Trois jours après le décès du jeune surfer Elio attaqué par un requin à La Réunion, que faire pour que ça n’arrive plus ? Beaucoup d’expériences ont été tentées à La Réunion, mais aussi au Brésil, en Afrique du Sud et en Australie. Certaines avec succès.
A l’Institut océanographique de Monaco, Olivier Dufourneaud, l’un des directeurs, se dit très peiné après ces deux attaques mortelles à La Réunion depuis le début de l'année. L’Institut qui a organisé une vaste exposition Requins au Musée océanographique a suivi de près la "crise requin" que vit l’île française de l’océan Indien.
Boite à outils
"Fin décembre, raconte Olivier Dufourneaud contacté par la1ère, nous avions organisé une conférence avec des spécialistes de La Réunion, d’Australie, d’Afrique du Sud, du Brésil et des Etats-Unis. Tous ces pays sont concernés par le risque requin. Nous envisageons de mettre au point une boite à outils avec toutes les solutions imaginées à travers le monde. Mais c’est vrai que sur place, cela représente un investissement financier".
Attaques mortelles à Recife
A Brest, Armelle Jung, biologiste marine s’est beaucoup intéressée à ces solutions développées à travers le monde. "A Recife, au Brésil entre 1992 et 2011, il y a eu 52 attaques dont plus de la moitié mortelles, précise Armelle Jung. La hausse de la fréquentation des eaux et la mise en place d’un grand port qui a modifié l’écosystème étaient en partie responsables de la situation".
"Les requins marqués ne sont jamais revenus"
"En 2004, les Brésiliens ont mis en place un système de pêche non-mortelle, précise Armelle Jung. Ils ont ciblé la période de fréquentation des requins, ils les ont capturés, puis largués au large, grâce à un bateau équipé d’un gros tank avec de l’eau brassée. Les requins ont été marqués et ne sont jamais revenus près des côtes".
"Des filets à toute petites mailles"
A Monaco, Olivier Dufourneaud de l’Institut océanographique salue les mesures mises en place pour les baigneurs en Afrique du Sud ou à Hong Kong "où des filets à toutes petites mailles (pour ne pas que les tortues ou les poissons se coincent dedans) permettent de créer des piscines en mer totalement sûres".
Surfer de luxe à Durban
Autour de Durban en Afrique du Sud, un système de vigie a été mis en place pour permettre de surfer en sécurité. "Au départ, un monsieur très aisé venait tout seul surfer, raconte la biologiste marine Armelle Jung, et il demandait à son chauffeur de surveiller s’il n’y avait pas de requins à l’horizon. Depuis une ONG a professionnalisé tout ca et ça fonctionne. Grâce à une alerte sonore, les surfeurs sont prévenus rapidement du danger".
Respecter les interdits
En Australie, précise cette fois Olivier Dufourneaud, "les autorités ont mis l’accent sur la prévision en signalant grâce à des drapeaux le risque requin". Toutefois "le problème essentiel, souligne Catherine Vadon du Museum national d’histoire naturelle, c’est l’imprudence des usagers de la mer. En Australie ou aux Etats-Unis, les gens sont plus disciplinés. Quand c’est interdit, il ne faut pas y aller. L’océan ne sera jamais une vaste piscine sans danger".