Les Outre-mer bien présents au Festival d’Avignon

La Réunionnaise Sabine Deglise dans l’opéra « La Diva du pavé », à La Chapelle du Verbe incarné en Avignon.
De nombreux auteurs, acteurs et artistes originaires des Outre-mer investissent du 4 au 26 juillet les allées du 50e Festival Off d’Avignon et des Théâtres d’Outre-mer en Avignon (Toma). Précisions et pogrammation. 
Avignon fête cette année son 50e Festival Off. Au programme, tous les registres du spectacle vivant : théâtre, musique, danse, poésie, cirque, etc., avec officiellement 1071 compagnies (dont une quinzaine d’Outre-mer) qui joueront 1336 spectacles ! Au sein du Off, il y a également le renommé Toma, pour Théâtres d’Outre-mer en Avignon, dont l’objectif est de permettre la connaissance et la diffusion des spectacles réalisés en Outre-mer et par la diaspora de l’Hexagone.
 
Pour sa 18e édition, le Toma a choisi une programmation exclusivement réalisée par des femmes. De la danse, avec une mise en scène et une interprétation de la Guadeloupéenne Chantal Loïal dans « On t’appelle Vénus », inspirée de l’histoire tragique de la Vénus hottentote ; « Popul’hair » de la chorégraphe Myriam Soulanges (Guadeloupe) ; et « Emergences », de la chorégraphe Norma Claire (Guyane), sur les mutations des sociétés créoles. De l’opéra aussi, avec « La Diva du pavé », avec Sabine Deglise (La Réunion), formidable chanteuse lyrique créole (voir vidéo ci-dessous).
 
Côté théâtre, signalons « A petites pierres », par la compagnie KS and Co de Saint-Laurent du Maroni en Guyane, qui réinterprète une fable togolaise ; et la version haïtienne de la célèbre comédie « Les monologues du vagin », ce qui donne « Pawol chouchoun » en créole. Mise en scène et adaptée par la dramaturge haïtienne Florence Jean Louis Dupuy, cette pièce hilarante est jouée principalement en français et comporte quelques parties en créole.

>>> Le programme des Théâtres d’Outre-mer en Avignon

Toujours au Toma, une adaptation d’un roman de Charles Dickens, « De Grandes espérances », par le Studio Théâtre de Stains (Seine Saint-Denis), et un spectacle musical de l’auteur-compositeur guadeloupéenne Mariann Mathéus, intitulé « D’Afrique en Caraïbes », qui mêle jazz, rythmes d’Afrique et des Antilles, sur des textes d’Aimé Césaire, Jean Métellus, Birago Diop, etc. La programmation du Toma comporte également des projections, des rencontres-débats, des lectures et une exposition.  
Dans le cadre du Festival Off, en dehors du Toma, on compte quatre compagnies de Guadeloupe, quatre de La Réunion, et une de Nouvelle-Calédonie. (Le site du Off ici).

REGARDEZ : la cantatrice réunionnaise Sabine Deglise dans l’opéra « La Diva du pavé »


Par ailleurs, un collectif d’artistes rassemblés sous le nom d’ECA (Égalités citoyennes en actes), organise le 11 juillet à 16h30 au Cloître Saint-Louis une table ronde intitulée « Décoloniser les imaginaires ». « Nous avons pris la parole pour dire que nous n’étions pas un problème, mais la solution, la pierre qui manque pour que l’édifice ne branle pas », explique l’écrivaine guadeloupéenne Gerty Dambury dans un texte manifeste pour l’ECA. « Nous avons pris la parole pour dire que nous étions riches et fiers de nos cultures. Nous avons pris la parole pour dire que nous voulions que nos pères, mères, frères, sœurs et toute notre famille se reconnaisse sur les plateaux de théâtre ou à la télévision, au cinéma, que l’histoire de la colonisation et de l’esclavage trouvent leur place sur les plateaux, car c’est une histoire commune, c’est l’histoire de France. Pour que cette parole soit entendue à sa juste valeur, nous avons besoin de votre soutien, de vos prises de parole, que le public aussi s’exprime sur ces questions ». Une autre rencontre est prévue le 12 juillet au même endroit à la même heure sur le thème « Femmes artistes et créatrices : poids du sexisme, des origines, du patronyme et de la couleur de peau ».
 
Dans la même optique, l’essayiste et dramaturge guadeloupéen Alain Foix animera un débat le 16 juillet à 17h30 au conservatoire d'Avignon. Intitulée « En noir et blanc ou en couleurs ? Quel théâtre faisons-nous ? », cette rencontre tentera de prendre la mesure du théâtre français aujourd’hui en posant notamment les questions suivantes : « Est-il à l’image de la société ? A-t-il pris la juste mesure des changements opérés depuis la décolonisation et rend-il suffisamment compte de la présence et de la créativité des artistes d’origine diverse constituant l’identité de la France contemporaine ? N’est-il pas urgent d’intégrer au cœur du réseau de diffusion des responsables de programmation ou directeurs artistiques à l’image de la diversité de la France d’aujourd’hui ? » Dans la grande tradition du Festival Off, la confrontation d’idées sera à l’ordre du jour.