Qui sont ces Réunionnais, pépites du surf français ?

Lisa Girardet, Lucas Bernard et Mathis Crozon ont déjà participé aux championnats du monde du surf.
Ils étaient une dizaine de jeunes venus de la France entière la semaine dernière à Biarritz. Testés, notés, appréciés, ces futurs surfeurs professionnels sont en compétition pour décrocher une sélection en équipe de France. Parmi eux, quatre Réunionnais, deux garçons et deux filles.
Leur objectif : intégrer l’équipe de France de surf. Leur rêve : devenir champion du monde. Pour Lisa, Mahé, Mathis et Lucas, la passion n’a pas de limite et l’excellence est le seul mot d’ordre. Âgés de 15 ans, ils font partie du pôle espoir de surf de La Réunion. La semaine dernière, ils participaient aux sélections dans l'Hexagone, l’occasion de se faire remarquer pour intégrer l’équipe de France de surf. Qui sont ces graines de champions ?

L’année dernière, La1ère avait rencontré Mahé Javegny, elle avait quitté La Réunion pour s’installer en métropole avec sa famille. Cette année, La1ère vous présente Lisa, Mathis et Lucas.

Lisa Girardet : "L'équipe de France, le meilleur moment de ma vie"


A 15 ans, Lisa Girardet intègre une nouvelle fois l'équipe de France de surf.

Nom : Girardet
Prénom : Lisa
Âge : 15 ans
Ville : Saint-Benoît
Club : Dodo Surf Club

Déjà sélectionnée en équipe de France dans le passé, cette jeune Réunionnaise de 15 ans espère bien revivre cette expérience qu’elle décrit comme "le meilleur moment de (sa) vie". "A La Réunion déjà, j’aimais être avec les autres surfeurs du pôle, mais en équipe de France, c’est encore plus fort, plus intense, raconte avec enthousiasme la jeune fille. Les sensations sont uniques. Le surf est un sport individuel et quand on intègre l’équipe de France ça change tout. Il y a un élan, une motivation commune qui nous porte vers le haut".

Avec des parents surfeurs, Lisa a vite baigné dans le milieu. "A trois ans, ma mère me prenait avec elle sur un body et j’adorais déjà la sensation de glisse", raconte Lisa qui a très vite suivi des cours. Souriante et déterminée, la jeune lycéenne actuellement en 1ère scientifique, a toujours surfé à La Réunion, jusqu’à la crise requin. "Depuis quatre ans, je ne peux plus m’entraîner, je me suis donc inscrite au CNED pour suivre des cours à distance et je vais souvent à l’étranger pour continuer à surfer dans d’autres pays", explique Lisa, consciente de la chance qu’elle a de pouvoir voyager.


Lisa Girardet par divad-telehcnop
"A La Réunion, je me mets à l’eau uniquement s’il y a des vigies, mais le surf n’est plus aussi libre qu’avant", se rappelle la jeune Réunionnaise qui garde en mémoire l’époque "où l’on prenait sa planche tôt le matin pour passer la journée dans l’eau". D’un tempérament optimiste, la jeune fille veut se dire que son île redeviendra un jour le "pays du surf", "même si c’est dans dix ans". En attendant, cette future championne garde l’espoir de surfer à nouveau sur le spot de Trois-Bassins, et si elle ne parvient pas à faire carrière dans le surf, Lisa souhaite devenir vétérinaire.


Mathis Crozon : " Tout le monde ne peut pas être professionnel"


Mathis Crozon a déjà terminé 16e aux championnats du monde de surf.

Nom : Crozon
Prénom : Mathis
Âge : 15 ans
Ville : Saint-Leu
Club : St Leu Surf Club

Ses premières vagues, Mathis les a surfées à Tahiti. Il en garde peu de souvenirs, juste celui d’un immense plaisir. Arrivé à La Réunion à l’âge de sept ans, le jeune homme découvre alors "le paradis du surf". "C’était incroyable !" Les vagues, l’eau, les conditions, le paysage, Mathis ne quitte plus sa planche et apprécie "ces sensations uniques de la glisse, l’adrénaline et la joie à chaque vague". Un jour, un professionnel le repère, Mathis a du potentiel. Il intègre le pôle espoir de La Réunion, fait ses premières compétitions et intègre le collectif, vivier de jeunes talents qui frappent à la porte de l’équipe de France. Il en fera partie plusieurs fois et s’illustre : quatrième aux championnats d’Europe, 16e aux championnats du monde, le jeune surfeur fait la fierté de ses parents et du surf réunionnais.


Mathis Crozon par divad-telehcnop
Pourtant, la crise requin a suscité des inquiétudes. "Avec mes parents, on a pensé à déménager, mais finalement, non. On reste ! Il faut que ça change", assure Mathis qui ne surfe jamais dans l’île sans la présence des vigies requin. "Après ce qui est arrivé à Elio, surfer sans surveillance serait lui manquer de respect, assure le jeune homme. Mon petit frère, lui, a définitivement rangé sa planche."

Comme d’autres espoirs du pôle, Mathis est inscrit au CNED et suit des cours par correspondance pour voyager et pratiquer sa passion. Si plus tard, il ne parvient pas à en vivre,"parce que tout le monde ne peut pas être professionnel", assure-t-il, conscient des enjeux et de l’avenir, "je souhaite exercer un métier qui reste en lien avec le monde du surf".


Lucas Bernard : " Un bon surfeur est humble"


Lucas espère bien revivre l'expérience "équipe de France" cette année.
 
Nom : Bernard
Prénom : Lucas
Age : 15 ans
Ville : Saint-Gilles
Club : St Leu Surf Club

C’est lors d’un stage multisports que Lucas découvre le surf. Il a 6 ans, monte sur une planche et "accroche tout de suite". Amateur de natation, le marmaille découvre la glisse et prend des cours. "A huit ans, je m’y suis mis sérieusement", avoue ce jeune passionné qui a fait ses armes sur les spots de Trois-Bassins et de Saint-Leu. S’il a des rêves de championnat du monde, Lucas sait aussi qu’il faut garder la tête sur les épaules. "Un bon surfeur est à l’aise dans l’eau, il a du talent, un bon sens marin, mais il est aussi humble", estime le jeune homme.


Lucas Bernard par divad-telehcnop
Après avoir été inscrit au CNED pour voyager et pratiquer, Lucas va reprendre le chemin du lycée cette année pour entrer en 1ère littéraire. "Le dispositif vigies va s’étendre, je pourrai à nouveau surfer ici à La Réunion", explique le jeune homme qui avoue que sa maman a toujours autant peur pour lui lorsqu’il se met à l’eau. "Heureusement, mes parents comprennent que le surf, c’est ma vie."

Comment voit-il l’avenir ? Lucide sur la crise requin, Lucas a aussi conscience de faire partie de la dernière génération de surfeurs de La Réunion. "Les enfants qui arrivent n’iront jamais surfer dans ces conditions", reconnaît Lucas. "Il faut vraiment régler le problème maintenant pour sauver le surf réunionnais. Les vigies sont un début de solution, il en faut d’autres."

Né à La Réunion, le jeune surfeur "n’imagine pas vivre ailleurs" et rêve encore de surfer à nouveau, sans danger, "sur les spots de l’Hermitage et Trois Bassins". Sur ce dernier, Lucas a pourtant connu "la frayeur de sa vie". Alors qu’il surfait avec des amis, l’un d’eux se met à hurler "requin, requin". "On est tous sortis de l’eau très vite en passant par les coraux, c’était vraiment très stressant. On s’est fait très peur. Je ne veux plus revivre ça."