Le retour de l'Etat dans le financement de la protection sociale de la Polynésie

Le président de la Polynésie, Edouard Fritch, et le Premier ministre, Manuel Valls, ont signé ensemble une convention pour le retour de l'Etat dans le financement de la protection sociale polynésienne.
Une convention a été signée, ce jeudi 16 avril, à Matignon. Autour de la table : le premier ministre Manuel Valls et le président de la Polynésie Edouard Fritch. Ce document marque le retour de l'Etat dans le financement de la protection sociale polynésienne. Explications.
Le premier ministre Manuel Valls et le président de la Polynésie française Edouard Fritch ont signé jeudi à Matignon une convention de trois ans où l'Etat marque son retour dans le financement de la protection sociale polynésienne, via une dotation de 12 millions d'euros par an.
 
Un système de solidarité différent de celui de la métropole
La Polynésie française ne dispose pas de la Sécurité sociale classique comme  dans l'Hexagone mais d'un système propre, au sein duquel existe un régime de solidarité de la Polynésie française (RSPF), dédié aux personnes les plus démunies, nettement déficitaire. Ses dépenses annuelles sont de 32,6 millions d'euros, pour environ 80.000 bénéficiaires en 2014, soit le tiers de la population de l'archipel, qui souffre de taux élevés de diabète et d'obésité.
 
Le cas des évacuations sanitaires
Dans cette convention, l'Etat va participer à hauteur de 12 millions d'euros dans les budgets 2015, 2016 et 2017, soit environ les deux tiers du déficit actuel. La convention prévoit aussi "la fin progressive du surcoût de 30% facturé pour les évacuations sanitaires vers l'Hexagone de patients polynésiens, soit une économie de 5 millions d'euros par an" pour le régime, assortie de l'annulation de la dette de 6 millions d'euros contractée par la Polynésie française
portant sur ces évacuations.
 
"L'Etat aide la Polynésie française à changer, à affronter les défis de l'avenir, à se réformer", a souligné Manuel Valls. Interrogé sur le fait de savoir si l'objectif restait à terme que l'Etat ressorte du financement, le Premier ministre a assuré que le dispositif "n'avait rien de provisoire", disant "ne pas préjuger de l'avenir".
 
Ecoutez ci-dessous Manuel Valls :
 
"Les Outre-mer demandent simplement la justice et la dignité"
Le président polynésien, Edouard Fritch, a pour sa part souligné avoir engagé des réformes qui doivent notamment équilibrer ses comptes sociaux. L'opposition polynésienne juge elle que le soutien de l'Etat ne devrait pas être conditionné à de nouveaux efforts pour la partie polynésienne. "Les Outre-mer ne demandent pas l'aide de la Nation, mais elles demandent simplement la justice et la dignité", a-t-il déclaré.
 
Ecoutez ci-dessous Edouard Fritch :
 
Une coopération franche avec l’Etat depuis l’arrivée d'Edouard Fritch  
Le soutien de l'Etat à cette compétence de protection sociale transférée à la Polynésie s'était arrêtée en 2008 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
 
Des relations entre le "Pays" et l'Etat se sont apaisées depuis un an et demi après le départ d'Oscar Temaru et le retour aux affaire des Gaston Flosse. Elles ont pris une tournure de coopération franche avec l'arrivée au pouvoir d'Edouard Fritch, qui a succédé à son ex-mentor en septembre dernier et qui entend prendre à bras le corps des réformes économiques, sociales et fiscales, malgré une majorité fragilisée par les tensions avec Gaston Flosse.