Procès du "tueur de l'Essonne" : Yoni Palmier avoue à demi-mot le premier assassinat

Premier procès de Yoni Palmier.
Le verdict est attendu, jeudi 16 avril, dans le procès du "tueur de l’Essonne" aux Assises d'Evry. D'origine guadeloupéenne, Yoni Palmier est accusé de quatre meurtre. Mardi, il a avoué l'un d'eux à demi-mot. L'audience a basculé, et depuis la confusion règne. 
Yoni Palmier hésite, se penche vers le micro. Pour les proches des victimes, le temps est suspendu. Puis l'accusé, jugé à Evry pour quatre assassinats, lâche dans un soulagement : "pour la famille Nathalie Davids, ne nous prenons pas la tête, considérons que je l'ai fait". "Pour le reste", c'est-à-dire les trois autres assassinats commis en février, mars et avril 2012, "je ne suis pas responsable", a-t-il ajouté immédiatement.

"Je ne veux pas attendre qu'on me tue, je préfère tuer"

Yoni Palmier avait déjà avoué avoir tué Nathalie Davids, à l'oral puis à l'écrit, à un expert psychiatre venu témoigner ce mardi, et avec qui il s'était entretenu à trois reprises quelques semaines avant le procès.

"Ayant un fort tempérament, j'ai préféré tuer, me soulager et régler mes problèmes", avait-il écrit dans une lettre, lue à l'audience par le président. "En voyant la victime à terre, je n'ai eu qu'un simple soulagement".

"Je ne veux pas attendre qu'on me tue, je préfère tuer", confessait encore dans ce texte Yoni Palmier, qui dit s'être attaqué à des personnes au hasard pour se venger d'agressions qu'il a subies sans que la justice n'intervienne.

Un aveu à demi-mot

A l'audience, l'aveu a été moins limpide. Il est "très clair" pour Me Elisabeth Auerbacher, avocate de la famille Davids, "soulagée et émue", mais contesté par Me Julien Fresnault, avocat de Palmier, selon qui l'accusé "est resté sur sa position" de la "responsabilité". Deux interprétations différentes d'une confession accouchée dans la douleur, crescendo.

"Pour le premier meurtre, je porte la responsabilité, pas de problème", commence Yoni Palmier.  "Ca on le sait, vous l'avez dit dès le premier jour", lui glisse le président, très calme, faisant tout pour ne pas le braquer. "Mais le tireur, c'est vous ou c'est pas vous?" "Quoi que je donne comme réponse, ça ne vous suffira pas, vous n'allez jamais me croire", pose Yoni Palmier, en victime.

"Vous avez une conscience, soulagez-la!"

Puis, l'accusé se donne presque le beau rôle: "Oui j'ai fait une descente, j'étais en burn-out, mais j'ai épargné des gens, je suis reparti".  Le président insiste, tout en rondeur. Et Palmier lâche la bride une première fois: "Ce que j'ai dit, c'est comme si je disais que j'avais tiré". Avant de reconnaître "avoir fait".

Dans la foulée de ce coup de théâtre, les avocats des trois autres familles de victimes ont, tour à tour, tenté d'enfoncer un coin dans sa défense ébréchée et lui faire avouer les trois autres assassinats, commis en février, mars et avril 2012. En vain.

Ainsi Yoni Palmier à Frank Natali, l'avocat de Marcel Brunetto, troisième victime de cette liste macabre: "Vous êtes dans vos imaginations qui ne sont pas les faits". "Vous n'êtes pas un monstre M. Palmier, vous avez une conscience, alors soulagez-là !", implore ensuite Adel Farès, avocat de la famille de Nadjia Boudjemia, dernière victime. "Rien à dire."

Verdict attendu jeudi

Face à la femme de Jean-Yves Bonnerue, deuxième victime, qui le supplie dignement depuis les bancs des parties civiles d'être "un homme avec un H majuscule" et d'"assumer" sa "responsabilité en tant qu'être humain", il se dérobe à nouveau : "J'ai dit ce que j'avais à dire, je ne peux pas dire ce que je n'ai pas fait". Hormis les derniers mots accordés à l'accusé après les plaidoiries de ses avocats, Yoni Palmier a livré ses dernières explications avant le verdict prévu jeudi.