Le gouvernement interdit discrètement l'utilisation du malathion en Guyane, après les révélations de l'OMS

Il y a dix jours, l'Organisation Mondiale de la Santé classait l'insecticide malathion comme un "cancérogène probable". Ce produit était encore utilisé en Guyane pour lutter contre le chikungunya. Le gouvernement vient d'en interdire l'utilisation via un arrêté publié au Journal Officiel. 
C'est en toute discrétion et après une communication médiatique minimale que le gouvernement vient de mettre fin à l'utilisation du malathion en Guyane, dix jours après le classement de cet insecticide comme un "cancérogène probable" par l'Organisation Mondiale de la Santé.

Communication minimale du gouvernement

Depuis ce classement par l'OMS, alors que le conseil général de Guyane avait décidé sans attendre de suspendre les pulvérisations de malathion, le gouvernement français s'était montré réservé. A l'Assemblée nationale, Marisol Touraine, ministre de la Santé, s'était contentée de "prendre acte" de la décision de l'OMS. De son côté, George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer relativisait, expliquant que les shampooings anti-poux contiennent également du malathion. Pourtant, certains élus, comme la députée écologiste Laurence Abeille, dénonçaient un "scandale sanitaire".

Et finalement, un arrêté au Journal Officiel

Comme le révèle l'AFP, un arrêté a été publié ce 31 mars au Journal Officiel. Ce dernier "met fin à la mise à disposition sur le marché et à l'utilisation du malathion par dérogation en Guyane". 
Le texte publié au JO est sans ambiguïté sur les motivations de cette interdiction, faisant une référence directe à la décision de l'OMS : "En raison de ces nouveaux éléments de preuve, il y a lieu d'estimer que le malathion présente un risque sérieux à long terme pour la santé humaine (...) Il est mis fin de manière urgente à la mise à disposition sur le marché et à l'utilisation du malathion".  

Voici l'arrêté publié ce 31 mars au Journal Officiel et signé par trois ministères : Santé, Outre-mer et Ecologie :

 

Les trois ministres défendaient l'utilisation du malathion en août dernier
Alors que des voix s'élevaient en Guyane pour s'inquiéter de l'utilisation du malathion, les trois ministres, qui signent ce 31 mars l'arrêté interdisant l'utilisation de l'insecticide, défendaient et justifiaient son utilisation. Dans un communiqué en date du 21 août, les ministres Marisol Touraine, George Pau-Langevin et Ségolène Royal affirmaient :  "La décision a été prise après un examen approfondi de l’impact de ce produit sur la santé des populations locales et sur l’environnement. Cet examen a démontré que le « malathion » pouvait être utilisé de manière sécurisée".