Le poisson-lion, une plaie aux Antilles, mais peut-être aussi une chance...

Retour de pêche au poisson-lion
Eric Rolland signe un livre très instructif sur le poisson-lion. Cet apnéiste qui a vécu une vingtaine d’années aux Antilles raconte l’histoire de ce poisson très envahissant dans la Caraïbe. Les pêcheurs antillais doivent désormais pêcher cette espèce introduite par l’homme. 
Chasseur sous-marin. C’est ainsi qu’aime se présenter Eric Rolland. Cet ancien chef d’entreprise aux Antilles a passé une bonne partie de ses loisirs en apnée, sous l’eau, à chasser le poisson pour sa consommation personnelle. En 2012, après une bonne vingtaine d’années à arpenter les eaux antillaises, Eric Rolland s’est retrouvé pour la première fois nez à nez avec un poisson-lion.
 
Portrait poisson-lion


Chasser du poisson-lion

Depuis ce jour, l’apnéiste est passionné par cette rascasse si élégante. "C’est ma passion du moment", explique-t-il à la1ère. "Les proies que je chassais avant ont disparu. En Guadeloupe, quand je plongeais en apnée au début, je pêchais des soleils, des mérous de Nassau. Aujourd’hui, j’en vois très peu, se désole Eric Rolland. Il ne faut plus les chasser." Désormais, l’ancien chef d’entreprise installé dans l’hexagone ne chasse plus que le poisson-lion quand il est en mer, car "c’est utile pour la nature, et puis c’est bon !".
 
Eric Rolland pêchant un poisson-lion en apnée


Pas de poisson-lion en Guyane

Cet intérêt pour cette rascasse tigrée a poussé Eric Rolland à écrire "Poisson-lion !" qui paraît ce mercredi aux éditions Scitep : un petit livre très pratique sur ce poisson envahissant des Antilles françaises. "Jusqu’à présent, le poisson-lion ne s’est pas aventuré au large de la Guyane. Il n’a pas dépassé Trinidad et Tobago. Mais on ne sait jamais, s’inquiète l’auteur. On a récemment observé deux poissons-lions au large du Brésil. Il s’agit probablement d’aquariophiles qui s’en sont débarrassés. C’est un poisson très venimeux et assez glouton. Un aquariophile peut le prendre en grippe et au lieu de le tuer laisser partir bêtement dans la mer". On voit aujourd’hui les conséquences dramatiques d’un tel comportement !
 
Carte des signalements de poissons-lions


"Le poisson-lion mange de tout"

Par ailleurs, le poisson-lion n’a jamais été observé du côté de Saint-Pierre et Miquelon car il  vit dans des eaux à plus de 13°. Dans l’océan Indien et dans le Pacifique, ce poisson ne pose pas de problèmes, car il a des prédateurs. Au large des Antilles, il semble au contraire que cette rascasse ait fait le vide autour d’elle. "Le poisson-lion mange de tout : des juvéniles de toutes les espèces, précise Eric Rolland, des crabes, des langoustes, des petites crevettes et des poissons de plus en plus gros. En plus quand il pond, ses œufs sont englués dans une matière répulsive qui protège la colonie". Bref aux Antilles, on n’en a pas fini avec le poisson-lion !
 
Poisson-lion à l'affut


Une chair très fine

Eric Rolland comme beaucoup de pêcheurs et de chercheurs localement, préconise donc de s’adapter. "Il faut transformer cette fatalité en opportunité", lance l’apnéiste. "Le poisson-lion est délicieux, il a une chair très fine. Il faut juste faire attention quand on lui coupe ses nageoires urticantes. Si l’on se pique, il faut immédiatement mettre sa main sous l’eau très chaude". Regardez cette vidéo dans laquelle Eric Rolland explique comment faire des piques à apéritif avec des épines de poisson-lion :
 


Des vertus aphrodisiaques

Aujourd’hui, de nombreux chefs proposent du poisson-lion à la carte aux Antilles. De son côté, Eric Rolland donne dans son livre toute une série de recettes à faire avec la fameuse rascasse. "Il faut absolument pêcher du poisson-lion", milite l’apnéiste, c’est bon pour l’environnement. "En plus, conclut Eric Rolland, il parait que ce poisson aurait des vertus aphrodisiaques…"    

Poisson-lion !