Salon du livre : Basquiat, peintre génial et sulfureux, vu par l’écrivain guadeloupéen Ernest Pépin

L’écrivain guadeloupéen Ernest Pépin au Salon du livre de Paris, le 22 mars 2015.
Dans son nouvel ouvrage, "Le Griot de la peinture", le poète et romancier guadeloupéen Ernest Pépin s’engouffre avec brio dans l’univers légendaire du peintre Jean-Michel Basquiat. Il nous en parle au Salon du livre de Paris.
Né en 1960 aux Etats-Unis de père haïtien et de mère portoricaine, Jean-Michel Basquiat est mort d’une overdose à l’âge de 27 ans. Entre-temps, ce grand ami d’Andy Warhol fut l’un des pionniers de l’art et de la culture underground aux Etats-Unis. Graffer, dessinateur et peintre, l’œuvre fulgurante de Basquiat allait s’arracher dans le monde entier.
 
Dans son livre « Le Griot de la peinture » (Caraïbéditions), l’écrivain guadeloupéen Ernest Pépin effectue une plongée romanesque dans l’univers pictural et mental de Jean-Michel Basquiat. Introspectif et intimiste, son récit va au cœur de l’imaginaire énigmatique de cet artiste avant-garde. Au Salon du livre de Paris, Ernest Pépin a répondu aux questions de La1ere.fr. 
 
D’où vous est venue l’idée écrire cette fiction biographique sur le peintre Jean-Michel Basquiat ?
Ernest Pépin :
Mon goût pour les arts et ma fascination devant le côté atypique du personnage, homosexuel, fugueur et underground m’ont passionné et m’ont amené à explorer la vie de Basquiat. J’ai voulu restituer Basquiat tel que moi je l’avais compris. J’ai été intrigué par ce personnage. Il a des origines caribéennes par sa mère portoricaine et son père haïtien, et a été élevé à Brooklyn. C’est un homme conscient de sa négritude et conscient du destin difficile des Noirs aux Etats-Unis. Tout cela crée une révolte qui va s’exprimer par le graf et par la peinture. Une peinture qui est brisée, rythmée par de la poésie et mélangée à des créations diverses.
 

Quel est l’aspect de sa personnalité qui vous a le plus intéressé ?  
Ce qui m’a le plus intéressé c’est sa conscience de sa négritude. Comment des gens comme les jazzmen et Miles Davis, ou les boxeurs noirs américains comptaient à ses yeux. Basquiat exprimait presque de manière vaudouisante cette relation avec un monde américain qui lui était hostile. Et puis dans les tableaux de Basquiat il y a de la poésie, qui n’est pas une poésie ordinaire, classique, mais une poésie discontinue qui ébranle et interpelle. Elle nous invite à décoder le monde.
 
Y a-t-il une part d’antillanité chez Basquiat, né à New York mais d’origine caribéenne ?
Il n’a jamais ouvertement, dans sa parole, revendiqué une antillanité. Mais à mon avis Basquiat a créé cette antillanité dans sa peinture atypique. Il était conscient d’appartenir à un certain imaginaire et d’avoir certaines racines, notamment africaines.
 

Ernest Pépin, « Le Griot de la peinture » - Caraïbéditions, décembre 2014, 164 pages, 15 euros.