Un amendement de la loi Macron prévoit de remplacer les jours fériés chrétiens Outre-mer par des "fêtes locales". "Une bonne idée en théorie, mais compliquée à réaliser en pratique" selon Odon Vallet, auteur de "Dieu et les religions en 101 questions-réponses". Il répond aux questions de La1ère.fr.
Cet amendement, proposé par la députée réunionnaise Ericka Bareigts et adopté par l'Assemblée, prévoit de remplacer les jours fériés catholiques Outre-mer par des "fêtes locales". En théorie, les jours fériés ne sont pas intangibles. En principe, comment en ajouter sans en ôter ? Odon Vallet, est l’auteur de "Dieu et les religions en 101 questions-réponses".
Il y a une grande variété dans les fêtes religieuses Outre-mer. A La Réunion, le 20 décembre est férié pour commémorer la fin de l’esclavage. Le Vendredi Saint est aussi férié en Alsace et en Moselle, tout comme en Guadeloupe, Martinique et Polynésie. Rien ne s’oppose à ce que l’on modifie la date des jours fériés, religieux ou laïcs. Mais le problème est toujours le même : si l’on veut ajouter des fêtes, qu’elles soient civiles ou religieuses, il faut en ôter. Sauf si on augmente le nombre de jours fériés… Si on retranche des jours catholiques, les chrétiens ne seront pas contents."
Ecoutez ici l'intégralité de l'interview d'Odon Vallet :
La1ère : Est-il réalisable de remplacer les jours fériés catholiques Outre-mer par des "fêtes locales" ?
Odon Vallet : "En principe, on a le droit de modifier les jours fériés civils ou religieux. On a d’ailleurs déjà commencé puisque le lundi de la Pentecôte est devenu un jour de solidarité nationale et il n’a plus rien à voir avec la fête chrétienne. Certains pensent aussi à regrouper des fêtes civiles comme le 8 mai et le 11 novembre. Il n’y a plus un seul poilu en vie, pourquoi ne pas faire un seul jour de commémoration de guerre ? On y réfléchit."Est-ce pour autant une bonne idée de remplacer les jours fériés catholiques?
"En théorie, c’est une bonne idée. En pratique, c’est compliqué. Si on ajoute des fêtes juives comme Yom Kippour, ou musulmanes comme la fête de l’Aïd, pourquoi ne pas mettre la fête des lumières, le Divali, pour les hindouistes ? Les Chinois pourraient aussi demander la fête du nouvel an chinois. Les bouddhistes de Guyane demanderaient la fête de la naissance de Bouddha.Il y a une grande variété dans les fêtes religieuses Outre-mer. A La Réunion, le 20 décembre est férié pour commémorer la fin de l’esclavage. Le Vendredi Saint est aussi férié en Alsace et en Moselle, tout comme en Guadeloupe, Martinique et Polynésie. Rien ne s’oppose à ce que l’on modifie la date des jours fériés, religieux ou laïcs. Mais le problème est toujours le même : si l’on veut ajouter des fêtes, qu’elles soient civiles ou religieuses, il faut en ôter. Sauf si on augmente le nombre de jours fériés… Si on retranche des jours catholiques, les chrétiens ne seront pas contents."
Etait-ce le moment d’aborder la question des jours fériés ?
"Nous sommes en pleine période de laïcité, pure et dure parfois, à la suite des attentats. L’opinion laïque ne serait pas contente qu’il y ait de nouvelles fêtes religieuses. De plus, la Loi Macron est une loi d’ordre économique. Est-ce vraiment le lieu pour poser le problème ? Peut-être qu’il faudrait un débat plus consensuel sur les jours fériés en France, religieux ou non religieux, dans un climat plus apaisé."Ecoutez ici l'intégralité de l'interview d'Odon Vallet :