Le Conseil constitutionnel se penche ce mardi sur la tradition des combats de coqs, toujours vivante dans certaines régions françaises, dont plusieurs Outre-mer. Les Sages ont été saisis d'une Question Prioritaire de Constitutionnalité par l'avocate de deux Réunionnais.
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Après avoir autorisé la corrida, le Conseil constitutionnel se penche mardi 21 juillet sur la tradition des combats de coqs toujours vivante dans certaines régions françaises, même si la création de nouveaux gallodromes est interdite par la loi. Les sages de la rue de Montpensier sont saisis d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par l'avocate de deux Réunionnais poursuivis en justice pour avoir ouvert mi-2012 un nouveau lieu de combats de coqs dans leur quartier, à Sainte-Marie.
Le parallèle avec la corrida
L'article 521-1 du code pénal réprimant les sévices et actes de cruauté envers les animaux fait une exception pour les courses de taureaux et les combats de coqs "lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée". Contestée par les anti-corrida, cette exception culturelle a été validée en septembre 2012 par les juges constitutionnels qui ont reconnu comme étant conforme à la Loi fondamentale la "différence de traitement" entre les régions à tradition tauromachique et les autres, ces différences existant dans d'autres domaines, comme le travail du dimanche.
Nouveaux gallodromes ?
Si la question des combats de coqs n'avait alors pas été soulevée, elle relève de la même logique que la corrida, à une exception près cependant. Car la loi du 8 juillet 1964 condamne "toute création d'un nouveau gallodrome" alors qu'elle ne dit rien de la construction de nouvelles arènes. Une particularité dans laquelle s'est engouffrée l'avocate des deux Réunionnais pour dénoncer "une atteinte au principe d'égalité devant la loi garanti par la Constitution". "L'enjeu de cette audience, c'est la reconnaissance de l'égalité entre deux traditions locales. Elles peuvent être contestées par les défenseurs des animaux, mais à partir du moment où la loi reconnaît une exception pour les courses de taureaux et les combats de coqs, il n'y a pas de raison d'instaurer une différence de traitement entre ces deux traditions", a fait valoir auprès de l'AFP Me Fabienne Lefèvre.
Une tradition ancienne et répandue
La pratique des combats de coqs qui remonterait à l'Antiquité s'est répandue au cours des siècles sur tous les continents où elle sert souvent de support de paris. Sélectionnés pour leur combativité par des éleveurs ou coqueleux, les animaux s'affrontent au centre d'un espace circulaire dans un salle appelée gallodrome. Mais l'organisation de ces combats est devenue très controversée avec le temps en raison notamment des mutilations ou de la mort des animaux dont les ergots sont parfois rabotés et remplacés par une lame ou une pointe métallique. La majorité des pays occidentaux condamnent désormais cette pratique encore très prisée dans certaines régions dont l'Asie du Sud-Est ou l'Amérique du Sud.
Une tradition Outre-mer
En France, ces combats ne sont autorisés que dans certaines localités où la tradition est ancrée. C'est la cas du Nord-Pas-de-Calais, de La Réunion, la Guyane, des Antilles et de la Polynésie. Ailleurs, la pratique est interdite et les contrevenants s'exposent à deux ans de prison et 30 000 euros d'amende. Mais, comme pour la corrida, le maintien de la tradition des combats de coqs en France soulève la fureur des défenseurs des animaux. Dans le Nord où l'on dénombre plus d'un millier de coqueleurs et une cinquantaine de gallodromes, des altercations verbales ont opposé en mars des militants de la Fondation Brigitte Bardot et de l'association Cause animale Nord à des éleveurs de coqs de combat.
A La Réunion, on compte cinq gallodromes officiels, mais il existerait d'autres lieux clandestins. En 2013, la police était intervenue à Toulouse pour fermer un gallodrome sophistiqué, avec piste de combats et gradins, construit dans l'enclos d'un pavillon de gens du voyage sédentarisés, où se déroulaient des paris clandestins.