Présidentielle en Haïti : l'opposition dénonce "le projet dictatorial du pouvoir en place"

Jude Célestin, candidat de la Ligue alternative pour le progrès et l'émancipation haïtienne (Lapeh), le 6 novembre 2015 à Port-au-Prince.
Jude Célestin, arrivé en deuxième position du premier tour de l'élection présidentielle haïtienne, selon les résultats annoncés jeudi par le Conseil électoral provisoire, a assuré lors d'une conférence de presse vendredi qu'il ne laissera "pas passer le projet dictatorial du pouvoir en place". 
Le candidat du parti Lapeh, crédité de 25% des suffrages, considère que les résultats sont "une farce ridicule" : "Les résultats du peuple n'ont pas encore été annoncés", a affirmé Jude Célestin. L'homme de 53 ans accuse directement les autorités actuelles de dérive autoritaire. "Ils ont mis en place une force de répression pour écraser le peuple, pour tuer les gens mais ils ne pourront pas tuer tout le peuple", a-t-il déclaré, suscitant de larges applaudissements de ses partisans.
        
Au lendemain de l'annonce des résultats du scrutin qui s'est tenu le 25 octobre, les protestations de l'opposition se sont multipliées, avec des manifestations et même plusieurs barricades de pneus enflammés dans les rues de la capitale.
        

"Neg Bannan nan"

Jovenel Moïse, choisi par le président Michel Martelly pour représenter son parti, est arrivé en tête du scrutin avec plus de 32% des voix. L'homme de 47 ans est un entrepreneur agricole spécialisé dans la banane, d'où son surnom dans cette campagne électorale : "Neg Bannan nan", soit "l'homme de la banane" en créole.
                 
Les Nations unies et le "Core Group", (regroupant les ambassadeurs du Brésil, du Canada, de la France, de l'Espagne, des Etats-Unis et de l'Union européenne) ont "déploré les actes isolés de violences et de vandalisme". Dans leurs communiqués publié vendredi soir, ces diplomates "prient instamment les autorités haïtiennes d'arrêter et de juger les responsables, en pleine conformité avec la loi".
        

Contestation devant les tribunaux

L'organisation des Etats américains (OEA) a indiqué par communiqué qu'elle déploiera, comme en octobre, "une mission d'observation pour le second tour des élections présidentielles prévu au mois de décembre". En attendant ce nouveau scrutin, l'OEA "encourage les partis politiques et les citoyens à faire usage des voies légales disponibles pour faire valoir toute potentielle inquiétude".
        
Les principaux partis d'opposition ont déjà annoncé qu'ils allaient contester les résultats devant les tribunaux comme le permet la loi électorale. Jude Célestin a par ailleurs expliqué que des pourparlers seraient en cours avec d'autres prétendants à la présidence, sans que des détails aient été fournis sur ces discussions.