Grève aux hôpitaux de Paris : de nombreux Antillais descendent dans la rue

De nombreux Antillais ont participé au rassemblement devant le siège de l'AP-HP à Paris ce jeudi 21 mai.
Des milliers d’agents hospitaliers se sont rassemblés ce jeudi 21 mai devant le siège de l’AP-HP, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Les sept organisations syndicales sont unies pour dénoncer le projet de réforme des 35 heures. De nombreux Antillais étaient dans la manifestation.
Ils sont venus par milliers se rassembler devant le siège de l’AP-HP, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, ce jeudi 21 mai. D’après les organisateurs, 8 000 agents hospitaliers ont quitté leur service pour dire "non à la réforme".

Un conflit social d'envergure

Toutes les organisations syndicales sont unies dans cette grève pour dénoncer le projet de réforme des 35 heures de l’AP-HP. Un projet défendu par le directeur général des hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, qui fait face à son premier conflit social d’envergure. Des négociations doivent débuter le 28 mai, mais les syndicats refusent de discuter autour du projet actuel.

Dans la foule de grévistes : des Antillais. Issus de la vague "BUMIDOM" (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'Outre-mer dans les années 1960-1980), ils sont nombreux à avoir grandi dans le milieu des hôpitaux de Paris. Ce sont parfois des familles entières, originaires des Antilles, qui y ont fait carrière. Rencontres.

Aline, Martinique

"Infirmière aux hôpitaux de Paris, j’avais des horaires fixes lorsque je suis arrivée dans le métier il y a 27 ans. Aujourd’hui, ça tourne tout le temps : matin, midi, soir… On a plus de vie de famille. Mon mari travaille aussi à l’AP-HP, alors imaginez la galère à la maison. En nous voyant, les enfants n’ont pas envie de faire notre métier. C’est dommage."


Annick, Guadeloupe

"Les Antillais ont fait l’histoire de l’AP-HP et les liens sont forts entre les DOM et les hôpitaux de Paris. On se devait d’être tous réunis aujourd’hui pour défendre nos emplois, nos acquis sociaux et surtout la santé de nos patients."


Une jeune Martiniquaise

"Je suis secrétaire hospitalière depuis deux ans. Toute ma famille travaille à l’AP-HP et j’ai vu, au travers mes parents, à quel point les conditions de travail se dégradaient au fil des années. Aujourd’hui, mes parents font des horaires intenables et cumulent des RTT qu’ils arrivent à peine à poser. On ne peut pas nous supprimer ces repos indispensables."


Mireille, Martinique

"A 57 ans, je gagne 1 600 euros par mois en tant que secrétaire médicale et à la retraite, je n’aurai plus que 800 euros. Toute ma famille travaille dans l’administration, et mes six frères et sœurs ont pu obtenir leur mutation en Martinique. Moi, j’ai fait les mauvais choix… Je suis la seule ici avec les pires conditions de travail. La seule chose qui me fait tenir, c’est de penser à ma retraite dans cinq ans, je pourrai enfin rentrer en Martinique."


Leclaire, Martinique

"En voyant les conditions de travail de ma mère à l’AP-HP, j’ai voulu m’engager dans le privé, sauf que c’était pire ! Je suis aide-soignant depuis quatre ans et j’ai bien compris qu’il valait mieux être dans le public. Sauf  qu’aujourd’hui, on va nous supprimer tous les acquis sociaux obtenus par nos parents !"

Barnabot, Guadeloupe

"On n’est pas content et on le fait savoir ! Martin Hirsch doit retirer ce projet de réforme des 35 heures et repartir sur de nouvelles bases de négociations sérieuses."


Maurice, Guyane

"Infirmier à l’AP HP depuis 22 ans, je travaille de nuit et je ne suis pas concerné par la menace sur les RTT. Mais il faut être solidaire des collègues. Quand on voit que la direction n’hésite pas à toucher aux acquis sociaux, il faut s’attendre à tout. Un jour, ils tenteront sûrement de monter les agents les uns contre les autres en s’en prenant aux congés bonifiés réservés aux Ultramarins." 


Ruth, Martinique et Josiane, Guadeloupe

"En 35 ans à l’AP-HP on a vu les conditions de travail se dégrader. On fait le boulot de trois personnes alors qu'il y a plus de patients. On a fait ce métier pour soigner, pour le côté relationnel avec les patients. Aujourd’hui, on a même plus le temps de leur parler et encore moins de les rassurer. Pourtant, moralement, ils en ont besoin pour guérir ! On a l’impression de travailler à l’usine et certains ne parlent plus de patients, mais de clients. Ajoutez à cela que nos salaires sont gelés depuis huit ans… C’est un vrai ras-le-bol."


Danielle, Guadeloupe

"Quand je suis arrivée à l’AP-HP en 2007, je ne pensais pas descendre dans la rue huit ans plus tard pour dénoncer les conditions de travail actuelles. Pourtant, je suis fatiguée, épuisée, au bord du burn out. On travaille parfois sept jours sur sept, sans s’arrêter, on est à bout, et la sécurité des patients est menacée".


Victor, Martinique

"Je suis aide-soignant à l’AP-HP depuis 36 ans. D’un côté, j’ai vu les pratiques et le matériel devenir plus performants, et de l’autre, j’ai vu des effectifs diminués et des salaires gelés. Les pathologies sont de plus en plus lourdes, et les personnels de moins en moins nombreux. Allez comprendre !"


Rose May Rousseau, Martinique, secrétaire générale de la CGT AP-HP

"Il y a une très bonne mobilisation, on envoie un signal fort au gouvernement, et on espère que le message va passer : Martin Hirsch doit retirer son projet de réforme qui s’attaque aux conditions de travail du personnel et aux effectifs." (Retrouvez l'interview de Rose May Rousseau : "Une infirmière martiniquaise mène la fronde des agents hospitaliers à Paris".)


Le rassemblement en images : 

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