Bébé réunionnais échangé : la maternité reconnue responsable, près de deux millions d'euros pour les familles

Il y a vingt ans, une nouveau-née réunionnaise était échangée à la naissance. Le tribunal de Grasse a rendu sa décision, ce mardi, dans cette affaire. La clinique de Cannes (Alpes-Martimes) a été reconnue responsable et condamnée à verser 1,88 millions d’euros aux familles.
Cette affaire des bébés échangés à la naissance durait depuis vingt ans. Ce mardi, le tribunal de Grasse a rendu sa décision. La maternité de Cannes (Alpes-Martimes) a été reconnue responsable et condamnée à verser 1,88 millions d’euros, en réparation du préjudice subi, aux familles. Elles en réclamaient douze millions. Le tribunal a condamné la clinique et la société d'assurances "en réparation des préjudices consécutifs au manquement à cette obligation de résultat". Les familles ont en revanche été déboutées de leurs demandes formulées contre les médecins.
Les deux petites filles, dont la Réunionnaise Manon Serrano, aujourd’hui âgées de vingt ans, ont été échangées par erreur par une sage-femme à leur naissance.

Le soulagement pour la famille de Manon

"C'est un soulagement", a réagi Sophie Serrano, l'une des deux mamans, sur France Info. "J'ai dû me justifier et aujourd'hui je suis lavée. Avec Manon, on s'est pris dans les bras. On se sent libérées".

Un mois pour faire appel

Joint par l'AFP, le cabinet de Me Sophie Chas, qui représente les intérêts de la clinique et de la mutuelle, a constaté "une différence importante entre ce qui était réclamé et ce qui est alloué", tout en soulignant que ces montants restaient "élevés". Le cabinet attendait de prendre connaissance des motivations de la décision pour décider d'un éventuel appel, qui doit être formé dans un délai d'un mois.
 

Un échange en couveuse

Cette affaire, rappelant le scénario du film "La vie est un long fleuve tranquille", a débuté le 4 juillet 1994. Sophie Serrano accouche d'une petite Manon dans une clinique de Cannes. Atteinte d'une jaunisse, l'enfant est placée dans la même couveuse qu'une autre nouveau-née, également atteinte de jaunisse. Mais au moment de ramener les bébés auprès de leurs mamans, une sage femme intervertit les bébés par mégarde.
Les jeunes mamans expriment alors des doutes sur leurs enfants, faisant des commentaires sur la longueur de leurs cheveux. Ce n'est que dix ans plus tard que l'erreur est dévoilée. Troublé par l’absence de ressemblance avec sa fille au teint plus hâlé, le père de Manon, réclame des tests ADN de paternité. Sophie Serrano découvre aussi, qu'elle n'est pas la mère biologique de Manon.

Une affaire vieille de 20 ans

Une enquête est menée pour découvrir "l'autre famille". A l'époque, trois nouveaux-nés souffraient de la jaunisse, alors que la clinique ne disposait que de deux couveuses munies de lampes. C'est dans ces circonstances que les deux filles ont été placées dans la même couveuse, selon l'avocate de l'un des médecins accoucheurs mis en cause.
L'autre famille, lésée, vit dans la même région mais souhaite garder l'anonymat. Lorsque les parents ont rencontré pour la première fois leurs filles biologiques, elles étaient âgées de dix ans. Aucun échange d’enfant n’a été demandé.

Les témoignages de Manon et Sophie Serrano avant la décision de Justice : 
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