L'après judo, une séquence difficile pour la championne guyanaise Lucie Décosse

La triple championne du monde revient en invitée d'honneur ce week-end à Bercy pour le tournoi de Paris de judo. Aujourd’hui âgée de 34 ans, La Guyanaise qui a mis un terme à sa carrière en 2013 s’interroge sur son avenir avec cette question profonde: "A quoi tu sers" quand tout s’arrête ?

J'ai toujours dit: ce n'est pas ma vie le judo. Mais en fait, si."

"Quand j'ai arrêté, je n'avais plus envie de faire du judo. Je me suis donc posé cette question. Je me suis dit : Fais au moins des enfants, comme ça tu seras maman et tu sers à quelque chose",  affirme Lucie Décosse dans un entretien à l'AFP. "D'un coup, tu ne fais plus le seul truc que t'as fait toute ta vie, le sport. C'est bizarre. J'ai toujours dit: ce n'est pas ma vie le judo. Mais en fait, si".

"Tous les jours il y a quelqu'un qui te demande: qu'est-ce-que tu fais, c'est quoi ton métier?"

Dans cet entretien, la championne revient sur les 2 années qui ont suivi l'arrêt de sa carrière. Elle a dit stop à 32 ans à l'issue des Mondiaux-2013 à Rio, après avoir construit le plus beau palmarès de l'Histoire du judo féminin français: 2 médailles olympiques (or en 2012 et argent en 2008), 4 médailles mondiales (or en 2011, 2010, 2005 et argent en 2007) et 7 médailles européennes (dont 4 en or)."L'année d'après, c'est dur. Je ne le vivais pas comme une petite mort comme tout le monde le dit. L'après carrière pour moi c'était la belle vie. Plus de régime, plus d'entraînement", assure-t-elle. "Mais tous les jours il y a quelqu'un qui te demande: qu'est-ce-que tu fais, c'est quoi ton métier? Ça m'a mis la pression et me la met encore aujourd'hui", poursuit la championne.

Quand tu arrêtes le judo, en gros tu n'es plus personne

Pour l'aider à traverser cette période, elle a raconté sa vie dans un livre, "Je suis restée debout", paru l'été dernier (Editions du Moment). "Ça m'a fait une petite thérapie. Dans l'esprit des gens, quand tu arrêtes le judo, en gros tu n'es plus personne. Alors j'ai raconté mon histoire. Maintenant je peux faire ma vie", souligne-t-elle. La Guyanaise a aujourd'hui plusieurs casquettes. Diplômée en journalisme, elle réalise des reportages vidéo et joue les consultantes. Elle honore aussi son partenariat avec son équipementier. Et depuis peu, elle est entraîneur en équipe de France pour les cadettes.

Invitée d'honneur dimanche à Paris-Bercy

Etonnant pour celle qui avait juré de couper tout lien avec le judo une fois sa carrière achevée: "Je le fais parce que j'aime le judo et j'ai du mal  m'en décoller", se justifie-t-elle.

Lucie Décosse est consciente que c'est grâce à son palmarès qu'elle peut désormais vivre sa nouvelle vie: "Je me sens carrément privilégiée. La carrière que j'ai faite me met aujourd'hui dans une situation très confortable. Aujourd'hui j'ai la chance d'avoir un peu de temps. Et un peu d'argent". Et c'est parce qu'elle a été la grande championne olympique en 2012 qu'elle est l'invitée d'honneur dimanche à Paris-Bercy pour un moment exceptionnel: la présence sur le tatamis des 11 champions olympiques de l'histoire du judo français."Bercy est le seul endroit où tu as l'impression que tu as des fans !"