Le 21 février 1995, Ibrahim Ali Abdallah, 17 ans, qui courait en compagnie de camarades pour tenter d'attraper un bus, était tué d'une balle en plein cœur tirée par un colleur d’affiches du Front national à Marseille. Vingt ans plus tard, cet assassinat marque toujours les esprits.
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"En vingt ans, les choses ont empiré" en matière de racisme, se désole Nassurdine Haidari, l'un des organisateurs de la semaine de commémoration du vingtième anniversaire de la mort d'Ibrahim Ali, un jeune Marseillais d'origine comorienne, tué d'une balle en plein cœur, tirée par un colleur d'affiches du Front national, le 21 février 1995. "L'idéologie raciste est en pleine croissance et la lutte n'est pas à la hauteur", remarque M. Haidari, délégué Paca pour le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), imam et ex élu municipal socialiste à la mairie de Marseille.
Le 21 février 1995, Ibrahim Ali Abdallah, 17 ans, qui, après une répétition de son groupe de rap, courait en compagnie de camarades pour tenter d'attraper un bus, avait été tué d'une balle en plein cœur tirée par un maçon d'un soixantaine d'années.
L'avocat général, Etienne Ceccaldi, avait alors relevé le caractère politique du crime martelant dans son réquisitoire : "Ce sont des militants du FN, partis de la permanence du FN avec du matériel du FN pour faire du collage pour le FN pour la campagne présidentielle du FN". Le magistrat avait souligné les "circonstances particulières" du procès dans lequel les accusés étaient "matériellement soutenus" par le parti d'extrême droite. Le délégué général du FN de l'époque, Bruno Mégret, avait témoigné, invoquant "une légitime défense dans l'esprit".
Une thèse que l'avocat Me Gilbert Collard (voir vidéo ci-dessus), qui défendait alors les parties civiles, avait combattue à la barre : "L'occasion, ils (les colleurs d'affiches) se la sont inventée. ils avaient tellement envie qu'un groupe d'Arabes ou de Noirs les agresse pour être en conformité avec leur peur, pour enfin tirer sur une cible vivante".
Gilbert Collard, actuel député Rassemblement bleu marine de Marine le Pen du Gard, "est l'archétype de ce basculement de la normalisation des idées du FN", souligne le délégué du Cran. Parodiant la formule de Robert Badinter sur "la lepénisation des esprits", Nassurdine Haidari évoque "une collardisation des consciences".
Face à "la montée de l'islamophobie, du racisme et de l'antisémitisme", l'un des représentants marseillais de la LDH, Philippe Dieudonné, architecte à la retraite, se dit néanmoins optimiste : "C'est vrai qu'il y a un vieillissement des militants notamment à la LDH, mais je remarque des formes nouvelles d'engagement sur les réseaux sociaux, et ça c'est encourageant !".
Balle en plein cœur
Le Cran ainsi qu'une poignée d'associations (Sound musical school Bvices, Action antifasciste, Marseille égalité, Ligue des droits de l'homme, Mémoire en marche, Collectif Nosotros) organisent jusqu'à samedi, jour anniversaire du meurtre d'Ibrahim Ali, plusieurs actions : une pétition circule pour demander qu'une rue porte le nom du jeune homme, des actions éducatives sont menées auprès de collégiens et des films sont projetés.Le 21 février 1995, Ibrahim Ali Abdallah, 17 ans, qui, après une répétition de son groupe de rap, courait en compagnie de camarades pour tenter d'attraper un bus, avait été tué d'une balle en plein cœur tirée par un maçon d'un soixantaine d'années.
Caractère politique du crime
Le meurtrier, Robert Lagier, en pleine campagne présidentielle, collait des affiches de Jean-Marie Le Pen. Les assises des Bouches-du-Rhône l'avaient condamné en juin 1998 à quinze ans de réclusion criminelle. Il est décédé depuis. Des peines de dix ans et de deux ans de prison avaient été prononcées à l'encontre des deux autres colleurs d'affiches qui l'accompagnaient, l'un pour avoir aussi tiré et l'autre pour avoir porté une arme de poing.L'avocat général, Etienne Ceccaldi, avait alors relevé le caractère politique du crime martelant dans son réquisitoire : "Ce sont des militants du FN, partis de la permanence du FN avec du matériel du FN pour faire du collage pour le FN pour la campagne présidentielle du FN". Le magistrat avait souligné les "circonstances particulières" du procès dans lequel les accusés étaient "matériellement soutenus" par le parti d'extrême droite. Le délégué général du FN de l'époque, Bruno Mégret, avait témoigné, invoquant "une légitime défense dans l'esprit".
VIDEO : les réactions suite à la condamnation des auteurs du meurtre, le 23 juin 1998
Une thèse que l'avocat Me Gilbert Collard (voir vidéo ci-dessus), qui défendait alors les parties civiles, avait combattue à la barre : "L'occasion, ils (les colleurs d'affiches) se la sont inventée. ils avaient tellement envie qu'un groupe d'Arabes ou de Noirs les agresse pour être en conformité avec leur peur, pour enfin tirer sur une cible vivante".
Gilbert Collard, actuel député Rassemblement bleu marine de Marine le Pen du Gard, "est l'archétype de ce basculement de la normalisation des idées du FN", souligne le délégué du Cran. Parodiant la formule de Robert Badinter sur "la lepénisation des esprits", Nassurdine Haidari évoque "une collardisation des consciences".
Une mairie FN
"Vingt ans après ce crime, nous avons une mairie (d'arrondissement, Ndlr) FN à moins d'un kilomètre d'où il a été tué", se lamente Mohamed Mbaé, dit Soly. A l'époque il était président de l'association où Ibrahim et ses amis faisaient de la musique. Comme tous les ans, à l'endroit même où l'adolescent est mort, Soly déclamera en slam quelques paroles samedi à la mémoire de son ami. "Nous sommes des Français, quelle que soit notre provenance, et ça, le FN ne l'admettra jamais", lâche-t-il, amer.Collectif "Marseille égalité"
Youssef Erramy, un jeune cancérologue, membre du collectif "Marseille égalité", dont l'objectif est "la promotion du vivre ensemble", est intervenu dans un collège, regrettant que la jeunesse soit présentée non "comme une richesse mais comme un problème : problème de l'emploi, de la violence..."Face à "la montée de l'islamophobie, du racisme et de l'antisémitisme", l'un des représentants marseillais de la LDH, Philippe Dieudonné, architecte à la retraite, se dit néanmoins optimiste : "C'est vrai qu'il y a un vieillissement des militants notamment à la LDH, mais je remarque des formes nouvelles d'engagement sur les réseaux sociaux, et ça c'est encourageant !".