Statue de Clarissa Jean-Philippe : "Rendre hommage par la sculpture est message de paix et d’espoir"

Le sculpteur Jean-Marc De Pas a réalisé la statue de Clarissa Jean-Philippe dans son atelier en Normandie.
La ville de Sainte-Marie en Martinique inaugure, samedi 15 août, une statue de Clarissa Jean-Philippe, la policière victime d'Amedy Coulibaly. L’œuvre a été réalisée par un sculpteur en métropole. Jean-Marc De Pas raconte à La1ère.fr, l’émotion ressentie en travaillant cette statue.
Sculpteur professionnel depuis les années 90, Jean-Marc De Pas vient de réaliser un travail chargé d’émotions. Retranché durant plusieurs mois dans son atelier en Normandie, l’artiste a sculpté une statue de bronze de Clarissa Jean-Philippe, la jeune policière martiniquaise tuée par Amedy Coulibaly, lors des attentats de Montrouge en janvier dernier. L’œuvre sera dévoilée, samedi 15 août, à Sainte-Marie, en Martinique.

Une statue inspirée d’une photo de Clarissa

"Charlie Hebdo, Montrouge, ces attentats m’ont profondément touché, raconte Jean-Marc De Pas. Lorsque j’ai découvert la volonté de la ville de Sainte-Marie, j’ai apprécié la démarche. Rendre hommage par la sculpture est un message de paix et d’espoir". 

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Posted by Jean-Marc de Pas Sculpteur on lundi 15 juin 2015

Dans son appel d’offres, la ville souhaitait que la statue de Clarissa soit réalisée à partir d’une photo de la jeune femme, prise lors de son dernier voyage en Martinique, en décembre 2014. "C’est une photo sur laquelle Clarissa a un grand sourire, elle se tient debout sur un rocher près de la mer, les bras ouverts vers le ciel, décrit Jean-Marc De Pas. Sculpter Clarissa ainsi, et s’inspirer de cette photo pleine de douceur, est aussi un symbole de paix, opposé de toute cette violence et cette folie du terrorisme dont elle a été victime".

La photo de Clarissa dont s'est inspiré le sculpteur.


Silence et recueillement dans l'atelier

Durant quatre mois, Jean-Marc De Pas s’est enfermé dans son atelier de Bois-Guilbert, en Haute-Normandie. "Un tel travail se fait dans le silence et le recueillement, raconte l’artiste qui écoutait Mozart et Schubert pour trouver l’inspiration. La charge émotionnelle était très forte. C’était touchant de sculpter cette jeune femme qui avait toute la vie devant elle. Je travaillais avec plusieurs photos de Clarissa autour de moi pour me nourrir de ses expressions et recréer sa présence. Quand on fait un portrait, il faut de l’empathie, de la compréhension, il faut s’imprégner de la personne pour savoir quels sentiments faire passer dans son visage".

Comme un envol

Une fois le moulage de la statue réalisé, Jean-Marc De Pas l’a transporté dans une fonderie du Massif Central pour y couler le bronze. De couleur marron avec des nuances de rouge, la statue de Clarissa mesure près de 2 mètres 20. La jeune femme se tient debout, les bras ouvert vers le ciel, habillée d’une robe bustier qui lui descend jusqu’aux genoux. "C’est comme si elle prenait son envol et qu’elle disait au revoir, remarque Jean-Marc De Pas. On voit d’abord le sourire de Clarissa. Il y a beaucoup de douceur dans son visage, mais aussi de la mélancolie et de la tristesse".

La statue de Clarissa avant son départ en Martinique.

Atténuer la douleur des proches

Habitué des portraits, Jean-Marc De Pas aime mettre l’humain au cœur de ses sculptures. "Mon travail doit apporter de la douceur dans l’œil des autres, il faut que ça soit réconfortant, confie l’artiste. Un sculpteur ne peut pas redonner la vie mais il peut donner une présence poétique par l’œuvre, c’est un petit pansement pour atténuer la blessure de tous les gens qui aimaient Clarissa".

La statue sera installée, sur une pierre face à la mer, au milieu de l’esplanade "Clarissa Jean-Philippe", à la sortie nord de la ville de Sainte-Marie où vivent la mère et le frère de Clarissa. "C’est un peu comme un retour sur sa terre natale", conclut le sculpteur.