Mayotte : grève générale et polémique à l'arrivée de la ministre des Outre-mer

Manifestants à l’aéroport de Dzaoudzi–Pamandzi de Mayotte, à l’arrivée de la ministre des Outre-mer, le 9 novembre 2015.
L'intersyndicale CGT-CFDT-FO-FSU-Solidaires-FAEN a relancé lundi la grève générale pour "l'égalité des droits, la solidarité et une vraie justice à Mayotte", à l'occasion de l'arrivée en fin de journée de la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin dans le département. 
Entre 700 et 800 agents des différents services publics et d'entreprises privées, selon les organisations syndicales, se sont retrouvés le matin à Mamoudzou en Grande Terre avant de se rendre à l'aéroport de Pamandzi en Petite Terre munis de drapeaux et pancartes revendicatives. Ils ont légèrement chahuté la ministre des Outre-mer, en visite sur l'île pour moins de 48 heures.
        
Par ailleurs, l'utilisation par Mme Pau-Langevin d'un jet privé pour le trajet La Réunion-Mayotte a été révélée par la chaîne de télévision Antenne Réunion. Selon ce média local, ce déplacement aurait coûté 50.000 euros, un prix que le ministère a assuré à l'AFP être "surévalué", sans plus de précision.
        

Jet privé 

Selon une source proche du dossier, le coût avoisinerait les 40.000 euros. "Il n'y a aucunement lieu à une polémique", a tranché Mme Pau-Langevin dans un droit de réponse adressé à Antenne Réunion. L'affrètement "dans le respect strict du code de marché public de l'Etat" est justifié par "un agenda contraint" que ne permettaient pas d'honorer les vols réguliers, explique la ministre dans ce courrier que l'AFP a pu consulter. De plus, ce déplacement a été programmé au nom des "engagements pris dans le cadre du pacte de Mayotte 2025" en cours de rédaction et en raison du "contexte social actuel", ajoute-t-elle.

En effet, la tension sociale est remontée à Mayotte ces dernières semaines. Les syndicats se disent "déçus de constater qu'il n'y avait quasiment rien d'abouti fin septembre" alors que des discussions sont en cours "depuis le mois de mai dernier", a expliqué Yan Duroza, délégué SNES/FSU. "C'est pourquoi (...) ils ont décidé de créer un rapport de force par ce mouvement de grève", a poursuivi M. Duroza.
        

"Egalité des droits"

La même intersyndicale avait réuni entre 2.000 et 3.000 manifestants le 3 novembre pour revendiquer "l'égalité des droits" par rapport au reste du territoire français. L'intersyndicale demande entre autres d'agir pour augmenter "l'attractivité du territoire pour les fonctionnaires" afin d'obtenir "un service public de qualité à Mayotte"; d'appliquer le droit commun en matière de code du travail ou encore l'égalité des salaires, a indiqué M. Duroza, insistant pour "que Mayotte n'ait pas de dérogation particulière (...) que le droit commun s'applique ici". "Nous tenons à ce que la visite de la ministre soit un moment où elle puisse dire que le gouvernement nous a entendus et qu'il va agir dans le sens de nos revendications", a-t-il ajouté.