Qui est Ben Carson, le candidat noir et républicain à la Maison Blanche ?

Ben Carson lors d’une conférence de presse, le 22 septembre 2015 dans l’Ohio.
Un Afro-Américain pourrait-il succéder à Barack Obama à la présidence des Etats-Unis en 2016 ? Le docteur Ben Carson, noir et candidat à l’investiture républicaine, est dans la course. Et il y croit. Portrait. 
Il a récemment défrayé la chronique quand il a répondu « Non, je ne le pense pas. Je ne le pense pas du tout », quand on lui a demandé si l'islam était en adéquation avec la Constitution américaine. Avant de préciser : « Je ne recommanderais pas de mettre un musulman en charge de cette nation (les Etats-Unis). Je ne serais absolument pas d'accord avec ça ».
 

Spécialiste en neurochirurgie

L’auteur de ces propos, avec lesquels d’ailleurs beaucoup d’Américains sont d’accord, est le docteur Ben Carson, neurochirurgien renommé à la retraite, et candidat à l’investiture du Parti républicain pour la présidentielle de 2016. Selon les sondages et les Etats, Carson est en deuxième ou troisième position derrière le principal favori, l’homme d’affaires Donald Trump, qui caracole dans les intentions de votes des conservateurs.
 
Singulier parcours que celui de Ben Carson, qui incarne pour ses partisans la réalisation du rêve et des opportunités de l’Amérique éternelle. Né en 1951 dans les quartiers pauvres de Détroit, il a été élevé avec son frère aîné par sa mère, divorcée quand il avait huit ans. Carson affirme souvent devant son public que sa vie a connu un tournant à l’âge de 14 ans, le jour où il a tenté de poignarder l’un de ses camarades, et que, par miracle, la lame du couteau n’a fait qu’effleurer sa victime.


C’est alors qu’il découvre la foi et se plonge dans la Bible, ce qui va changer le cours de son existence. De brillantes études le conduisent à l’université de Yale, où il obtient une licence en psychologie, avant de faire médecine à la faculté de l’université du Michigan. Il rejoint ensuite l’hôpital John Hopkins de Baltimore où il se spécialise en neurochirurgie pédiatrique et en oncologie.
 
En 1987, il réalise, à la tête d’une équipe médicale de 70 personnes, une première mondiale en séparant deux jumeaux siamois allemands rattachés par la tête. L’intervention dure 22 heures, et les bébés survivent. Parallèlement à ses activités hospitalières, Ben Carson a également été professeur de neurochirurgie. Il a reçu un grand nombre de distinctions officielles pour sa carrière, dont le déroulement a fait l’objet d’un film en 2009 intitulé « Des mains en or ». Carson a aussi écrit plusieurs livres à succès, dont son autobiographie « Gifted Hands : The Ben Carson Story ».
 

Authentique conservateur 

Le médecin s’est toujours intéressé à la politique, mais ce n’est qu’en novembre 2014 qu’il rejoint le Parti républicain. « Je suis un pragmatique », dit-il en expliquant sa décision. « Je crois que c’est une très bonne idée que des médecins, des scientifiques, des ingénieurs, et que d’autres personne formées pour prendre des décisions basées sur des faits et des données concrètes s’impliquent dans l’arène politique ». 
 
Ben Carson a le profil de l’authentique conservateur. Extrêmement pieux, il est membre de l’église adventiste, et ses convictions sont le reflet de sa foi. Le candidat ne croit pas en la théorie de l’évolution, il est contre l’avortement et le mariage entre personnes de même sexe. Dans la tradition républicaine, il est profondément libéral sur le plan économique et veut promouvoir la responsabilité individuelle contre un Etat qu’il juge invasif. A propos de la loi d’Obama sur l’accès à la santé pour tous, Carson a déclaré notamment : « Obamacare est vraiment, je pense, la pire chose qui soit arrivée à ce pays depuis l’esclavage. Et c’est, d’une certaine façon, de l’esclavage, car cela nous asservit tous à l’Etat. »
 

Cette sortie a valu à Carson beaucoup de critiques, mais pas dans son camp où il a été au contraire vivement plébiscité. Par ailleurs, le chirurgien retraité a su rassembler chez toutes les communautés, blanche comme noire. Il bénéficie d’une large base dans l’électorat évangéliste, qui est nombreux dans le Sud des Etats-Unis et chez les Noirs. Ben Carson est certes peu charismatique comparé à Obama, mais qui sait si l’électorat républicain, lassé par les rodomontades de Donald Trump, ne préfèreront pas le réservé mais très sérieux docteur ?