Billets d'avion sur internet : le gouvernement dénonce une fraude "quasi généralisée"

Le gouvernement a dénoncé mercredi une fraude "quasi généralisée" sur l'affichage des prix dans la vente de billets d'avion sur internet, alors que la Répression des fraudes a entamé depuis plusieurs mois des actions en France à l'encontre de plusieurs acteurs majeurs du secteur.
Aucun nom d'opérateurs n'a été cité officiellement mais selon une source proche du dossier, Opodo, Go Voyages, eDreams (tous trois appartenant au groupe Opodo, ndlr), ainsi que Easyvoyage feraient partie des entreprises visées. "Les pratiques les plus graves concernent l'ajout de divers frais non prévus en fin de processus de réservation: frais de dossier, frais de traitement, frais liés aux modes de paiement. Des manquements relatifs au défaut d'information sur les prix et conditions de transport de bagages ont également été relevés", expliquent  les services de la répression des fraudes.

 

Regardez le reportage de nos confrères de France 3 :

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Un  univers nouveau et peu encadré

Selon un spécialiste du transport aérien "les comparateurs de vol sont clairement devenus des intermédiaires incontournables", dans le secteur du tourisme. "C'est un univers encore assez nouveau et donc peu, voire pas encadré", insiste-t-il. Au cours de l'année 2014, 20 acteurs de la vente en ligne de billets d'avion ont été contrôlées par la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence et de la Répression des fraudes), dont 12 agences de voyage en ligne (OTA), 4 comparateurs et 4 compagnies aériennes, ces dernières n'ayant pu faire l'objet de poursuites car n'étant pas localisées en France.
 

Des injonctions administratives 

Parmi les acteurs contrôlés, six ont fait l'objet d'injonctions administratives pour modifier l'affichage de leurs prix et neuf, pour lesquels les manquements
"étaient plus graves", de procès-verbaux, a indiqué Bercy. Parmi eux, cinq ont cependant négocié à l'amiable la fin des poursuites moyennant le paiement d'amendes allant de 100.000 à 150.000 euros.
Pour les quatre restants, les dossiers ont été transmis à la justice. Ils risquent jusqu'à 300.000 euros d'amende et jusqu'à deux ans de prison. "Il est assez rare qu'un tel niveau de manquement soit constaté sur un secteur" puisque là, la fraude était "quasi-généralisée" chez tous les acteurs, a dénoncé
mercredi la secrétaire d'Etat à la Consommation et au Commerce Carole Delga, lors du bilan 2014 des actions de la DGCCRF.
Ecoutez le reportage de Fabienne Acosta de Radio Outre-mer 1ère :


"Haute surveillance" du secteur en 2015

Le consommateur est souvent le premier pénalisé, payant des prix largement supérieurs à ceux affichés au départ. Mais ces pratiques nuisent aussi à la concurrence dans le secteur et "pénalisent les acteurs en ligne (dont certaines compagnies, ndlr) qui veillent à indiquer le prix final à payer à tous les stades de la commande et dont les offres se trouvent ainsi artificiellement reléguées en bas des classements des comparateurs", souligne-t-on à Bercy.
"Suite aux poursuites, certains (opérateurs incriminés) se sont déjà mis en conformité", en modifiant l'affichage de leur prix, "d'autres pas encore", a précisé la secrétaire d'Etat.

Contacté par l'AFP, Jean-Pierre Nadir, président fondateur d'Easyvoyage, a assuré "n'avoir payé aucune amende" et avoir fait simplement "l'objet d'une injonction administrative", n'ayant pas de lien avec l'affichage des prix. "Easyvoyage est le seul comparateur qui affiche tous les frais depuis 2 ans",
martèle la société dans un communiqué.
 
De son côté, le groupe Opodo a tenu à préciser que l'"ensemble des litiges concernant les marques du groupe (Opodo, GO Voyages et eDreams) sont maintenant réglés". "Il n'y a à ce jour aucune charge liée à nos marques", a-t-il ajouté, sans préciser si cela résultait d'un arrangement à l'amiable à la suite des poursuites. 
 
En novembre 2008, l'Union européenne avait déjà émis une directive obligeant les compagnies aériennes et sites internet à afficher clairement les prix des billets d'avion, toutes charges et tous frais compris.

En France, le gouvernement a indiqué mercredi que "des travaux seront engagés en vue d'examiner l'opportunité de renforcer la réglementation en matière d'affichage des prix", et que le secteur serait "maintenu sous haute surveillance de la DGCCRF pendant l'année 2015".