Tristes mines : destin lié pour le nickel et l'inox

Trader du London Metal Exchange pendant la cotation du nickel
Le secteur minier a fortement baissé à la bourse de Londres. Madagascar, Finlande ou Nouvelle-Calédonie la dégradation du contexte économique est mondiale.

Le petit "Mardi noir" boursier de Glencore

Les multinationales minières et les aciéristes de l'inox à base de nickel ont fortement chuté mardi sur les Bourses européennes, soumises aux incertitudes de la croissance mondiale et notamment chinoise. À Londres, où se trouve la Bourse mondiale des métaux ( LME ) et où sont cotés les géants miniers du secteur, Glencore a chuté de 10 %. Le cours de la multinationale anglo-suisse a été divisé par cinq depuis son introduction sur les marchés en 2011. L'ensemble des producteurs de nickel pâtit du ralentissement de la croissance chinoise qui est la première importatrice mondiale de minerais et notamment de nickel. Ce ralentissement de l'activité chinoise pèse lourdement sur les valeurs minières. Dans ce contexte particulièrement sombre, Glencore fait les frais de son lourd endettement que le groupe cherche à réduire. Ses actionnaires, dont l'association nationale des fonds de pension (NAPF) qui paient les retraites des salariés du secteur privé britannique, dénoncent la dévalorisation de Glencore en Bourse. Selon la NAPF, l'émission de nouvelles actions pour un montant de 2,5 milliards de dollars a contribué à la forte baisse en Bourse.
Dans ses énormes actifs, Glencore détient notamment près de 49,9 % du grand complexe minier et métallurgique Koniambo-Nickel (KNS) en Nouvelle-Calédonie.
 

Triste automne malgache

La grande faiblesse des cours du nickel sur le marché international des métaux contraint donc les compagnies minières à revoir leur stratégie. La tonne de métal s'échangeait à 52 000 dollars en mai 2007. À moins de 10 000 dollars la tonne aujourd'hui, soit 4,3 dollars la livre ( 1 livre équivaut à 0,453 kg ) tous les producteurs de nickel sont dans le rouge. À Madagascar, le complexe hydrométallurgique et minier Ambatovy Nickel a nécessité 6 milliards d'euros d'investissement, du jamais-vu en Afrique. Ambatovy a mis au chômage technique plus d'un millier de travailleurs malgré des coûts de production particulièrement faibles. La direction du groupe reconnaît qu'elle retrouvera une activité rentable autour de 22 000 dollars la tonne de métal... Ambatovy a été contraint d'emprunter 2 milliards de dollars supplémentaires pour continuer son activité industrielle. Si la crise se poursuit, le principal produit d'exportation de Madagascar, le nickel, pourrait mériter son surnom de "métal du diable" et entraîner dans sa chute plusieurs milliers d'emplois.
 

Marasme finlandais

Les aciéristes de l'inox ont eux aussi traversé leur pire journée mardi sur les places financières et la baisse continue mercredi. Le géant européen du secteur, le finlandais Outokumpu à perdu près de 20 % à la Bourse d'Helsinki. Outokumpu est l'un des utilisateurs du ferronickel calédonien SLN 25 (Eramet). Selon les chiffres de l'Association mondiale de l'acier (WSA) et ceux du Nickel Institut, la production mondiale a diminué de 3 % en un an, tout comme la demande en nickel. Outokumpu, mais aussi Aperam et ThyssenKrupp ont été entraînés par la forte baisse des sociétés minières. Les aciéristes de l'inox à base de nickel vont sans doute devoir vendre leur production à un prix plus bas que le coût des matières premières achetées il y a un mois. De nouvelles mesures d'austérité seront prises, les industriels de l'inox s'attendent à une nouvelle détérioration de leurs pertes d'ici la fin de l'année.