Colloque sur les changements climatiques au ministère de l’Outre-mer : ce qu’ils ont dit

A un mois et demi de la conférence Climat à Paris-Le Bourget, le ministère des Outre-mer a organisé ce jeudi un colloque sur les Outre-mer et les changements climatiques. Le président de la Polynésie, Edouard Fritch y était, Serge Letchimy, président de la région Martinique aussi. 
Une mini-COP21 s’est tenue ce mardi au ministère des Outre-mer. Certes pas de signature d'un protocole à la fin, mais une série de discours autour du changement climatique et de ses conséquences Outre-mer. Chaque collectivité a ses préoccupations et ses propres solutions. Exemple avec Serge Letchimy. Le président de la région Martinique est arrivé avec sous le bras son grand projet de transport en commun, une véritable révolution Outre-mer où la voiture est reine.
 

Deux projets d'aires marines protégées en Polynésie

Edouard Fritch, le président de la Polynésie n’est pas venu seul du Fenua. Les promoteurs de deux projets d’immenses aires marines protégées, l’une aux îles Marquises, l’autre dans l’archipel des Australes, étaient également présents. Si ces projets aboutissent, la France pourra se targuer d’avoir la plus grande surface maritime protégée au monde. Or si l'on en croit Maina Sage, député de Polynésie, "plus la nature est protégée, plus elle résiste".
 
La1ère vous donne un aperçu de ce colloque en photo avec des propos choisis :
 
Edouard Fritch, président de la Polynésie française et Maina Sage, député de la Polynésie
Edouard Fritch : "Nous sommes le seul pays au monde à avoir construit des abris de survie (en cas de cyclones NDLR). Depuis 1971, nous mettons en place des aires marines protégées. Depuis 10 ans, nous produisons de la climatisation grâce à l'eau des profondeurs des océans. Sur un territoire aussi vaste que l'Europe, la Polynésie doit gérer la population de 20% des atolls du monde (...) Mais la Polynésie a été oubliée. Elle n'est éligible ni aux fonds nationaux ni aux fonds verts pour le climat".

Maina Sage : "Il faut apprendre à s'adapter, car les impacts sont déjà là. Là où nous avons conservé une agriculture traditionnelle, les sols sont protégés. Nos territoires d'Outre-mer peuvent exporter des pratiques traditionnelles bonnes pour l'environnement. Je vous donne trois exemples : le jardin créole, le Faré bioclimatique (technique de ventilation) et le rahui, une aire marine protégée traditionnelle. Dans nos cultures, nous avons des stratégies de bon sens pour lutter contre le réchauffement climatique" 

Serge Letchimy, président de la région Martinique
Serge Letchimy : "97% de la surface maritime se trouve Outre-mer. Les sargasses, il faut voir cette invasion comme une opportunité (...) Nous avons engagé des réponses en matière de transport avec un projet en site propre avec deux lignes entre le Lamentin et Fort-de-France, l'une de 9 km, l'autre de 12 km."

Louis Galantine, vice-président de la région Guadeloupe
Louis Galantine : "La région fait la loi en matière d'énergie. cette habilitation que nous avons reçu de l'Etat était nécessaire pour inventer notre politique énergétique. Nous avons désormais une école d'ingénieurs dédiée à l'énergie. Notre consommation s'est stabilisée et dans notre mix énergétique, nous avons 18,4% d'énergies renouvelables"

Philippe Gomès, député de la Nouvelle-Calédonie
Philippe Gomès : "La Nouvelle-Calédonie a du chemin à accomplir. 98% des nos énergies sont fossiles. La part des énergies renouvelable dans notre mix énergétique est de 11%. Si l'on ne fait rien, on va vers une catastrophe (...) Et pourtant nous sommes un pays de cocagne pour les énergies renouvelables et nous ne les avons jamais développés". 

Thomas Changeux, de l'IRD (Institut de recherche pour le développement)

Thomas Changeux : "Depuis 2011, nous avons des échouages d'algues sargasses aux Antilles et en Afrique. En 2013, il n'y a pas eu d'échouages aux Antilles. En revanche depuis 2014, on assiste à des épisodes fréquents. Les Américains ont découvert une nouvelle zone de concentration des algues sargasses au large du Brésil, mais bien avant ça une autre zone (en plus de la mer des sargasses au large de la Floride NDLR) avait été découverte au large du Mississipi. Nous voulons créer un consortium international de chercheurs. les Brésiliens sont déjà très intéressés".  

Pascal Erhel, chef du projet UNESCO Marquises, sur les aires marines protégées
Pascal Erhel : "J'appartiens à l'archipel des Marquises. Ce sont les îles les plus belles au monde ! Les aventuriers et les peintres le disent. On a un patrimoine exceptionnel et pour la partie maritime nous avons la volonté de mettre en place une aire marine protégée. En attendant, nous avons crée les aires marines éducatives, un concept devenu réalité en 2012 à Vaitahu. Il suffit d'une baie, d'une école et d'un référent au patrimoine. L'objectif c'est de mieux connaître la mer pour la protéger et les enfants sont les acteurs de ce projet. Aujourd'hui nous avons six aires marines éducatives aux Marquises. C'est un label déposé à l'INPI, c'est donc la propriété de la Polynésie et nous commençons à exporter de principe, notamment à Brest".

Alexandre Magnan, chercheur à l'IDDRI
Alexandre Magnan : "Chaque Outre-mer a déjà une expérience des problèmes futurs dus au réchauffement climatique (cyclones notamment) et donc des solutions pour s'adapter." 

Pierre Quignard, secrétaire général chargé de la COP21
Pierre Quignard : "On attend à la COP21 40 000 personnes pendant 15 jours. Nous avons demandé aux délégués d'utiliser les transports en commun pour aller au Bourget. Toute la restauration est pensée en produits de saison, en circuit court. (...) Le 7 décembre, une conférence sur l'appel de Fort-de-France sera organisée au sein de la COP21". 

Pascale Jouannot, déléguée Outre-mer du Muséum national d'histoire naturelle
Pascale Jouannot : "J'aime citer cette phrase de Jean-Marie Tjibaou : "quand vous marchez dans un jardin sans savoir distinguer la salade de la mauvaise herbe, alors vous marcherez sur la salade et sur la mauvaise herbe". Tout passe par la connaissance".