Exclu de son propre parti, le président de la Polynésie, Edouard Fritch, a annoncé sa volonté de construire "une nouvelle formation politique". La rupture entre Edouard Fritch et son ancien mentor, Gaston Flosse est consommée. Comment en est-on arrivé là ? Décryptage.
L'exclusion du président de la Polynésie française, Edouard Fritch, de son propre parti par son ancien mentor Gaston Flosse et la création d'une nouvelle formation entérinent le divorce entre les deux hommes et font craindre le retour de l'instabilité. Explications.
Gaston Flosse, 84 ans, avait pourtant désigné à plusieurs reprises Edouard Fritch comme son successeur naturel. Mais une fois en poste, Edouard Fritch a pris ses distances, soucieux d'incarner une ligne plus réformatrice et une gestion plus transparente après les affaires de l'époque Flosse. Présentations de candidats différents aux sénatoriales, invectives par médias interposés, recours devant les tribunaux : la tension est montée dans le parti, scindé entre pro-Flosse et pro-Fritch.
La rupture consommée entre les deux leaders n'augure rien de bon en terme de gouvernance alors que des dossiers lourds doivent être votés d'ici la fin de l'année : réforme de la protection sociale généralisée qui régule les régimes déficitaires de la maladie et de la retraite, réformes fiscales avec la mise en place de la fiscalité communale. Edouard Fritch aura aussi à faire adopter le budget primitif 2016. Ces dossiers cruciaux risquent de s'engluer dans le jeu politique. A l'Assemblée, plus aucun groupe n'a la majorité.
► Pourquoi un nouveau parti en Polynésie ?
Le président de Polynésie a annoncé, mercredi 2 septembre, vouloir construire "une nouvelle famille politique". Une réaction d’Edouard Fritch au lendemain de son exclusion du Tahoeraa, lors d'un conseil politique qui s'est tenu le 1er septembre chez son ancien allié Gaston Flosse, président du Tahoeraa. Membre de ce puissant parti autonomiste polynésien depuis 35 ans, Edouard Fritch en était jusqu’à présent, le président délégué. Son exclusion est due à la dégradation de ses relations avec Gaston Flosse.► Les raisons de la guerre entre Edouard Fritch et Gaston Flosse ?
Les relations entre Gaston Flosse et Edouard Fritch, son ex-gendre, n'ont pas cessé de se dégrader depuis l'arrivée au pouvoir de ce dernier, en septembre 2014. Il avait pris la succession de Gaston Flosse, condamné à trois ans d'inéligibilité dans une affaire d'emplois fictifs.Gaston Flosse, 84 ans, avait pourtant désigné à plusieurs reprises Edouard Fritch comme son successeur naturel. Mais une fois en poste, Edouard Fritch a pris ses distances, soucieux d'incarner une ligne plus réformatrice et une gestion plus transparente après les affaires de l'époque Flosse. Présentations de candidats différents aux sénatoriales, invectives par médias interposés, recours devant les tribunaux : la tension est montée dans le parti, scindé entre pro-Flosse et pro-Fritch.
#Fritch soulagé, #Flosse vexé
Le Président du Pays a aussi annoncé qu'il voulait créer son propre parti http://t.co/k42rWobaTI
— Polynésie 1ère (@Polynesie1ere) 2 Septembre 2015
► Quelles conséquences sur la vie politique ?
La rupture consommée entre les deux leaders n'augure rien de bon en terme de gouvernance alors que des dossiers lourds doivent être votés d'ici la fin de l'année : réforme de la protection sociale généralisée qui régule les régimes déficitaires de la maladie et de la retraite, réformes fiscales avec la mise en place de la fiscalité communale. Edouard Fritch aura aussi à faire adopter le budget primitif 2016. Ces dossiers cruciaux risquent de s'engluer dans le jeu politique. A l'Assemblée, plus aucun groupe n'a la majorité.► Pourquoi craindre l’instabilité ?
Cette situation d'instabilité rappelle les heures sombres des dix dernières années : 13 gouvernements et 10 motions de censure se sont succédés entre 2004 et 2013. En 2010, dans un jeu politique similaire, la collectivité s'était même retrouvée sans budget voté pendant près de quatre mois. La Polynésie traversait alors une grave crise économique et institutionnelle qui a obligé Paris a intervenir plusieurs fois pour modifier son statut d'autonomie qui la régit et sécuriser les gouvernements (loi Estrosi en 2007, loi Penchard en 2011).► Quelle réaction de Paris ?
Interrogée le 3 septembre, à Paris, la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin "souhaite que l'efficacité de l'Assemblée de Polynésie ne soit pas impactée". "S'il devait y avoir des incidences sur la vie de l'Assemblée, on verrait si l'Etat doit faire quelque chose mais pour l'instant il n'y pas de motif de nous en mêler". Ecoutez la ministre des Outre-mer (au micro de Célia Cléry, Radio Outre-mer 1ère):
Pas question de dissoudre l’Assemblée pour George Pau Langevin