe, mais vivant dans l’Hexagone. Sur scène : Gerty Dambury, Martine Maximin, Jalil Leclaire.

Le metteur en scène et comédien Jalil Leclaire explique ici sa démarche artistique : 
La pièce "Des doutes et des errances" sera jouée fin 2015 en Martinique. 


Jalil Leclaire, metteur en scène et comédien
A 30 ans, ce comédien né à la Guadeloupe, vivant à Paris, a passé la moitié de sa vie ici, l’autre moitié là-bas, autant dire qu’il sait de quoi il parle : les Guadeloupéens de l’Hexagone et leur questionnement identitaire :
- Qu’est-ce qui se passe en nous à Paris dans notre pays se soulève (question valable pour les Printemps arabes comme pour la grève générale de la Guadeloupe en 2009) ?
- Comment se passer le relais entre deux représentants de deux générations d’homme et de femme de théâtre ?
- Les Guadeloupéens-Parisiens font-ils partie du « nous » guadeloupéen ? Ce « nous » est une allusion au slogan de la grève générale de 2009 : "La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo" ("La Guadeloupe c'est à nous, la Guadeloupe c'est pas à eux [ les patrons, les profiteurs])
- En quoi le théâtre nous aide-t-il à nous poser les questions essentielles pour vivre le quotidien ?

Pour le décor, le metteur en scène s’est inspiré d’un poème de Sonny Rupaire (1941-1991) :
" Canne
              Canne
                    Canne
Syllabe verte qui monte monte comme une mer
À l'assaut de mon cœur qui s'enivre ce soir.
Car je suis saoul devant mon verre.
J'ai bu l'argent l'argent de la quinzaine."