Attentats : comment parler de l’horreur aux enfants ? Une professeur martiniquaise en région parisienne témoigne

Dessins d'enfants réalisés à la suite des attentats du 13 novembre 2015 à Paris.
Professeur des écoles dans un établissement en région parisienne, M.A., qui est martiniquaise, a parlé lundi avec ses élèves des tragiques attentats qui ont endeuillé la capitale. Témoignage. 
Elle est professeur des écoles dans un établissement situé dans la petite couronne parisienne. M.A., qui a souhaité garder l’anonymat, a été confrontée dès lundi matin à ses élèves du primaire, âgé de neuf à dix ans, trois jours après les terribles attentats de Paris. Elle a accepté de parler de cette journée particulière à La1ere.fr.
 
« Nous avons été invités à parler aux enfants par un courrier que nous avons reçu de la ministre. Il fallait présenter les faits tout en se détachant émotionnellement et accueillir la parole de l’enfant », explique M.A. « Nous ne sommes pas vraiment formés pour ça, mais c’est une question de bon sens. Cependant en tant qu’agent, on est tenu de mettre son émotion à distance. Il faut la contenir pour montrer aux enfants que l’on est rassurant dans notre attitude et notre posture. Ce n’est pas forcément simple d’un point de vue humain. »

 

Les enfants savent ce que c’est que le terrorisme. Ils sont au courant de beaucoup choses, ils savent faire très clairement la différence entre islamiste et musulman"









Pour ce délicat exercice, M.A. a demandé à être accompagnée par un adulte. Il s’agissait d’un animateur d’un centre de loisir proche avec qui elle avait déjà travaillé sur des projets culturels. « Cette fois-ci c’était plus difficile qu’après les attentats de janvier » dit-elle. « La majorité de mes élèves avaient vu des images en boucle durant tout le week-end. Certains avaient vu les corps allongés. Je leur ai dit que nous étions là pour essayer de comprendre ce qui était arrivé, et qu’à la maison ou à l’école nous étions en sécurité. Il fallait les rassurer. »
 
« Les enfants savent ce que c’est que le terrorisme. Ils sont au courant de beaucoup choses, ils savent faire très clairement la différence entre islamiste et musulman », poursuit M.A. « J’ai trouvé qu’ils ont beaucoup de lucidité par rapport aux événements. C’est assez impressionnant mais salvateur. Cela m’a permis de décompresser car pendant deux jours je m’étais demandé comment pouvoir leur expliquer l’inexplicable. Du coup les choses se sont faites tout à fait naturellement. »
 
A LIRE ICI : les conseils et consignes du ministère de l’Education nationale aux enseignants suite aux attentats, sur le Portail national des professionnels de l’éducation