Mayotte: Le président de l'Union des Comores ne désarme pas

Le président de l'Union des Comores Ikililou Dhoinine a dénoncé une fois de plus hier devant les Nations unies l'attitude de la France qui continue à "exercer son pouvoir sur notre territoire" et refuse aux Comoriens la possibilité de "circuler librement chez eux".

Depuis son arrivée au pouvoir en 2011, c'est le 4ème et dernier discours d' Ikililou Dhoinine, président de l'Union des Comores, devant l'Assemblée-générale des Nations-unies. S'inscrivant dans la trajectoire de ses prédécesseurs, il revendique avec constance la souveraineté comorienne sur l'île de Mayotte, tout en dénonçant la "dignité bafouée de son pays par une puissance "Membre du Conseil de Sécurité."

"L'Union des Comores est le seul pays au monde qui, lors de son accession à l'indépendance, n'a pas eu droit au respect du droit...L'archipel des Comores est amputé d'une partie de son territoire par l'ancienne puissance coloniale, la France, au mépris de toutes les normes et principes qui régissent les relations internationales."












 

« Vous êtes venus rappeler votre attachement indéfectible à la France »
Pour la France, la question de Mayotte est définitivement réglée depuis le 31 mars 2011, lorsque l'île est devenue officiellement le 101ème département français. En visite à Mayotte le 22 août 2014, François Hollande a d'ailleurs remercié les Mahorais avec des mots qui ne laissent aucune place aux doutes.

Vous êtes venus rappeler votre attachement indéfectible à la France et à la République, dont vous êtes partie intégrante, dont vous êtes une chance, un atout pour son avenir. A chaque consultation, chaque fois que Mayotte a été interrogée sur son avenir, ce fut toujours la même réponse : oui à la France, oui à la République.













Le lendemain à Moroni, aux Comores, François Hollande est accueilli avec une pancarte à l'image de son discours de la veille, ferme et sans ambiguïté: "Mayotte est Comorienne et le restera". Un peu plus tard, au 4ème sommet de la Commission de l'océan Indien, le Chef de l'Etat français écoute impassible l'appel insistant du président comorien à régler le différent sur la souveraineté de Mayotte qui oppose les deux pays depuis des décennies :

"Les Comoriens espèrent que les discussions entamées pour la résolution du différent qui oppose notre pays au vôtre, la France, sur la question de Mayotte nous permettront de parvenir à un dénouement heureux, conformément aux résolutions des Nations unies"













Les athlètes mahorais provoquent une crise diplomatique


Un an après la visite de François Hollande aux Comores et à Mayotte, la 9ème édition des Jeux des îles à La Réunion met une nouvelle fois en lumière les tensions qui existent entre les deux pays sur la question de Mayotte. Lors de la cérémonie d'ouverture, la délégation comorienne se retire des jeux pour protester contre le défilé des athlètes de Mayotte qui ont décidé de se ranger derrière le drapeau français. D’autres incidents viendront également émailler cette épreuve sportive.

Le  niveau de vie renforce l’atractivité de Mayotte...

A Mayotte, la départementalisation est en marche et produit ses effets. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant de Mayotte (6.575 euros par habitant en 2010) est huit fois supérieur à celui des Comores (760 euros en 2010). C’est du moins ce qu’indiquait en 2012 un rapport du Sénat. Le système de santé est incomparable avec les unités de soins d’Anjouan, le RSA a été revalorisé de 50%, le SMIC, l’allocation au logement ou encore l’allocation de rentrée scolaire sont aujourd’hui au même niveau que partout en France. Les acteurs du développement du territoire impliqués dans l'élaboration du processus Mayotte 2025 le précisent: « Il s’agit de concevoir le schéma directeur d’un avenir solidaire, construit sur des bases durables, respectueuses des hommes, des femmes et de leur environnement »

...Et attire chaque année davantage de migrants


Selon les estimations, la population immigrée clandestine à Mayotte pourrait s'élever de 50.000 à 60.000 personnes, dont 90% d'origine comorienne, soit environ un tiers de la population officielle de Mayotte (qui comptait 214.700 habitants au 1er janvier 2013, selon l'Insee).

Entre le département de Mayotte et l’île comorienne d’Anjouan, dans le canal du Mozambique, les traversées clandestines sont régulièrement meurtrières. Cette année encore, devant l'assemblée-générale de l'ONU, le chef de l'Etat de l'Union des Comores s'est élevé contre le visa Balladur qui empêche de "faciliter la circulation des biens et des personnes".
Avant l'instauration du visa Balladur, les familles étaient éparpillées dans l’archipel et le cabotage d’une île à l’autre était quotidien. Depuis 1993, ce visa est obligatoire pour Mayotte, mais tellement difficile à obtenir que seules les élites comoriennes en bénéficient. Les autres choisissent l’immigration clandestine dans l’espoir d’une vie meilleure.

Difficile de compter les victimes. Selon les autorités comoriennes, en 20 ans, au moins 12 000 personnes auraient péri dans ce "canal de la mort".  Côté français, un rapport sénatorial datant de 2012 compte entre 7 000 et 10 000 morts à Mayotte depuis 1995.