Rebondissement dans le dossier Corsair : pas de rachat par Air Caraïbes

Le siège du groupe Corsair, à Rungis, près de Paris.
C'est une véritable surprise, annoncée ce jeudi matin par un communiqué de Corsair : les négociations avec le groupe Dubreuil, pour le rachat de la compagnie aérienne ont échoué !

Il y a quelques jours, le mariage entre Corsair et le groupe Dubreuil, propriétaire d'Air Caraïbes semblait acquis. Le projet de cession de Corsair par le groupe TUI avait été présenté devant le Comité d'entreprise de la compagnie, et le lendemain, une conférence de presse avait confirmé cette union. Le groupe Dubreuil expliquait que Corsair et Air Caraïbes allaient devenir des "compagnies soeurs".

Patatras, ce jeudi matin à 9h30, un communiqué de Corsair annonce que "Malgré les efforts de ces dernières semaines, les parties ont conclu qu'elles ne seront pas en mesure de mener à son terme le projet de cession de la compagnie Corsair. En conséquence, le groupe Dubreuil et le groupe TUI ont mis fin à leurs discussions relatives au projet de transaction". De son côté, le groupe Dubreuil confirme à la1ère.fr "l'arrêt des discussions sur le rachat de Corsair," sans davantage de commentaire de la part du porte-parole du groupe.

Le communiqué 


La colère des syndicats

Depuis l’annonce du projet de rachat du Groupe Dubreuil, les syndicats étaient mobilisés pour réclamer davantage de "garanties" en matière d'emploi. Ils jugeaient "inacceptable en l'état" le projet de rachat de la compagnie. Les syndicats craignaient des doublons sur les postes au sol et ils voyaient d’un mauvais œil l’intention du groupe de créer en 2016 une structure qui prendrait en charge de nouveaux appareils A 350. Ils appréhendaient, en réalité, la naissance d’une nouvelle compagnie alors que le groupe Dubreuil avait pour ambition de devenir le premier opérateur privé du transport aérien en France.

Une grève reconductible à plusieurs millions d’euros

Déclenché durant trois jours le week-end dernier, le mouvement de grève des salariés de Corsair avait mobilisé 44% du personnel, selon la direction de Corsair, et 90% selon les syndicats, qui avaient déposé un nouveau préavis de grève de trois jours, censé entrer en vigueur vendredi 6 mars.

La première grève a déjà coûté cher à la direction de Corsair. Le week-end dernier, elle avait décidé d’affréter appareils et équipages pour remplacer le personnel gréviste. Tous les vols avaient ainsi été assurés, malgré des retards. D’après nos informations, cette grève aurait coûter "bien plus d’un million d’euro par jour" à la compagnie qui a voulu assurer les voyages des passagers lors de ce week-end chargé de chassé-croisé des vacances.

Marc Rochet, directeur d'Air Caraïbes, et Jean-Paul Dubreuil, président du conseil de surveillance du groupe Dubreuil, lors de la présentation du projet de rachat de Corsair, le 20 février dernier, devant la presse à Paris.

Pourquoi les négociations ont-elles échoué ?

Alors, pourquoi les négociations, déjà bien entamées, entre le groupe Dubreuil et le groupe TUI France, propriétaire de Corsair, ont-elles échoué ? La question reste encore sans réponse. Deux hypothèses selon un spécialiste du secteur aéronautique : « la grève a peut être inquiété le groupe Dubreuil qui aime que les choses se passent de manière carré. A moins qu’ils aient découvert, dans la dernière ligne droite, des éléments qu’ils ignoraient jusque là ».
Le montant de rachat de la compagnie n’avait jamais été communiqué. C'est en juin prochain que le rachat devait être effectif. Il n'aura donc pas lieu. Pour Corsair, cet atterrissage forcé est un retour à la case départ.


Première réaction des syndicats
Suite à l’annonce de la fin des négociations entre le groupe TUI France, propriétaire de la compagnie Corsair et le groupe Dubreuil, actionnaire d'Air Caraïbes, les syndicats se sont réunis, ce jeudi matin. "Les salariés sont extrêmement satisfaits. On est arrivés à ce qu'on voulait. Maintenant, il reste beaucoup de choses à faire pour élaborer de nouveaux projets avec TUI", a réagi auprès de l'AFP un responsable syndical ne souhaitant pas être cité, dans l'attente d'une communication commune. "C'est extraordinaire, c'est la victoire de David contre Goliath", a commenté une salariée. La compagnie Corsair emploie 1.150 personnes.
(avec AFP).