Comment expliquer la présence des requins près des côtes de La Réunion ?

Photo d'illustration
Après trois ans d’études, l'Institut pour la recherche et le développement (IRD) à La Réunion a rendu ses conclusions. Les comportements, encore mal connus, du requin bouledogue sont pointés du doigt. Explications.
La présence de requins près des côtes de la Réunion, où ont eu lieu 14 attaques dont 5 mortelles depuis 2011, s'expliquerait par un ensemble de facteurs, notamment lié à leur alimentation, selon l'Institut pour la recherche et le développement (IRD). 


Trois ans d’études

L'IRD a étudié durant trois ans les squales et a restitué mercredi à l'Université de la Réunion les travaux de ce programme baptisé CHARC (Connaissance de l'écologie et de l'Habitat de deux espèces de Requins Côtiers sur la côte Ouest de La Réunion), phonétiquement identique au mot anglais désignant le requin (shark).

Des facteurs multiples 

Cette première étude du genre à La Réunion a notamment permis d'identifier plusieurs facteurs influençant la présence autour de l'île des requins bouledogues, considérés comme responsables de la plupart des attaques depuis 2011. Le requin tigre, plus difficilement observable, a en revanche été moins étudié.

Les requins bouledogues pointés du doigt

Les scientifiques ont pu établir que les requins bouledogues n'étaient pas assujettis aux zones littorales et pouvaient parcourir plusieurs kilomètres dans le milieu pélagique océanique. Mais aussi qu'ils sont davantage présents sur la côte ouest pendant la période de transition été/hiver austral, c'est-à-dire de mars à juin.

Les requins se rapprocheraient davantage des côtes pour se nourrir







Le deuxième élément notable concerne le comportement alimentaire des squales: "L'état des ressources disponibles près des côtes influence la présence des requins bouledogues". Ainsi, "lorsqu'elles diminuent, les requins se rapprocheraient davantage des côtes pour se nourrir", souligne l'IRD.

D'autres facteurs ont été mis en évidence et débattus: les variables environnementales, comme la hauteur de houle, la pluviométrie ou encore la turbidité des eaux de surface, qui "favoriseraient la présence des requins bouledogues près des côtes réunionnaises".

Un requin mal connu

Reste enfin le comportement de reproduction, qui demeure pour l'instant "une hypothèse pour expliquer la fidélité des requins bouledogues aux sites qu'ils fréquentent régulièrement", selon Marc Soria, responsable de CHARC. "Il y a encore beaucoup de choses qu'on ne sait pas sur le requin bouledogue", a souligné M. Soria, et notamment parmi les questions prioritaires celle de la taille de la population de requins autour de La Réunion. Encore indéterminée à ce jour et "très compliquée à mesurer", a expliqué M. Soria.

Des financements pour poursuivre les études

Pour autant, la poursuite du programme CHARC n'est pas encore envisagée. "Si on a des financements, les études continueront", a affirmé M. Soria, rappelant que l'argent était arrivé "c'est dommage à dire, mais (...) parce qu'il y a eu un moment critique avec des attaques". "D'un seul coup on s'est intéressé aux requins. Avant 2011, personne ne s'y intéressait", a confié le scientifique. La dernière attaque mortelle date du 14 février. Une baigneuse de 22 ans est décédée des suites de ses blessures après avoir été mordue à une jambe dans le secteur de l'Etang-Salé (sud-ouest de l'île).


Ci-dessous le reportage de Réunion 1ère : 

Réalisation Michèle Ouzoux et Claude Testa.