Une mission composée de légionnaires et de scientifiques démarre ce mardi "le raid des 7 bornes" le long de la frontière sud entre la Guyane et le Brésil. A 87 ans, Pierre Frenay retraité de l’IGN se souvient des trois missions effectuées en Guyane pour fixer cette frontière de 320 km.
A l’IGN, l’Institut national de l’information géographique et forestière à Saint-Mandé, Pierre Frenay a ses habitudes. A 87 ans, ce retraité de l’IGN passe ses après-midi dans son ancienne entreprise. Il conserve des souvenirs intacts de son épopée au fin fond de la Guyane. Il lui aura fallu trois expéditions de plusieurs mois en 1956, 1961 puis 1962 pour poser avec d'autres ces bornes en ciment qui symbolisent la frontière sèche entre la Guyane et le Brésil longue de 320 km. En ce premier jour officiel de lancement du « raid des 7 bornes » mené par des légionnaires et des scientifiques, Pierre Frenay explique à La1ère comment cette frontière s’est matérialisée.
« Jean Hurault, ingénieur géographe menait l’expédition, poursuit le géomètre à la retraite. Il n’était pas très facile à vivre, il avait mauvais caractère, jamais on ne s’est tutoyé. Malgré tout, nous sommes parvenus en 1956 à identifier cette ligne de crête qu’aucune rivière ne traverse, poursuit Pierre Frenay. Les photos d’avion n’étaient pas prêtes au départ, mais à la fin de la mission, on est arrivé à déterminer nos six points astronomiques, les futures bornes 1 à 6. Elles se situent à 40 km l'une de l'autre. Ainsi en a décidé la conférence de Rio. En forêt, on faisait 3 km par jour, ajoute Pierre Frenay, on n’avançait pas vite, mais dans la jungle c'est normal ! Pour rallier un autre point de la frontière, on remontait en pirogue par des affluents comme le Tampok ou la rivière Alice. Nous avons débroussaillé les points qui le nécessitaient et nous avons posé des piliers en bois ».
Quant à la borne 0, celle qui marque la trijonction entre le Brésil, la France et le Surinam, Pierre Frenay n’a pas participé à sa création. « En 1937, les Français et les Hollandais avaient défini ce point de trijonction. Le commandant Richard a posé cette fameuse borne 0. J’ai essayé de la retrouver en 1994, lors d’un voyage en famille, en vain... Après guerre, les Hollandais ont posé une autre borne 0, mais elle est beaucoup moins belle que celles que nous avons construites par la suite ! » Et au vu de cette photo (ci-dessous), on ne peut que donner raison à Pierre Frenay. Le maçon brésilien avait beaucoup plus de talent que son confrère hollandais.