De l'Afrique à la Nouvelle-Calédonie, Eramet fait grise mine

Image de l'intérieur d'une usine de nickel.
Eramet n'aura donc effectué qu'un rebond furtif et sans lendemain. La brutale rechute en bourse, près de 6 % en deux jours, n'est pas liée au nickel mais à une lourde condamnation obtenue par d'anciens salariés africains. 
La justice française vient d'accorder des millions d'euros d'indemnités à d'anciens employés de la Comilog, filiale du groupe minier français Eramet au Gabon. Au total, le montant des réparations qui concerne plus de 800 travailleurs pourrait atteindre plusieurs dizaines de millions d'euros. Dans cette affaire, et après 23 années de bataille, la cour d'appel de Paris consacre un principe de compétence universelle fondé sur le déni de justice dans un dossier collectif.
 

La Comilog condamnée

Tous les employés, la plupart congolais, travaillaient sur le chemin de fer qui acheminait le manganèse extrait par la Comilog à Moanda au Gabon, minerai dont la compagnie, filiale d'Eramet, est le second producteur mondial. A la suite d'un accident spectaculaire impliquant un train de la Comilog qui fit plus de 100 morts en 1991, le Gabon avait interdit le transport du manganèse. Les salariés avaient été licenciés. Mais 857 d'entre eux avaient engagé une procédure devant la justice française avec le soutien de l'ONG Sherpa, réclamant au total 60 millions d'euros.
 
La cours d'appel de Paris a condamné la Comilog dans trois dossiers sur six. D'autres vont suivre. Ces indemnités, si elles devaient être versées en totalité, constitueraient une somme considérable pour le groupe Eramet qui affronte déjà une terrible crise crise des prix du nickel et du manganèse.
 

Incertitudes calédoniennes

Le groupe minier français qui a réussi à maintenir le plein emploi et son activité industrielle et minière en Nouvelle-Calédonie ne s'attendait sans doute pas à une aussi lourde sanction financière. Pour les analystes parisiens, les incertitudes concernant la SLN, la filiale industrielle et minière calédonienne d'Eramet, soumise à une volonté de nationalisation territoriale est un autre motif d'inquiétude. Enfin, pour ne rien arranger, les cours du nickel sont toujours déprimés et stabilisés autour de 10.000 dollars la tonne à la bourse des métaux de Londres (LME).