Le groupe Rubis, futur acquéreur des pétroliers Outre-mer, est en bonne santé financière

Le siège de la SARA au Lamentin (3 mars 2015)
Le groupe Rubis veut racheter la SRPP à La Réunion et s’apprête à devenir actionnaire majoritaire de la SARA aux Antilles. Il vient de présenter des résultats en hausse sur l’année 2014 et espère déjà les retombés financières de ses acquisitions futures. Explications. 
Bientôt, le carburant Outre-mer ce sera lui : le groupe Rubis. Propriétaire de 35,5% des parts de la Société anonyme de la raffinerie des Antilles (SARA), aux Antilles, il pourrait prochainement en devenir l’actionnaire majoritaire. Dans l’océan Indien, le groupe Rubis est également en négociations pour racheter, à Total et Shell, la totalité du capital de la Société Réunionnaise de Produits Pétroliers (SRPP).

Des résultats 2014 en hausse

Si elles sont approuvées par l’Autorité de la concurrence, ces deux acquisitions devraient lui permettre de s’implanter massivement Outre-mer. Spécialisé dans la distribution de produits pétroliers (carburants, GPL) et le stockage de produits liquides (pétrole, produits chimiques), le groupe Rubis est considéré comme le petit acteur français qui monte dans la filière pétrolière. A tel point, que des experts n’hésitent pas à parler de Rubis comme d’"une pépite dans le monde de l’or noir".

En témoignent les résultats présentés, le 13 mars dernier, par la direction du groupe. Avec un chiffre d’affaires en hausse à 2,79 milliards d’euros et un résultat net qui bondit de 13%, ces résultats dépassent même les attentes des analystes. Lors de la présentation, Jacques Riou, cogérant du groupe Rubis, a précisé que ces résultats intervenaient malgré un "environnement chaotique" et une "conjoncture économique globale plutôt maussade".


Un décret Lurel qui plombe les bénéfices du groupe

La direction du groupe a déploré une année 2014 exceptionnellement chaude en France, avec des foyers moins chauffés et un GPL, produit phare du groupe Rubis, qui ne s’est pas vendu autant que prévu. Par ailleurs, déjà actionnaire de 35,5 % de la SARA aux Antilles, le groupe Rubis a également déploré sur l’année passée, la mise en application du décret Lurel sur l’encadrement des prix des carburants Outre-mer.

Il a réduit nos résultats nets de la SARA de 30 à 35%







"Il a eu pour conséquence de réduire les résultats nets de la raffinerie de 30 à 35%", explique Jacques Riou, co-gérant du groupe, qui déplore également les difficultés qu’ont les autorités à faire respecter ce décret localement. Si le texte n’est pas favorable aux bénéfices de Rubis, il permet toutefois d’avoir une situation stable et encadrée. Une situation préférable pour le groupe qui précise : "Nul doute que ce décret finira par être appliqué en France, nous sommes dans un Etat de droit", en référence aux récentes grèves qui ont agité la raffinerie de la SARA en Martinique.

La SARA sur le bureau de l’Autorité de la concurrence

Lors de la présentation de ses résultats, le groupe Rubis a mis en avant ses acquisitions à venir : des parts majoritaires dans la SARA et l’intégralité de la SRPP à La Réunion.  Deux entreprises dont il compte tirer profit lorsque les acquisitions seront effectives. 
"Si on peut racheter, d’ici le milieu de l’année, au moins 50 % de la SARA cela viendra agrémenter de six ou sept millions le résultat sur 2015, avance la direction du groupe. A La Réunion, l’acquisition de la SRPP, devrait nous permettre d’augmenter nos résultats nets de 10 millions d’euros," prévoit Jacques Riou.

Dans les deux cas, le groupe Rubis attend le feu vert de l’Autorité de la concurrence. D’après nos informations, si cette dernière a bien été saisie du rachat de la SARA par le groupe Rubis, elle n’a en revanche rien reçu, à ce jour, concernant le rachat de la SRPP.


"Il va falloir faire dans la dentelle"

Sur les deux sites, l’arrivée du groupe Rubis a provoqué des tensions et des grèves ces dernières semaines. La direction a tenté de rassurer les salariés. Malgré tout, l’investissement du groupe dans la SARA est un enjeu de taille. C’est la première fois que Rubis investit dans une raffinerie. La structure est l’une des plus petites au monde et "il va falloir faire dans la dentelle", avouent certains. La direction, elle, souligne la complexité de faire des affaires dans la zone Caraïbes où les "économies sont indépendantes, spécifiques et sans liens entre elles".