Les tractations débutent à Paris avant le Comité des signataires de l'accord de Nouméa, prévu vendredi

Manuel Valls et George Pau-Langevin participaient en octobre 2014 à leur premier Comité des signataires en tant que Premier ministre et ministre des Outre-mer
Vendredi prochain, une réunion extraordinaire du Comité des signataires de l'accord de Nouméa se déroulera à Paris. Un seul point à l'ordre du jour : la question très sensible du corps électoral de Nouvelle-Calédonie. Pour tenter de débloquer la situation, les négociations ont débuté en coulisses. 
Alors que vendredi prochain, le Comité des signataires se réunit à Paris pour tenter de débloquer les discussions autour de la question épineuse du gel du corps électoral, les différentes délégations arrivent les unes après les autres en entament une série de contacts dans les différents ministères. Lundi matin, c'est la délégation de Calédonie Ensemble qui a ainsi été reçue par la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin. 


Des rencontres formelles et informelles

Le​s différents protagonistes vont ainsi être reçus les uns après les autres. Mardi, c'est la délégation de l'Uni-Palika, menée par Paul Néaoutyine qui sera reçue par la ministre. Jeudi, le président du Congrès, Gaël Yanno, s'entretiendra avec George Pau-Langevin. Mais d'autres contacts moins publics et moins formels s'organisent en coulisses. "Nos agendas se remplissent rapidement, la semaine va être chargée", confie l'un des participants au Comité des signataires.

Tenter de débloquer la situation

La tenue de ce comité des signataires de l'accord de Nouméa avait été proposée fin avril par Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, en visite sur le Caillou, "pour débloquer la situation" sur ce thème. Le gouvernement en avait acté le principe début mai, par la voix de Manuel Valls. Depuis, des échanges préparatoires ont lieu entre le haut-commissaire de la République à Nouméa et les élus.

"On est d'accord pour dire qu'on n'est pas d'accord", a ironisé devant la presse Roch Wamytan, président du groupe UC-FLNKS (indépendantiste) au Congrès.
 

Quel corps électoral ?

L'unique sujet de comité exceptionnel doit être l'automaticité de l'inscription sur la liste électorale pour le référendum d'autodétermination, prévu au plus tard en 2018.  Un projet de loi du gouvernement veut réserver cette automaticité uniquement aux personnes de statut civil coutumier, dont ne relèvent que des Kanaks, et à celles qui ont voté en 1998 lors du référendum sur l'accord de Nouméa.

Bien que très divisée, la droite non-indépendantiste fait bloc pour s'opposer à ce texte et réclame une inscription automatique également pour les natifs de Nouvelle-Calédonie, inscrits sur la liste électorale générale. "Cette automaticité élargie aux natifs est un piège (...). Elle reviendrait à inscrire toutes les personnes issues de la colonie de peuplement", a également déclaré Roch Wamytan, demandant à "l'Etat français, souverain sur les élections,d'assumer ses responsabilités".
 

Fortes dissensions

Le leader kanak a préconisé un accompagnement plus fort de l'Organisation des nations-unies (ONU) dans le processus calédonien, estimant que la France "ne sait pas décoloniser".

Le Rassemblement-UMP et l'Union pour la Calédonie dans la France (UCF) veulent de leur côté que la question du corps électoral pour les élections provinciales, lui aussi objet de vives polémiques, soit abordé. La Nouvelle-Calédonie dispose de différents corps électoraux selon le type d'élection. Ils considèrent que la lecture des textes par l'Etat, qui s'est conformé à la jurisprudence de la Cour de cassation, va conduire à "purger" les listes. 
 
Le R-UMP souhaite en outre que la politique minière et la gouvernance de l'archipel soit à l'ordre du jour le 5 juin, ce que l'Etat et les autres groupes locaux ont exclu.