Au coeur d'Anvers, dans les réserves de nickel de la bourse des métaux de Londres

Cathodes de nickel dans l’entrepôt Impala LME d’Anvers.
Les stocks mondiaux de nickel n'ont pas progressé depuis deux mois. C'est un premier signe positif pour le cours du métal qui se situe autour de 10.000 dollars. Mais il reste plus de 453.000 tonnes de nickel à écouler. Reportage. 
À Anvers, deuxième ville de Belgique et second port d'Europe, l'Escaut est un fleuve majestueux, large de 450 mètres, qui sert de voie d'eau à grand gabarit. Sur ses rives, l'entrelac des voies de chemin de fer dessert les centres industriels de l'Europe centrale. Car Anvers est aussi le premier port européen pour l'importation des matières premières et des métaux. C'est ici qu'arrivent les containers de la SLN qui transportent le ferronickel calédonien SLN25 destiné à l'industrie de l'acier inoxydable. Les fours électriques d'Aperam à Charleroi sont à une heure de route.
 

"Warehouse" du LME

L'entrepôt Impala d'Anvers est l'un des fameux "warehouse" de la bourse des métaux de Londres (LME). Les containers et leur précieuse cargaison de nickel pur ou de cuivre s'alignent au bout des 450 mètres de quai qui bordent l'Escaut. Surprise, les hangars sont loin d'être remplis. Sous une lumière tamisée, une centaine de fardeaux de nickel est entreposée par lots de 40 plaques ou cathodes soit 1600 kg de métal pur. Valeur ? 17.000 euros au cours actuel du nickel au LME, C'est beaucoup et c'est peu quand on pense aux années fastes, quand le même lot valait 80.000 euros.
 

Trafigura joue la transparence

Le propriétaire du site est le grand négociant Suisse Trafigura. Sur place, les stocks de métaux sont très clairsemés. Où sont les stocks de nickel ? "En Asie sans doute" répond l'un de nos interlocuteurs. L'opération de communication se veut transparente, ici rien n'est secret, tout est déclaré, identifié et disponible. Les principaux clients sont les sous-traitants de l'aéronautique qui forgent des pièces en nickel pur pour les moteurs d'avions. Dans les bureaux d'Impala, de jeunes gestionnaires à l'allure décontractée suivent sur leurs écrans la livraison ou le départ des métaux. On est en août, le rythme de travail est tranquille, presque monotone. On nous demande juste de ne pas préciser le nom des entreprises qui ont produit et livré le nickel entreposé ici à Anvers. Indiquons simplement qu'il provient d'Afrique du Sud, du Canada ou de Russie. La Nouvelle-Calédonie ne produit pas de métal pur.
 

Maillage mondial du nickel

Neuf autres entrepôts du LME se trouvent sur les quais d'Anvers. Le métal entreposé est aussi la propriété d'investisseurs, certains disent de spéculateurs, qui attendent des jours meilleurs pour écouler leur marchandise. L'entrepôt Impala d'Anvers n'est donc qu'un lieu de stockage moderne et fonctionnel, un lieu de positionnement et d'échange. C'est une emprise qui intègre un réseau mondial d'entrepôts répartis dans le monde entier et surtout en Asie. La valeur globale des métaux entreposés, cuivre, étain, aluminium et nickel est confidentielle. Elle se chiffre sans doute à plus d'une dizaine de millions d'euros entre les rangées – clairsemées - de cuivre ou de nickel. La question reste donc posée ? Où sont les 453.000 tonnes de nickel du LME,  la bourse des métaux de Londres ?