Les Outre-mer ont-ils besoin de l'état d'urgence?

Des militaires à Paris lundi matin, après que le président François Hollande a déclaré l'état d'urgence dans l'Hexagone et en Corse.
L'état d'urgence est prolongé en France hexagonale et en Corse. Les Outre-mer, en revanche ne sont pas concernés, ce qui suscite des réactions mitigées parmi les élus et les forces de l'ordre.
"Le bilan de ces attaques est d'au moins 200 croisés tués, et encore plus de blessés. La louange et le mérite appartiennent à Allah. Allah (…) a accordé à nos frères ce qu'ils espéraient: le martyre".

Ces mots glaçants à la gloire de Daech et des attentats de Paris sont prononcés par Fabien Clain. Ce djihadiste, qui revendique les attentats de Paris au nom de Daech, est Réunionnais. Originaire du Moufia, l'homme de 36 ans avait quitté son île pour l'Hexagone ou il s'est radicalisé.
 
Fabien Clain n'est pas un cas isolé. En avril 2015, un jeune Réunionnais d'origine mahoraise a trouvé la mort en Irak. Il combattait pour l'Etat islamique.  Quelques mois plus tard, cinq personnes sont arrêtées à Saint-Denis de la Réunion pour avoir aidé au financement d'un départ en Syrie ou encouragé le départ de jeunes recrues. C'était la première fois qu'une filière djihadiste était démantelée Outre-mer.
 
 

Une menace moins forte dans les Outre-mer

Pourtant l'état d'urgence ne se justifie pas Outre-mer selon les autorités.  "Les Outre-mer sont moins menacées par le terrorisme que les capitales occidentales a affirmé George Pau-Langevin ce lundi. A défaut, la ministre des Outre-mer l'assure, sur place la vigilance est de mise et le plan Vigipirate renforcé.
 
 
Une vigilance accrue, c'est aussi ce que prône le député de Guadeloupe Victorin Lurel. Même si, l'ancien ministre des Outre-mer le reconnaît, " tout est possible".
Motif de son inquiétude: la radicalisation et des filières qui transitent via "le Venezuela, Moscou et peut-être Cuba pour arriver à Antigues [et qui]  peuvent  arriver en Guadeloupe et en Martinique".

Ecouter Victorin Lurel au micro de Célia Clery pour Radio Outremer 1ere
 

 Des élus plus mitigés

Si la parlementaire réunionnaise Monique Orphée s'aligne sur la position du gouvernement, le député de Guyane Gabriel Serville, lui, demande que les spécificités de la Guyane et ses "kilomètres de frontières extrêmement perméables" soient entendues, et davantage de moyens alloués aux contrôles.
 
Samedi 14 novembre, au lendemain des attentats de Paris, trois hommes, possiblement syriens ont été arrêtés sur la partie hollandaise de Sint-Marteen avec de faux passeports grecs. L'un d'entre eux faisait l'objet d'une fiche S (signalement pour atteinte à la sûreté de l'état).
Le député martiniquais Jean-Philippe Nilor ne  cache pas son inquiétude. "Nous sommes aussi en danger.(…)  Il ne s'agit pas toujours protester contre un manque d'égalité. Mais avons-nous des éléments objectifs pour considérer qu'aujourd'hui nos peuples sont hors de portée des terroristes? Je ne crois pas".

 Ecouter Jean-Philippe Nilor au micro de Célia Clery pour Radio Outremer 1ere
 

Les policiers guadeloupéens en demande

 C'est également suite à cette récente arrestation sur l'île voisine de Sint-Marteen que des voix se sont élevées parmi les policiers de Guadeloupe. "L'état d'urgence permet du renfort en effectif sur le terrain, plus de vigilance et de perquisition", souligne Christophe Vainqueur, du syndicat FO Police au micro de Guadeloupe 1ere.
Les policiers de Guadeloupe ont déjà dans le passé protesté contre le manque de moyens qui leur sont alloués.  Le département est régulièrement classé parmi les plus meurtriers de France, et plusieurs associations ont dénoncé la facilité avec laquelle les armes y circulent.
 
Du coté de la gendarmerie Outre-mer en revanche silence radio:  on s'aligne sur la position de la ministre George Pau-Langevin et on s'abstient de communiquer.