Mayotte retrouve le calme après les violences en marge de la grève

Une rue de Mamoudzou durant les manifestations, le 12 novembre 2015.
Le calme était revenu jeudi soir à Mayotte après une nouvelle journée de grève générale émaillée de débordements violents de jeunes gens, des actes condamnés par les syndicats et par le préfet, qui a promis de la fermeté en cas de renouvellement. 
La journée avait débuté par des opérations escargot afin de paralyser la circulation, mais les syndicats ont perdu le contrôle du mouvement et ont été débordés par des bandes de jeunes qui ont dressé des barrages, brûlé des voitures et jeté des pierres sur des véhicules, dont ceux de la police. Des journalistes qui tentaient de filmer ou prendre des photos ont été pris à partie, molestés et caillassés, comme une journaliste de Mayotte 1ère. Un photographe du Journal de Mayotte a été agressé et légèrement blessé.
           

Les syndicats déçus 

En fin de matinée, le convoi de l'intersyndicale CGT-CFDT-FO-FSU-Solidaires-FAEN, en pleine opération escargot, a lui-même été bloqué par des jeunes à Doujani. Les liaisons maritimes entre la Grande Terre et la Petite Terre sont restées bloquées. Les syndicats, déçus par les réponses "insatisfaisantes" du gouvernement à leurs revendications, avaient appelé jeudi à la poursuite et au durcissement du mouvement de grève, alors qu'ils revendiquent "l'égalité des droits" à Mayotte par rapport au reste du territoire français, notamment au niveau des salaires.
           
Les mesures annoncées par la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin mardi soir, lors de son déplacement dans le jeune département de l'océan indien, n'avaient pas apaisé les syndicats. Le préfet Seymour Morsy a rencontré de nouveau l'intersyndicale jeudi après-midi, mais elle est restée sur ses positions et a annoncé la reconduite de la grève pour vendredi.
           
"Nous avons été chez le préfet pour démontrer que malgré tout ce qui peut se passer, nous sommes ouverts au dialogue mais nous savons aussi pertinemment qu'il n'y aurait pas eu grand chose entre le départ de la ministre hier (mercredi) et la rencontre d'aujourd'hui", a déclaré Rivomalala Rakotondravelo dit "Rivo", secrétaire départemental du SNUipp-FSU Mayotte.
                       

Discours de fermeté 

"Le préfet nous a demandé de faire une proposition de protocole d'accord de fin de conflit, nous allons jouer le jeu mais nous maintenons la poursuite de la grève", a poursuivi Rivo. De son côté, le préfet a tenu un discours de fermeté lors d'une interview à la télévision Mayotte 1ère: "Demain (vendredi), tout ce qui n'est pas lié aux revendications syndicales fera l'objet d'intervention des forces de l'ordre".
           
"Demain, la priorité des priorités sera de (...) disjoindre ceux qui s'ennuient et font n'importe quoi de ceux qui revendiquent et pour lesquels il faut qu'on puisse entendre les revendications", a ajouté M. Morsy, précisant que les forces de l'ordre n'étaient pas intervenues dans la matinée pour comprendre qui était à la manoeuvre des troubles. Il a par ailleurs lancé un appel "à la responsabilité des syndicats".
           
Si ces derniers ont condamné les dégâts, ils estiment qu'ils sont "le fait d'enfants laissés à l'abandon par leurs parents et que l'Etat devrait prendre en charge pour qu'ils ne troublent pas l'ordre public", a déclaré Balahachi Ousseni, secrétaire général CFDT de Mayotte.
           
Depuis Paris, la ministre a rappelé que la feuille de route de rattrapage "par étapes" de Mayotte demeurait le plan "Mayotte 2025" que "tout le monde à signé". "Aujourd'hui, certaines organisations syndicales veulent aller plus loin et plus vite que ce qui a été prévu (...) sur le plan humain je comprends : quand on est département, on veut être à égalité avec les autres, mais la difficulté est qu'on ne peut rattraper en une année des années et des années de difficultés", a souligné Mme Pau-Langevin sur Radio Outremer 1ère.